Il n’est pas toujours aisé de présenter sa dulcinée à la famille. Parfois, cette dernière la repousse, rendant compliquée la vie de couple. Ceci est un témoignage d’un blogueur qui a vu sa relation amoureuse partir en fumée à cause de l’attitude déplaisante des parents qui ne supportaient pas de voir deux êtres chers s’aimer alors qu’ils n’ont pas la même appartenance ethnique. Le couple a fini par se disloquer…
C’était une relation comme les autres. Diella et moi on s’est connu par un simple hasard, un certain week-end dans une fête chez un voisin. Dans ce cadre purement convivial, tout le monde s’est présenté à tout le monde. Une fois les présentations terminées, la rime de mon nom avec le sien a vite arrangé les choses. Quelques mots échangés et la connexion s’est vite établie. Ce soir-là, j’ai pu avoir son numéro, ce qui m’a permis de garder contact avec la belle fée. Des jours ont passé et on a eu le temps de mieux nous connaitre et bien sûr de bien se connecter. Un petit détail, la nature a fait que je sois un gars élancé et filiforme, contrairement à la ‘’go’’ qui avait des formes généreuses et une petite taille. Mais cela ne posait pas de problème à mes yeux, car j’aimais notre façon de communiquer et on s’entendait à merveille. On est sortie ensemble pendant plus d’une année. On partageait tout : les moments de bonheur, les fous rires, des sorties à deux, bref un couple qui croque la vie à pleines dents.
Chez les parents de Diella: le moment fatidique
Cela faisait un moment que Diella me demandait de la présenter à ma famille. J’hésitais un peu, vu que ça ne faisait pas un long moment qu’on se connaissait (et oui, pour moi une année ce n’est pas une éternité). Je lui avais bien signifié d’attendre un peu pour qu’on prépare cette fameuse étape. Un autre détail : mes parents se trouvaient quelque part à une centaine de kilomètres de Bujumbura alors que les siens habitaient à 15 minutes de chez moi. J’avais pu rendre visite à sa famille deux ou trois fois et elle a fini par annoncer que nous sortions ensemble. Le jour où elle a parlé de notre histoire toute sa famille était là. J’ai tourné mon regard vers son père, un simple hochement de tête, et silence. Sa mère a souri et ses deux sœurs ont simplement lancé un « enchanté » glacial et ont ri jaune. Et moi je me faisais tout petit dans mon coin, me demandant silencieusement comment m’éjecter de cette maison. Didi, trop bavarde comme d’habitude, essayait d’entretenir une ambiance normale, sauf qu’on s’est retrouvé seuls au salon une dizaine de minutes plus tard.
Chez nous, bis repetita
Ma copine a continué à me harceler, tellement elle voulait voir ma famille et j’ai fini par céder. Avant de me rendre dans le fin fond de Mugamba, il fallait quand même aviser mes parents surtout que je leur amenais une invitée surprise. Le jour J, nous voilà dans un bus brinquebalant et slalomant entre les collines du Mugamba. De l’arrêt-bus à la maison, il y a presque 6 km (rappelez-vous que Diella est bien dodue). On a dû prendre des motos. Arrivés devant l’enclos familial, j’ai été surpris du fait que mon père avait invité tous les voisins. Un beau petit monde nous attendait dans la cour de notre « rugo » familial. J’ignorais qu’il leur avait aussi raconté que je venais lui montrer sa « mukazana » (belle-fille). J’aimais blaguer avec mes voisins chaleureux et accueillants mais ce jour-là aucun mot n’est sorti de ma bouche. Tous les yeux étaient braqués sur ma copine, cette citadine « étrangère » à l’accoutrement bizarre aux yeux des Bagamba. Je n’ai même pas eu le temps de la présenter, c’était comme si tout le monde l’avait reconnue bien avant (le fameux faciès burundais). « Karibu mu nzu » (entrez dans la maison), lança ma mère pour détendre l’atmosphère. Quant à mon père, de nature blagueur, il avait subitement perdu son sens de l’humour. Il ne cessait de me lancer un regard insistant. Je devinais exactement à quoi il pensait. Ma mère a essayé de poser quelques questions à Diella. Où elle habite, ce qu’elle fait dans la vie, les membres de sa famille, etc., en attendant que le repas soit prêt. J’ai moi-même zappé la discussion avec mes parents, la morosité était à son comble. Deux heures après, nous avons pris congé de notre famille. Mais plusieurs pairs d’yeux ont continué à regarder dans notre direction pendant plusieurs minutes.
C’est trois jours plus tard que mon père m’a appelé pour me dire j’avais du culot d’amener « cette fille » à la maison. Tout était dit ! Du côté de ma copine, ses parents décideront par la suite de l’envoyer en catimini poursuivre ses études à l’étranger. Simple coïncidence ? Certainement pas ! Elle me dira plus tard que son père lui a ordonné de partir sans lui laisser le choix. C’est comme ça que notre histoire d’amour a pris fin.
Diella* : nom d’emprunt