article comment count is: 2

#ShareYourOwnStory : le silence n’a que trop duré !

#ShareYourOwnStory est un compte Instagram, une plateforme pour que les victimes de viol, violences sexuelles puissent raconter leurs tragiques histoires anonymement. Au-delà, l’État devrait même durcir les mesures sanctionnant le crime de viol. Il est temps que la peur change de camp, il est temps que la femme burundaise soit respectée.

En me réveillant, je vais comme toujours me balader sur les réseaux sociaux pendant 15-20 minutes avant de quitter mon lit. Depuis peu, une page Instagram est devenue virale. J’avais personnellement choisi de ne pas la suivre. Mais à force de voir les partages des récits des victimes, je m’y retrouve presque chaque jour à lire et à pleurer, à me questionner devant des horreurs qui y sont décrites. Un post en particulier attire mon attention. Mais ce dernier fait seulement ressortir le caractère d’une culture patriarcale, violente et perverse qui ne respecte pas les droits de la femme.

Je salue l’initiative de la personne derrière le compte. On avait besoin de briser le tabou autour des violences sexuelles que subissent les filles/femmes au quotidien. Et je ne minimise pas les violences qu’ont pu subir les hommes mais les femmes sont les plus touchées et surtout les moins protégées. En 2009, le centre Seruka a enregistré 1490 victimes, dont 95% des femmes. Le silence n’a que trop duré, on a besoin de faire mieux que les générations passées. Certaines histoires te font détester l’humanité ou douter que certaines personnes aient des âmes ou des cœurs. Et ce compte m’a fait cet effet-là dès le début, d’où le choix d’essayer de l’ignorer. C’était pour une paix intérieure et je sais que beaucoup de gens ont du mal à lire ces récits. Mais en ignorant le problème ou en n’écoutant pas le récit des victimes, j’ai eu l’impression de nier leur traumatisme et d’être comme tous ces parents qui ont mis la tête dans le sable. Ces récits sont touchants, tristes, violents mais surtout tellement réels que j’ai l’impression d’avoir vu ce genre de comportements honteux dans mon propre entourage. 

Des vies de gosses détruites par des hommes matures, conscients de l’acte ignoble qu’ils commettaient. Des enfants qui, avec la boule au ventre, voyaient entrer un oncle, ou allaient visiter un ami de la famille, allaient à l’école pour revoir le même agresseur pendant des années. Je vous laisse imaginer deux secondes l’état mental, sentimental de ces victimes au quotidien. Et pire, certaines victimes ne savent même pas ce qui leur arrive tellement elles sont jeunes ou tout simplement ne peuvent pas imaginer cela venant d’un proche. Parce que oui, la majorité de ces agresseurs font partie de la famille de la victime ou de leur entourage. Une enquête de la ligue Iteka de 2004 révèle que 63,2% des viols sont commis par des proches et des voisins. 

Ce qui reste écœurant à mes yeux, ce sont les parents qui préfèrent “sauver l’honneur” de la famille plutôt que de dénoncer ces pervers. Allant jusqu’à traiter leurs enfants de menteurs ou d’avoir « provoqué » ces hommes. Je suis vraiment désolée de le dire mais certains parents ne devraient pas avoir le droit de garder leurs enfants. Toutes ces filles méritent un gardien qui pensent à leur bien-être avant un supposé honneur. Comme s’il y avait un honneur à protéger un violeur. La société burundaise a toujours eu des tendances un peu louches sur les bords mais là, on en a marre ! (oui je me permets au nom de toutes les femmes). Je vous rappelle qu’un beau-père avait le droit « d’avoir des rapports sexuels » ( j’aurais dit de violer) sa belle-fille en l’absence de son mari. Ceci n’est pas le sujet, je veux juste qu’on comprenne tous comment la femme était vue dans le Burundi ancien. 

