La fièvre de la vallée du Rift secoue le Burundi. 464 vaches sont déjà atteintes. Il y a deux mois, le Burundi, comme d’autres pays de l’EAC, avait reçu l’alerte pour cette maladie. Le pays s’est-il mieux préparé ? Que faire pour faire face à cette zoonose ? Analyse.
C’était le 9 mars 2022. Le secrétariat général de la Communauté de l’Afrique de l’Est mettait en garde les Etats membres à prendre des mesures appropriées pour prévenir et répondre aux épidémies de fièvre jaune et de fièvre de la Rift Valley. Le secrétaire général adjoint de l’EAC, en charge des secteurs productifs et sociaux, appelait les pays de l’EAC à renforcer la surveillance, le contrôle et la vaccination du bétail dans les pays. Interrogé sur ce qui a été fait de cette alerte, un responsable provincial des services vétérinaires à Gitega n’a pas pu répondre. Et voilà, depuis fin avril, la fièvre de la vallée du Rift est dans nos murs.
La restriction du tout mouvement pour les ruminants et l’interdiction de leur abattage vient d’être prise. Des conséquences socio-économiques sont inévitables. « Certaines vaches sont mortes, il n’y a plus de marché du bétail, plus de viande dans les cabarets de certaines provinces, en plus de la méfiance des habitants à la consommation du lait », confient certains éleveurs et commerçants de Gitega qui enregistrent d’énormes manque à gagner.
Quid de l’état de la riposte ?
La réponse se trouve dans l’indice mondial de sécurité sanitaire, édition 2021. Alors que cet indice montre la capacité des pays à prévenir, dépister, riposter et prendre en charge ce genre d’épidémie tant sur les humains que sur les animaux, le Burundi est à la 181èmeplace sur 195 pays, avec 22,1 % pour une moyenne mondiale de 38,9 %. Par rapport à 2020, le Burundi a perdu quatre places puisqu’il était à la 177ème place. Par rapport à l’EAC, le Burundi est avant-dernier devant le Sud Soudan qui est à la 185ème place. Dans la sous région, le Kenya occupe la 84ème place, l’Ouganda, la 90ème place, le Rwanda est à la 113ème place, la Tanzanie, 124ème place et la RDC n’est pas mieux placée, à la 167ème place.
En entrant en détail, parmi ces 195 pays, le Burundi est classé à la 146ème place dans la prévention de l’émergence d’agents pathogènes, à la 154ème place quant à la détection précoce et la notification des cas dans les épidémies, à la 184ème place pour la riposte rapide et maitrise de la propagation d’une épidémie, à la 179ème place pour un système de santé humaine et vétérinaire solide pour faire face à une épidémie, à la 159ème place pour l’engagement du pays à renforcer les capacités nationales, le financement et le respect des normes.
Pour illustration, face l’épidémie en cours, le directeur général de la santé animale au sein du ministère de l’Élevage a indiqué que des campagnes de sensibilisation et de vaccination vont bientôt commencer, cependant a-t-il expliqué, ils attendent toujours des financements.
Que faire alors ?
Avec cette alerte de l’EAC, l’épidémie aurait pu être prévue et évitée de provoquer des perturbations sociales et économiques. Pour ne pas répéter la même erreur, et vu les chiffres de l’indice de sécurité sanitaire qui ne rassurent pas, le règlement sanitaire international de 2005 peut servir de repère.
La préparation à ce genre d’épidémie se fait à l’échelle nationale. Elle exige des systèmes de santé animale solides et résilients, pour assurer les soins primaires, faciliter la détection des épidémies, fournir les soins essentiels et soutenir le déploiement des vaccins et autres contre-mesures médicales. Il faut aussi un réseau d’agents communautaires de santé animale équipés de Kits vétérinaires, des systèmes de surveillance et renforcer la capacité de dépister les zoonoses du laboratoire national et clinique vétérinaires de Bujumbura, rehausser le financement du secteur de la santé animale et humaine dans le budget national, et rehausser aussi le nombre de médecins vétérinaires qui sont encore très peu au Burundi selon l’ordre des médecins vétérinaires du Burundi.