Depuis plusieurs années, notre pays a bénéficié de l’aide publique au développement. Cependant, peu de citoyens comprennent cette expression ambiguë. Souvent, on pense que l’aide publique est gratuite. Pourtant, elle n’est pas un don au sens du terme. Explications.
Récemment, les Etats-Unis d’Amérique ont accordé au Burundi une aide de 400 millions de dollars américains pour appuyer le secteur de la santé, l’agriculture, l’éducation l’environnement. Certains médias ont annoncé : « Uburundi bwaronse imfashanyo buhawe na Reta zunze ubumwe za Amerika » (Notre pays a reçu de l’aide américaine).
Pourtant, l’aide publique au développement n’est pas un don au sens strict du terme comme certains le pensent et le disent. Ne vous lassez pas. Ce n’est pas sorcier, on vous explique.
En peu de mots, l’aide publique au développement est constituée de moyens de financement aux prix très avantageux par rapport au marché. Elle va du don pur et simple au prêt accordé à un prix plus avantageux, négocié entre le pays développé ou riche et le pays en développement.
D’ailleurs, il suffit donc qu’un prêt soit accepté à un taux inférieur à celui du marché pour qu’il soit considéré comme une aide, même s’il est ensuite remboursé jusqu’au dernier centime par le bénéficiaire. L’objectif derrière l’aide publique serait d’améliorer les conditions de vie de la population du pays bénéficiaire.
Deux grandes formes d’aides publiques
En effet, l’aide publique au développement peut être bilatérale ou multilatérale. Elle doit provenir d’une organisation étatique ou privée agissant pour son compte ou une institution internationale. Bref, lorsqu’un pays développé ou riche décide d’accorder une aide à un pays en développement, par l’intermédiaire des organismes internationaux créés spécialement pour ça.
Et la grande partie des aides publiques prennent la forme de dons. Ces transferts, effectués en espèces ou en nature ne sont assortis d’aucune obligation de remboursement. L’achat des biens et services qu’elle finance suivent les procédures d’appel à la concurrence internationale.
Par exemple, si le Burundi bénéficie d’une aide japonaise à travers le programme alimentaire mondiale (PAM) pour nourrir les victimes des catastrophes naturelles, il ne sera pas obligé d’acheter le riz aux producteurs japonais.
Néanmoins, il convient de souligner que les financements aux conditions de marché des institutions financières internationales de la part des organisation multilatérales ne sont pas de l’aide publique au développement.
L’aide bilatérale liée
Lorsque la Chine nous accorde une aide pour la construction d’une route goudronnée, cela ne signifie pas qu’elle est gratuite. Plutôt, elle est constituée des crédits d’aides ou dons liés.
D’une part, le pays donateur impose au receveur des conditions d’achat de biens ou des services en retour. Les marchés sont limités aux entreprises du donateur ou un petit cercle des pays. Ainsi, dans ce cas, l’argent reçu est dépensé dans le pays donateur ou ses alliées et sert ainsi à promouvoir les exportations ses entreprises.
Au bout de compte, ces aides permettent au pays bailleur d’accéder à des marchés et à des secteurs qui lui seraient sinon inaccessibles avec des conditions de financement de marché concurrentielles.
D’autre part, les aides liées permettent au bailleur à se créer ou à protéger des intérêts politiques, stratégiques, historiques ou culturels.
Et aide projets ?
Dans certains cas, l’aide veut réaliser quelque chose de palpable dans le pays bénéficiaire. C’est-à-dire qu’elle est affectée à une fin précise. Par exemple, elle peut viser à construire des routes, centrales électriques, réseaux téléphoniques, écoles, hôpitaux, réseaux d’eau et d’assainissement…. Il s’agit d’un projet ou d’un programme qui est en jeu.
Dans ce type d’aides au développement, le donateur contrôle chaque étape du projet, des études, des marchés publics, suivi des travaux et effectue parfois lui-même la dépense notamment le paiement des fournisseurs des biens ou des services.
Quid de l’aide budgétaire
Selon les objectifs du donateur, une aide publique peut-être n’est affectée à aucun projet. Ladite aide s’appelle aide hors projet. Cette dernière sert à financer le déficit budgétaire. Cela signifie que le pays bénéficiaire n’a pas assez d’argent pour financer ses projets de développement. Et cette aide peut- être générale lorsqu’elle n’est allouée à un secteur particulier comme la santé.
Dans la logique du donateur, l’aide budgétaire serait un apport en devises afin de permettre au pays bénéficiaire de financer les importations pour permettre à l’économie de continuer à tourner.
Des fois, l’appui budgétaire est lié, dans la mesure où il ne finance que des importations en provenance du pays bailleur de fonds.
Quand on annule une dette, on parle d’une aide accordée !
Au Burundi, les amis se font de crédits. Quelques fois, l’affaire tourne mal et le débiteur ne rembourse pas. Pour garder l’amitié, le créditeur dit : « Ndayahevye. Urayifashisha, ndabona ko ufise ingorane.» c’est le même principe qu’appliquent les bailleurs de fonds. Lorsqu’un pays échoue à rembourser un prêt, le pays donateur ou une institution internationale annule la dette. Nonobstant, le bénéficiaire de l’annulation de la dette doit souvent orienter cette aide dans les secteurs sociaux, l’éducation, santé…