Viols conjugaux

Revenons à l’une des publications. C’est un article du code pénal du Burundi datant de 2009. Celui-ci parle de la condamnation dans le cas d’un viol conjugal. Et tenez-vous bien : Il est punissable d’un emprisonnement de huit jours et/ou d’une amende de 10 000 à 50 000Fbu. En tant que femme, je suis outrée, choquée par une mesure aussi légère pour punir et lutter contre le viol conjugal. Et on s’étonne que les femmes surtout Burundaises ne veuillent pas en parler et dénoncer leurs agresseurs puisqu’ils ne vont se prendre qu’une seule petite semaine pépère et/ou une petite somme mer***( excusez mon langage) de 50 000Fbu tout au plus. Le viol conjugal n’est pas vraiment perçu comme tel mais plutôt comme question de “devoir conjugal”. La plupart des pays le perçoivent vraiment comme un dû puisque notre monde reste sous le joug du patriarcat. Ceci est une parenthèse mais tout cela pour dire que même après avoir été agressées pendant leur jeunesse, des femmes mariées continuent de vivre ce calvaire.

Je ne sais vraiment pas comment, par où commencer, ni à qui m’adresser pour demander au gouvernement de revoir ces sanctions. On parle de viol et il est temps de le qualifier surtout de le sanctionner tel qu’il est, de durcir la loi s’il le faut. De mettre en  place des institutions psychologiques pour les victimes de viols et agressions sexuelles. Il est temps que l’on valorise la femme burundaise.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (2)

  1. « Je vous rappelle qu’un beau-père avait le droit « d’avoir des rapports sexuels » ( j’aurais dit de violer) sa belle-fille en l’absence de son mari. Ceci n’est pas le sujet, je veux juste qu’on comprenne tous comment la femme était vue dans le Burundi ancien.  »

    Ce passage n’est pas vrai, le beau-pere pouvait avoir des relations sexuelles avec sa belle fille avant le mariage, et c’etait notre coutume. Mais apres le mariage, il n’avait pas le droit de violer sa belle fille comme le pretend l’auteur. « Gutera indobo », un terme communement utilise, apres le mariage, le beau pere lancait un seau a sa belle fille, et si elle le retournait le seau ca voulait dire qu’elle etait d’accord a avoir les relations sexuelles avec son beau pere ou meme avec ses beaux freres en l’absence de son mari, ce n’etait en rien un viol car si elle ne retournait pas le seau, c’etait un refus qu’ils respectaient tous. Je cautionne pas ces moeurs tout comme je ne les combats pas vu la situation d’antan, les hommes partaient a la guerre et ne revenaient pas, leurs familles passaient des annees sans nouvelles, alors relativise aussi avec les besoins de la femme mais aussi tenez compte des temps, est-ce que les femmes se sentaient diminuees par ces pratiques?? Je ne saurai y repondre, peut-etre les historiens pourraient nous le dire, mais svp, analysezlogiquement et avec lucidite, pas emotionellement, ca nous ouvrira les yeux, et la vue nous montrera le chemin qui nous menera la ou nous n’avons pas encore vu des decennies apres le depart de ceux qui nous avaient usurpe notre culture.

  2. Merci pour cette article, il est vraiment temps de briser le silence sur la question du viol, car chez nous c’est devenu quelque chose perçue comme « normale » alors que c’est quelque chose qui détruit peu à peu la femme, sa dignité, sa valeur. Ces parents qui préfèrent garder le silence sur le viol de leurs enfants devraient avoir honte et il devrait y avoir des sanctions pour eux aussi, car un enfant qui a été violé et revoit chaque jour son violeur (puisque dans plusieurs cas ces violeurs sont des membres de la famille) ne va pas grandir normelement et s’épanuir dans la vie, tôt ou tard il y aura manifestations des effets du viol subi dans sa vie.
    Il faut que la question du viol ne soit plus tabout et que le gouvernement revoit les sanctions prévues à l’égard de ces sans coeurs de violeurs.