Les enfants en situation de rue sont de plus en plus nombreux. Tous font des pieds et des mains pour survivre. Dans leur quête de nourriture, il n’est pas rare qu’ils rencontrent de bons samaritains. Mais en vrai, ils ne sont pas toujours animés de bonne volonté. Certains hommes tentent d’assouvir leurs besoins sexuels sur de petites filles en échange de ce qu’elles demandent.
Malgré son beau petit sourire, Sonia (pseudonyme), du haut de ses 12 ans en a vu de toutes les couleurs. Elle vient d’une famille de 7 enfants avec un père qui n’a jamais sorti un seul sou de sa poche pour nourrir sa progéniture et une mère maladive et à bout de souffle.
C’est comme ça que Sonia s’est retrouvée à passer de portail en portail pour voir si elle peut trouver de l’aide. « Tu sais, sans moi ils crèveraient tous de faim », répond-t-elle quand nous lui demandons pourquoi elle mendie.
Ces hommes, des anges aux ailes de Satan
Sonia, pour nourrir sa famille, va de maison en maison en demandant de la nourriture. Une aventure périlleuse, selon elle, car les propriétaires étant au travail, ce sont les travailleurs domestiques qui la reçoivent. « C’est souvent la même proposition : une partie de jambes en l’air contre de la nourriture, de l’argent, etc. », fait-elle savoir.
Et un homme en particulier l’a traumatisée. Elle nous raconte :
« Un jour, je sonne à une porte. L’homme qui m’ouvre, plein de gentillesse au début, me demande d’entrer pour qu’il m’apporte du pain. La faim au ventre, j’accepte immédiatement et l’attends assise sur un bloc-ciment, dans le parking des voitures de son boss.
Une grosse peur monte en moi. Dans ma tête, je me dis que dès qu’il me donne le pain, je lui demande d’ouvrir que je puisse sortir et finir le pain dehors en marchant. Ah ! Si tu avais vu comme il me regardait, tu aurais aussi compris qu’il n’était pas si gentil que ça. Il revient avec un pain bien frais qu’il me tend. Juste après, le pervers demande de remonter ma robe qu’il puisse voir. Mais qu’il puisse voir quoi exactement ? J’ai évidemment refusé mais ça ne lui a pas plu.
Il m’a prise par force sur mes épaules, essayant de m’embrasser. Je l’ai menacé en disant que s’il ne me lâchait pas tout de suite, j’allais crier. Il a craint que les militaires devant la maison d’à côté m’entendent et m’a relâchée. Depuis lors, je fais des cauchemars, où je vois l’homme en question en train de me poursuivre, je ne sais pas quand ça va se terminer. »
Vers qui se tourner dans ce cas ?
A Bujumbura, il existe plusieurs centres d’accueil pour les enfants vulnérables sur différents plans : des orphelins, des sans-abris, des enfants abandonnés par leurs parents, etc. Par exemple, l’organisation JSBM (Jeunesse au Service d’un Burundi Meilleur) /NANJENOBAHO accueille cent enfants par an. Elle les nourrit cinq jours sur sept, leur trouve des familles d’accueil pour ceux qui n’en ont pas et suit leur scolarisation pour ceux qui étudient. A travers leur programme d’autonomisation et valorisation des talents, chaque jeune choisit ce qui lui plaît comme petit métier et se consacre donc à cela.
Si un enfant en situation de rue venait à être abusé sexuellement, l’organisation est toujours disposée à lui apporter une assistance médicale, psychosociale et juridique. Elle peut même solliciter l’aide d’autres associations comme les centres Seruka, Giriyuja, PPSM (Plateforme des intervenants en Psychosocial et en Santé Mentale).
Elles sont nombreuses à Bujumbura, les organisations qui luttent pour le bien-être des enfants en situation de rue. Cependant leur efficacité reste à questionner. Qu’en est-il des autres provinces du pays ?