Les travailleuses du sexe sont souvent mises au ban de la société. Elles sont les grandes oubliées des organisations luttant pour les droits de la femme, le politiquement correct oblige. Cependant, derrière les strass et les paillettes, tout n’est pas rose.
Petite intrusion dans la vie de celle que nous appellerons Betty par respect pour son intimité. Betty est travailleuse de sexe dans un quartier populaire de Bujumbura. La vingtaine passée, elle vit de la sueur de sa … vous avez bien compris. Son métier, le plus vieux du monde, comme on dit, n’est pas une Dolce Vita.
Les scènes des Cinquante nuances de Grey feraient figure de romantiques face à ce qu’elle endure. « Il n’est pas rare que mes clients m’ordonnent carrément d’assouvir tous leurs fantasmes. Fellations forcées, rapports non protégés, je suis la proie de leurs pulsions les plus bestiales. Certains croient qu’avec leur argent ils peuvent tout se permettre », révèle la jeune fille, avant de renchérir, stoïque : « Mais bon, je dois accepter souvent cela pour avoir de quoi vivre ».
Sur la question de savoir si son cas serait isolé ou si ses sœurs de métier sont dans les mêmes conditions, les dires de Betty font des violences basées sur le genre une routine que chaque travailleuse de sexe côtoie au quotidien.
Des violences, en silence !
À vingt trois heures passées, à la neuvième avenue de Bwiza, le travail commence pour Eliane. La journée, la jeune femme de trente ans est vendeuse d’unités et cartes de recharge. Pas suffisant pour s’acquitter des frais du loyer et du minerval de son fils issu d’un mariage qui n’a pas duré. Le soir, elle vend ses charmes.
Faire l’amour tous les soirs, la formule semblerait douillette. Elle ferait rire Eliane. « C’est, comment dire…se trahir chaque jour », dit-elle entre deux régalades de Bechou. Eliane, c’est ce qu’on appellerait une travailleuse de sexe low coast. Sa clientèle recense des mauvais payeurs, parfois multi récidivistes. En parlant d’eux, elle ponctue ses récits de plusieurs mxiuh accompagnés de hochement de tête.
Une rescousse ? Eliane ne se fait pas de films: « La plus grande folie serait par exemple d’aller se plaindre chez un policier qui serait dans les parages. Une de mes amies l’a fait un jour et a eu le malheur de tomber sur un ripou qu’elle a fini par soudoyer, faute de quoi elle allait atterrir en taule ».