Ces feuilles collées constituent un univers propice à la découverte et à l’acquisition de plusieurs vertus. De par la littérature, nous élargissons notre pensée, embrassons d’autres cieux et accueillons sereinement la différence. Nous rencontrons ces auteurs qui nous peignent un monde tel que nous ne l’avons jamais imaginé. Cette bloggeuse évoque son apprentissage à partir des bouquins.
J’ai commencé à lire vers 13 ans. Un âge où ma curiosité était à son summum. J’avais l’ambition de parcourir le monde à travers les contes et me défaire de l’ennui grâce aux personnages singuliers de la Comtesse de Ségur, une narratrice hors-pair. Avec le temps, je lisais tout et n’importe quoi. C’est ainsi que j’ai découvert le monde poétique avec Victor Hugo dans Demain dès l’aube et j’ai eu mon lot d’aventures avec Mark Twain dans les aventures de Tom Sawyer. Sans omettre les classiques comme Harry Potter où chaque lecteur a l’illusion de brandir une baguette magique et changer le monde. Introvertie de nature, les bouquins furent mes compagnons de solitude. La littérature était mon exil et mon réconfort afin d’échapper aux sévices de ma vie d’adolescente.
Lire pour briser les tabous
À force de lire, ma vision du monde devenait toute autre. Mes convictions étaient remises en question. Les sujets tabous étaient abordés sans filtre. Tout ce que nous regardions en cachette et parlions à voix basse étaient exhibés sur papier. À un certain moment, je feignais de faire mes devoirs dans ma chambre et déposais mon roman sous une pile de cahiers afin de ne pas être grondée. Cette passion a finalement été remarquée par mes proches qui appréhendaient une déviance de ma part. Ce qui se confirmait par mes contradictions avec certains enseignements bibliques suite à la lecture des livres tels que The Da Vinci Code.
Le pic hormonal induit par la puberté et l’adolescence a laissé en moi plusieurs questions autour de la sexualité en suspens. Du fait que la culture et la religion se limitent souvent sur les interdits instaurés et les conséquences, je cherchais la réponse de mes tourments, donc dans les livres. Ainsi, je suis tombée sur des livres qui brisent le tabou autour de la sexualité. Des livres qui parlent du consentement et de l’épanouissement sexuel. À titre d’exemple, Jouissance club, un livre qui aborde la sexualité d’une manière décomplexée et amusante.
Le gain des livres dans ma vie
Les auteurs de ma jeunesse furent mes mentors. La lecture a façonné en moi un esprit de rébellion contre certaines normes sociales. Je m’insurge contre ces absurdités qui se cachent derrière la culture et la religion condamnant la plupart des Burundais à une vie désastreuse. Des préceptes qui trouvent parfois leur sens dans les proverbes burundais. C’est dans la lecture que j’ai acquis la diversité culturelle qui nous apprend sur la tolérance et la prise en compte des différences. Désormais adepte du multiculturalisme libéral qui défend les droits des groupes sous-représentés et fondé sur la liberté de choix et d’autonomie, je m’exprime sur ces principes libéraux à travers mes écrits.
L’écriture fut l’aboutissement prévisible de la lecture. J’ai commencé par des poèmes comme la plupart des adolescents pour immortaliser leurs amours vécus. Ensuite, je me suis lancée dans la rédaction des articles et des nouvelles. La passion finit par payer. J’ai relaté les tracas de notre société dans divers blogs. Une fierté que ma plume soit au service de la société afin de représenter les autres en mettant en évidence leurs besoins et leurs doléances. À mon tour, je veux embarquer l’autre dans mon navire. Je manie les mots pour exprimer mes réalités et mes engagements en veillant à ne pas heurter la pensée d’autrui.