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Abahabara, l’autre combat

Comme tous les vendredis, à 9h heures tapantes, les gratteurs de papier de Yaga se sont réunis pour échanger à bâtons rompus sur ce qui a fait l’actualité du pays de lait et de miel. Sale temps pour les ‘’bahabara’’ (les concubines), ‘’Kwa Mukono’’, le lieu emblématique de Buyenzi fermé, une femme qui mord le pénis de son mari à Cibitoke, voici l’actualité de la semaine vue par les blogueurs de Yaga.

Le gouverneur de Ngozi a sorti la grosse artillerie : 237 concubines des 9 communes ont été chassées. On pourrait l’accuser de tout mais sûrement pas de faire dans la demi-mesure. Il se donne jusqu’à la fin du mois pour qu’il n’y ait plus de concubines dans sa province. La Première dame a même félicité le gouverneur de Ngozi pour cette initiative, ce qui laisse penser que l’intéressé va doubler d’efforts pour atteindre son objectif. Dans la foulée, Kayanza a emboîté le pas à Ngozi. Plus d’une centaine de celles qu’on qualifie de concubines avait été chassée vendredi. Mais que de questions et encore des questions !

Si cette opération coup de poing est bien lancée, on ne peut s’empêcher de se poser des questions. On dit qu’elles ont été chassées, mais elles sont allées où ? Elles ne se sont pas volatilisées de la surface de la terre. « Ntawuhomera iyiyonka ». Ce proverbe Kirundi signifie approximativement qu’il est difficile d’empêcher une personne déterminée d’agir. Elle trouvera toujours un moyen de braver tous les obstacles. Est-ce que les concubines seront arrêtées quand elles seront trouvées en train de discuter avec leurs anciens partenaires ? Un des collègues a comparé la situation à celle des hôtels qui n’accueillent pas les couples non mariés légalement. Comment font-ils pour s’assurer que ceux qui ont des chambres contiguës ne couchent pas ensemble ? Postent-ils un vigile devant leurs portes toute la nuit ? Et si un homme de Ngozi entretient une concubine à Bujumbura, est-ce que le gouverneur va sévir ? 

L’homme, cet enfant de chœur 

Dans cette soudaine croisade, le doigt accusateur est pointé vers les femmes taxées de concubines. Seulement elles ne se ‘’concubinisent’’ pas toutes seules. Leurs partenaires semblent échapper à la vindicte populaire. Dire que les concubines sont des êtres malfaisants, juste bon pour inciter les hommes à dilapider leurs biens n’est pas seulement simpliste, cela déresponsabilise et dédouane les hommes qui deviennent donc des enfants de chœur, corrompus par ces horribles concubines.

 Let turn the question in another way (un peu d’anglais n’a jamais tué personne). Et si c’est la femme qui entretient un concubin, qui sera chassé ? Pourquoi ce serait les hommes qui gouteraient seulement au fruit défendu du concubinage ? Si c’est la femme qui entretient un bon gars dans un quartier de Bujumbura, va-t-il lui aussi être chassé ? Avouez que la situation est cocasse. Quand c’est un homme qui entretien une relation extraconjugale, on dirait que c’est de la bravoure alors que quand il s’agit d’une femme, c’est l’opprobre. 

Utiliser un marteau pour tuer une mouche ?

Nous sommes conscients que les pouvoirs publics doivent tout faire pour juguler les troubles sociaux, quelle que soit leur nature. Mais utiliser un marteau pour tuer une mouche n’est pas la bonne solution. Le pays s’est engagé dans la régularisation des couples vivant en union libre depuis quelques années. C’est important de formaliser sa relation pour la famille et la descendance. Néanmoins, résoudre les problèmes causés par des phénomènes sociaux, demande de la prudence, du doigté. Il ne faut pas amener une solution qui soit pire que le problème posé. Il ne faut pas non plus utiliser un marteau pour tuer une mouche. 

Certes, la loi punit le concubinage. Seulement, « Les hommes, avec des lois sages, ont toujours eu des coutumes insensées », a dit Voltaire. Creuser pour comprendre le phénomène qu’on veut éradiquer dans toutes ses dimensions nous paraît plus sage.    

En rire ou en pleurer ? 

Bien avant cette actualité chaude de Ngozi, une autre non moins intéressante avait fait les choux gras sur les réseaux sociaux. La fermeture de l’endroit appelé « Kwa Mukono », à la 24 avenue de Buyenzi. Il paraît que c’était un lieu de ‘’débauche’’ et de proxénétisme. C’est le maire de la ville de Bujumbura qui a décrété lui-même la fermeture. On a découvert, ahuris, que les petites chambrettes de passe portaient les noms des occupantes. Un des mécanos de Buyenzi, avec qui je discutais de cette histoire, m’a d’abord demandé si moi aussi, j’allais ‘’acheter’’ là-bas. Puis il a dit laconiquement : « Acha bwana, ibintu bigiye kuzimba ».  C’est tout ce que j’ai pu tirer de lui avant de partir. 

L’actualité croustillante, c’est aussi une femme de la province Cibitoke, quartier Social qui a failli sectionner le pénis de son mari avec les dents. Alors qu’ils se battaient, parce que l’homme voulait emmener avec lui l’enfant qu’ils ont eu ensemble, la femme l’a plaqué au sol avant de mordre son sexe. C’est fou ce que les gens peuvent s’emporter et commettre des actes insensés dans des moments de colère. 

 

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