Il existerait deux sortes de Burundais : ceux qui développent une vision passéiste de leur pays, et ceux qui se complaisent dans un présent sans grand avenir. Pour le blogueur Yves Irakoze, ces deux catégories de compatriotes ne pourront jamais contribuer au développement de notre pays. Dans cette analyse, le jeune blogueur nous appelle alors à tout réinventer à propos du Burundi afin de s’extirper du cercle vicieux dans lequel on s’est enferré.
Le Burundi se trouve donc empiété dans une crise politique depuis Avril 2015. Et pendant ces deux dernières années nous aurons tout vu. Des formules de ralliement pas très sympas, des alliances politiques de la carpe et de lapin, une flopée de menaces d’interventions militaires étrangères ( )…et au finish des centaines de morts, et des rivières rouge sang. Nous méritions certainement mieux. Sauf que le «mieux » également pose problème. En effet, la notion d’un Burundi meilleur est comme l’aiguille d’un voltmètre. Elle oscille entre un passé qui séduit toujours et un présent nombriliste.
À ma droite donc, ces Burundais qui ont l’impression que tout était mieux avant. Vous vous souvenez des dictatures militaires, des règlements de compte à la roulette russe entre « frères d’armes », des massacres en série dans la population civile tout ça tout ça ? Bon, évidemment ce n’est pas cela l’objet de leur nostalgie. Ils vous diront que « ouais avant au moins, on ne manquait jamais de quoi manger », « le boulot était tout ce qu’il y avait de facile à obtenir, même un lauréat de la sixième année devenait instituteur de la première année», « la bourse d’étude était largement suffisante, pas besoin de combiner études et boulot », etc. En fait si Donald Trump était Burundais, il serait partisan de son « Make Burundi proud again ». Voilà donc des gens qui réussiraient la prouesse de supporter une dictature militaire en échange de la promesse d’un Etat-providence…au 21è siècle!
À ma gauche, ceux-là qui ont l’impression que le Burundi est devenu un paradis sur terre sous le pouvoir Cndd-Fdd. Les nombreuses infrastructures publiques construites pendant les travaux communautaires, la gratuité des soins de santé pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, la sécurité qui règne sur tout le territoire… si cela n’est pas révolutionnaire! Ben, quoi? Il n’y a pas de recrutement pour les établissements sanitaires et écoles construits ? Les hôpitaux croulent sous le poids de dettes non encore payées? Vous…vous dites? On retrouve toujours des corps sans vie dans des rivières? Bon, pour cette troisième question déjà il faut savoir que « amatohoza yamaze gutangura » (les enquêtes ont déjà commencé) et puis pour les deux premières questions reconnaissons le pas déjà franchi. Voilà donc des gens qui restent bien au chaud quand des corps de concitoyens sont charriés par des cours d’eau et qui se félicitent que pendant dix ans de pouvoir le Burundi ait franchi « un pas ».
Penser autrement
Pour ma part, je pense que le Burundi meilleur ne pourra se construire que sur notre volonté de faire les choses comme jamais auparavant. Sur le plan politique, nous avons besoin d’une classe politique qui a vraiment pour vocation la gestion de la chose publique. Non des gens devenus politiciens par circonstances. Certains parce qu’ils étaient sous les drapeaux à une époque où le pouvoir se gagnait encore par les putschs, les autres parce qu’ils ont été persécutés dans leur propre pays et qu’ils ont dû résister, d’autres encore parce que le chaos issu des deux précédentes situations a constitué un tremplin pour les aventuriers et opportunistes en tout genre. Sur le plan économique, il faut avoir le courage de reconnaitre que les temps ont changé. L’Etat-providence n’a plus sa place. Nous devons faire en sorte que la bonne gouvernance ne soit plus qu’un vœu pieux, rassurer des investisseurs venus d’ailleurs par la mise en place d’un système politique stable fondé sur l’alternance politique et le respect des Droits de l’Homme. Mais surtout il faudra ajouter à cela une confiance accrue dans la jeunesse en termes d’opportunités de formation, d’affaires et de mobilité. Sur le plan social, l’engagement citoyen doit être une composante essentielle de la société Burundaise. Chacun dans sa communauté peut servir, agir, s’indigner de manière à améliorer les choses dans son entourage.
Construire un Burundi pareil est une tâche qui devra se faire sans repères. En effet, le Burundi meilleur, il faudra l’inventer.
Bravo M. Irakoze. Cependant, la politique menée quel que soit le pays est la base de confiance pour les investisseurs, la base de bons programmes de formation bref la base de tout développement économique et social. Dans les pays où la société civile est mûre pour s’intéresser à la chose publique, elle interpelle les politiques pour de meilleures orientations. S’agissant du Burundi, nos hommes politiques prennent mal les commentaires qui ne vont pas dans leur sens. Ils emprisonnent même leurs auteurs et cela ne date pas d’hier. Cette situation a engendré une société qui s’exprime difficilement et qui dit oui oui à tout ce qui sort de la bouche d’un chef. Nous nous retrouvons avec une majorité de citoyens qui ne souhaite que la paix et rien d’autre, qui ne souhaite que l’entente entre ces hommes politiques. En fait le citoyen n’attend presque plus rien de l’homme politique dans l’amélioration matérielle de son quotidien. Même s’il subit les conséquences de la mésentente entre politiciens, il n’a ni moyens ni force pour inverser la situation, du moins c’est notre sentiment à tous. Néanmoins, votre appel est sensé : « …Chacun dans sa communauté peut servir, agir, s’indigner de manière à améliorer les choses dans son entourage. » Pour améliorer les choses, le citoyen doit se sentir libre dans ses mouvements, la circulation des biens limpides ; l’accès aux services de l’Etat doit être facile parce que des autorisations sont nécessaires pour certaines initiatives. Vous comprendrez que le citoyen est limité quand le cadre politique n’est pas sein. Indignons-nous et préparons nous pour donner notre voix à ceux qui nous montreront comment ils vont mettre en place une gouvernance qui nous permette de nous épanouir socialement et économiquement.
@Masabarahisha
Je veux bien vous croire. Mais qui lit nos écrits sur internet ? 0,0099 des Barundi ? Les radios indépendantes qui diffusaient des avis et ou réflexions contraires de nos politiciens où sont elles ? Si l’opposition n’a pas de voix le parti au pouvoir aura toujours plus de 60% des voix parce qu’il a tout ce qu’il faut pour que les ruraux majorité de la population lui donnent les votes.
Je suis persuadé que notre pays ruiné par ses hauts dirigeant va submerger bientôt avec la prise de conscience de ces derniers. Eux-même font constat qu’avec l’amas de richesse qu’ils entassent dans des paradis fiscaux, ils continuent de froisser le burundi. Quand on parle avec eux ,ils avouent leurs actes malhonnette,là j’y vois quelques lueurs d-éspérance. il se peut que la Provindence Nous Libérera »