Une nouvelle année s’annonce, et avec elle, l’espoir d’un renouveau. Comme la blogueuse Bella Lucia Nininahazwe, nombreux sont les Burundais à penser ainsi. La jeune femme fait le point sur les deux années qui viennent de s’écouler, et demande un peu plus de clémence pour l’année 2017.
Cher nouvel an, ne soit pas méchant comme 2015 l’a été, cette année où j’ai regretté ma naissance. Je pleurais les miens à cause des violences. J’étais presque toujours enfermée à la maison guettant la fin des rafales. Je n’avais nulle part où aller. Il m’arrivait de passer des nuits blanches à cause du bruit des balles qui ne cessaient d’emporter mes amis, mes connaissances,… Je vivais la peur au ventre, surtout quand j’ai appris que presque tous les amis du quartier avaient fui le pays. Et quand un ami était fauché, j’étais convaincue que je serais la suivante. Mes rêves étaient ajournés, j’attendais ma mort. Laisse-moi t’épargner les journées que j’ai passées sans rien me mettre sous la dent, obligée de rester couchée par terre pour échapper aux salves incessantes de coups de feu.
L’accalmie
2016 s’est annoncée assez plus gentille. Avec un climat plus propice et une humeur rassurante. J’ai commencé à me lever malgré mes découragements. Je devais avancer malgré tout. Ainsi j’ai essayé de bien collaborer. Acceptant les conditions si dures : me promener avec un ID et avoir un job pour mériter de vivre à Bujumbura , accepter les innombrables fouilles perquisitions, ne pas m’énerver quand j’étais bloquée des heures par le passage des autorités. Mes urgences ? On s’en fout ! Avec 2016, j’ai appris à ne pas plus demander où est passé mon oncle et à continuer de survivre ainsi, de payer des frais pour accéder à un service X malgré la gratuité officielle. Bon c’était dur mais je m’y suis mise. Parfois il faut t’humilier pour survivre. Mais cette vie si chère va finir par m’emporter. Heureusement tu viens nouvel an, plus serviable que 2016 peut-être. Je crois enfin en la libération.
Un peu de clémence
En 2017, j’attends le meilleur. En 2015 j’étais à l’agonie, j’attendais ma dernière heure. 2016 m’a réanimé et m’a redonné envie de vivre. Malgré sa gentillesse, 2016 ne m’a aidé qu’à survivre. S’il te plait, je ne veux plus survivre, je veux vivre mes rêves, je veux vivre ma passion. Je veux développer mes talents et être utile à mon pays. Epargne-moi ces disparitions qui me traumatisent et qui me hantent la nuit. S’il te plait, fais que mon salaire puisse couvrir mes dépenses et me laisse un petit surplus. Sois gentil avec ces milliers de jeunes refugiés qui aimeraient retourner dans leurs pays pour poursuivre leurs études et leurs rêves. Je ne veux plus être une paumée mais une « gagnante ».
Soit ma meilleure collaboratrice chère nouvelle année.