Alors que les réseaux sociaux regorgent de mèmes et de témoignages banalisant l’infidélité masculine, une génération de jeunes femmes se retrouve paralysée à l’idée de s’engager dans le mariage. Pour beaucoup, tromperie rime désormais avec routine. À travers ce récit d’une jeune fille terrifiée à l’idée de se marier, on ne peut s’empêcher de se poser une question purement rhétorique : depuis quand l’infidélité est-elle devenue un truc aussi banal?
Je discutais récemment avec Sandra, 25 ans, belle et pleine de vie, mais avec une peur qui la ronge de l’intérieur : le mariage. « Honnêtement, pourquoi je me marierais ? », me lance-t-elle. « Tout le monde, même mes amies mariées, semble accepter le fait que leurs hommes les trompent. Certains osent même déblatérer, sans honte aucune, que si au moins le conjoint ne te frappe pas, c’est déjà bien.» Elle rit, mais son regard trahit l’inquiétude.
Ah, le mariage ! Autrefois vu comme la consécration de l’amour et de la fidélité, voilà qu’il est devenu un terrain miné d’incertitudes pour beaucoup de jeunes femmes comme Sandra. Et pour cause : l’infidélité semble s’être sournoisement faufilée dans nos vies avec la même discrétion qu’un DM (message privé) sur Instagram. De nos jours, tromper n’est plus tromper, c’est devenu presque normal. Un « glitch » dans le système relationnel que tout le monde semble accepter.
Nouvelle norme ?
Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour comprendre pourquoi Sandra et tant d’autres hésitent à franchir le cap. Mèmes, tweets, vidéos TikTok… tout y est pour faire croire que l’infidélité est un fait inévitable dans le parcours d’un homme. « Les hommes sont comme ça, c’est dans leur nature », disent certains, comme si leur ADN était programmé pour tromper. Pire encore, la culture du « au moins, il ne te frappe pas » a trouvé une place confortable dans notre quotidien. Comme si le fait de ne pas subir de violences physiques justifiait toutes ces autres petites trahisons.
Pour les jeunes femmes, l’équation devient de plus en plus simple : soit tu acceptes qu’il te trompe, soit tu restes célibataire. Les statistiques d’infidélité ? Elles ne sont plus un secret. Mais là où cela devient insidieux, c’est quand cette infidélité est banalisée à un point où on en parle comme d’un mauvais rhume, un désagrément temporaire pas assez grave pour sonner l’alarme.
« Avant, j’avais des rêves de robe blanche, de lune de miel, mais maintenant… », confie Sandra en haussant les épaules. « J’ai juste peur d’être cette fille qui découvre, après un an de mariage, qu’il envoie des messages à une autre fille. Et le pire, c’est qu’on me dira que c’est normal. » Un soupçon d’humour s’échappe de sa voix derrière ce ton léger. Il y a une tristesse palpable, une résignation qui en dit long sur sa conception des relations modernes.
Le mariage ne fait plus rêver
Quand a-t-on décidé que tromper n’était plus tromper ? Quand la fidélité est-elle devenue un luxe que seules certaines chanceuses peuvent encore espérer ? Certes, il y a toujours eu des infidélités, mais la différence est que jamais auparavant elles n’avaient été si ouvertement acceptées, voire même encouragées.
Et que dire aux jeunes femmes comme Sandra, qui craignent plus l’infidélité que le statut peu valorisant de vieille fille ? Leur dire qu’elles exagèrent, qu’elles devraient faire avec, tant qu’il n’y a pas « d’atteinte physique » ? Ou alors, leur rappeler que la fidélité, malgré ce que disent les mèmes, est encore possible ?
Le mariage, au final, ne devrait-il pas être un lieu où la confiance prime sur la peur, où la fidélité est encore un acte d’amour et non un acte de résistance ? À Sandra et à toutes les autres, on pourrait dire : n’abandonnez pas encore le rêve. Parce que si tromper n’est plus tromper aujourd’hui, peut-être qu’on peut encore espérer que demain, la fidélité restera l’unique preuve d’un amour véritable, celui qui est synonyme de générosité envers l’autre.