Les nouveaux mariés sont souvent emportés par les tourbillons de l’amour et les fruits de leurs passions ne tardent pas à se manifester. Parfois, les tourtereaux se retrouvent avec une ribambelle d’enfants qu’ils ne souhaitaient pas au départ. Méthodes contraceptives ? Ce n’est pas toujours évident. Les jeunes mamans peuvent parfois être vite déboussolées. Témoignage.
Mon mari et moi sommes dans une course. On court après quoi ? Je ne sais pas. Mais on accélère quand même. Deux ans de mariage, deux enfants déjà. Non, ce ne sont pas des jumeaux. Mais bientôt mes voisins auront du mal à faire la différence. Demain, je ferai face à leurs questions et étonnements suggestifs. Faut-il encore que ce demain arrive.
Mon corps réclame une trêve
Bien que le désir de « courir » gronde, mon corps réclame une trêve. Mon aîné a 23 mois et la petite dernière en a 5. Je vous laisse à vos calculs. Moi le seul calcul qui me taraude en ce moment est celui de savoir comment faire pour que mon partenaire sache se retirer avant que l’étoile filante ne se transforme en une vie. Eh oui, j’ai 31ans mais je suis de la vieille école. Catholique jusqu’à la moelle, je n’accepte que la méthode naturelle. Ma foi me le recommande ainsi. Serait-elle plus explicite au sujet de la contraception ? Pas que je sache encore.
Néanmoins, dans notre dérive de joie, il est arrivé qu’un Usan Bolt nous échappe et franchisse la ligne d’arrivée. Alors que le premier bébé n’avait que 9 mois et marchait à peine, un autre commençait déjà à me filer des coups de pieds dans le ventre. Entre les malaises de tout genre, le ménage et l’humeur grincheux du petit qui, peut-être, se sentait moins gâté (alors qu’il en avait encore le plein droit), ce fut un vrai combat pour arriver à terme de ma grossesse.
« Quand ils se mettent tous à pleurer, c’est une vraie chorale ! »
« On va attendre jusqu’à ce que celui-ci ait au moins trois ans avant d’en avoir un autre », nous étions-nous convenus quand le premier pointait son nez deux mois après notre mariage (j’espère que vous aviez bien fait vos calculs). Hélas, notre méthode ne nous est pas restée fidèle. Et voilà que je devenais « maman double ». Une maman aux nuits ponctuées d’ineffables insomnies.
« Tu n’es pas la seule mère à avoir une paire de gosses », me direz-vous. Je vous l’accorde. Et je ne m’en plains pas. Mais pour moi, qui étais habituée à ne prendre soin que de moi-même, atterrir dans un monde où je devais prendre soin de deux êtres si fragiles me terrifiait. Certes, un enfant est un véritable don vivant de l’amour dans les bras d’une mère. Cela n’empêche pourtant pas qu’il vous mette à l’épreuve si vous n’êtes pas préparé à l’accueillir.
Par-dessus la fatigue accumulée au travail, je dois laver et allaiter la petite pendant que je nourris à la cuillère le premier. Et quand ils se mettent à pleurer, c’est une vraie chorale ! Mon mari m’épaule parfois du mieux qu’il peut. N’empêche que cela reste un travail de titan. J’ai l’impression d’être réclamée partout sans jamais en faire assez. Tout ça pour avoir cru qu’on pouvait se fier à nos corps et défier la loi de la nature.
Mettez-la !
J’ai dû mettre de côté mes convictions religieuses. J’ai exploré désormais d’autres méthodes dites modernes. Cependant, une petite voix trotte dans ma tête :« Ai-je failli à ma foi ou ai-je enfin ouvert les yeux ? ». Le jour des noces, on savait évidemment que ce qui fut interdit est désormais permis. Mais quant à la méthode raisonnable de savourer ce délice sans ouvrir les portes d’une procréation non maitrisée, on reste perplexe. Je vis maintenant avec ce doute mais la hantise de tomber enceinte à chaque coup prend le dessus. Alors, je me suis résolue à la mettre…ou à l’avaler, enfin, peu importe.