Pour ceux qui fréquentent les restaurants de Bujumbura, vous n’avez pas été sans remarquer au moment du buffet cet homme en toge blanche, louche à la main, posté à côté du plat de viande. Quelles sont les raisons et les conséquences qui se cachent derrière cette pratique ? Le blogueur Hugues Safari a interrogé les restaurateurs.
Ne globalisons pas. Les lieux de restauration n’ont pas tous cette rigueur sur la viande. Si certains préfèrent laisser le champ libre aux clients de se servir autant de morceaux viande qu’ils veulent (mais avouons-le, ils sont très peu), d’autres sont plus regardant et se dédouanent en parlant gestion. Pour le cas de Kabo Restaurant, c’est avant tout question du prix de la viande sur le marché car celui-ci est cher plus que tous les autres plats servis. « Les gens prennent beaucoup de morceaux alors qu’elle est chère et pas proportionnelle au prix du buffet (5000francs bu) », confie la responsable du resto. Pour elle, il faut bien avoir un contrôle sur ce qui entre et sort car en business, ce sont les chiffres qui donnent raison.
Gretta Ntungane fréquente parfois les restos de la capitale mais trouve que cette idée de positionner quelqu’un sur le seul plat de viande « ternit d’une manière ou d’une autre l’image des restaurants ». Dans son entendement, si on veut faire payer selon le vrai prix de la viande, il faudrait alors prévoir une certaine communication adéquate, par exemple des affichettes ou petites notes aux clients, indiquant que le prix va augmenter à partir de deux morceaux de viande servis.
Évolution
Quelque part sur l’avenue du 1er novembre, se trouve un restaurant dont le nom s’accroche fanatiquement pour l’instant sur la spécialité de son gestionnaire, « Steve gâteau ». Pour ce pâtissier reconverti en restaurateur, « ça sonne comme une humiliation envers les clients de positionner une personne sur le plat de viande. Pourquoi les priver de ce qu’ils veulent s’ils en ont envie et l’argent pour payer ? »
Il préfère alors facturer ses clients selon la quantité de viande servie et ceci après qu’ils aient terminé de manger. Pour lui, « cela relève du respect et tant pis si la viande se termine avant que tout le monde soit servi ».
Mais cette méthode ne marche pas pour d’autres restaurants. Comme le souligne la gestionnaire de Kabo Restaurant, « ceci demanderait une grande supervision qui requiert à son tour l’augmentation de l’effectif des employés et du coup d’autres coûts additionnels sur le menu.»
La communication, le grand remède
Pourra-t-on alors arriver un jour à « démystifier » la viande dans les restos ? Bien sûr. Et ce, par une éducation communicationnelle, c’est-à-dire amener les gens à être informés par des messages rapidement identifiables sur chacune de vos particularités.
Bref, chers restaurateurs, évitez de nous mettre mal à l’aise chaque fois qu’on fréquente vos établissements. Il est vrai que les plats carnés sont nos préférés, mais pas assez pour nous faire oublier notre « Ubuntu ». Si on entre dans un restaurant, c’est pour payer ce qu’on a consommé et non manger sur votre dos.
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