À travers le pays, des barrages hydro-électriques sont en construction. Un espoir de satisfaire la demande énergétique actuelle pour bientôt. Pourtant, le chemin est parsemé d’embûches. L’autosuffisance énergétique, est-ce vraiment possible ?
« Il y a de quoi être optimiste ». Cette affirmation est celle de la chargée de la communication à la Regideso. Et à priori, elle est fondée. Il suffit de jeter l’œil à Bururi avec la construction du barrage Jiji-Murembwe. En construction depuis 2019, les deux barrages promettent de nous servir 49,5 MW d’ici 2024. Il y a aussi la centrale électrique de Ruzibazi, à Rumonge qui promet 15 MW. Et d’ailleurs, il est censé être inauguré cette année. N’oublions pas Kaburantwa 16 à Cibitoke avec une production attendue de 20 MW. Elle devait être inaugurée en 2020, mais il faudra attendre la fin des travaux qui semble tarder.
Rusomo falls, est un autre barrage en construction pour le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie. Le Burundi y compte 26,6 MW. Cet ouvrage, qui était attendu en 2021, n’est pas encore fonctionnel. Des travaux sont toujours en cours. Il y a enfin (ce n’est pas exhaustif, car il y a Ruzizi III) Mpanda. Le barrage qui nous promettait 10,4 MW n’est pas sur le point de fonctionner ou d’être achevé. Le gouvernement qui s’était porté investisseur n’a pas réussi, et s’est résolu à appeler d’autres partenaires. En vain, jusque-là. Un semblant d’échec pour un projet qui était présenté comme symbole de souveraineté parce que financé par le seul Etat burundais. Je vous épargne ici le fait qu’il a coûté 54 milliards dont le sort n’est pas encore scellé malgré les promesses du président. Mais ça, c’est un autre débat.
Calendes grecques
Théoriquement, le Burundi est sur la bonne lancée. D’après la Regideso, à peu près 200 MW de production sont attendues si ces barrages sont tous construits et fonctionnels à l’horizon 2027. Une production qui s’ajoute aux près de 34 MW disponibles actuellement. Ici, nous ne faisons pas mention des 30 MW achetées à la société Interpétrole et qui nous coûtent les yeux de la tête.
Le hic, dans les faits, la situation n’évolue pas moins en dents de scie. La preuve, des barrages dont la construction avance à pas de tortue et d’autres qui sont carrément au point mort, ou la fin des travaux est des fois repoussée aux calendes grecques.
De plus, si la construction de ces barrages est à saluer, il y aura certes de la plus-value, mais qui n’est pas de nature à relever tous les défis. La Regideso le reconnaît par ailleurs. Ses services de la communication affirment que « les barrages en cours de constructions contribueront certes à un léger mieux, mais ne pourront pas relever tous les défis, en l’occurrence celui de l’extraction minière qui exige entre 250 et 300 MW ».
Selon le rapport de la Banque Africaine de Développement qui table sur une production qui devrait atteindre environ 600 MW d’ici 2030, le Burundi est loin de satisfaire la demande. Ce pessimisme, c’est aussi celui de Gabriel Rufyiri, président de l’OLUCOME, pour qui plus de dix ans viennent de passer sans que la construction de ces barrages ne prenne fin. Cet activiste anti-corruption pointe du doigt les magouilles dans les passations des marchés publics. Et d’appeler à plus de bonne gouvernance dans ce secteur.
Intéressant merci