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Kanyange : « Il me regardait sans cet air de pitié que je voyais chez les autres »

Kanyange (pseudo) se livre à cœur ouvert sur sa maladie et nous révèle comment, au-delà du handicap, elle a trouvé le bonheur grâce à l’amour…

Je m’appelle Kanyange, j’ai 16 ans. Je suis née dans une fratrie de 5 enfants dont 4 filles et un seul garçon, je suis la cadette. A 12 ans, on m’a diagnostiqué l’épilepsie. Depuis toute petite, je faisais des crises de chutes et par après, il y a eu l’apparition des convulsions. Ça a mis la puce à l’oreille à mes parents et malgré les dires des autres membres de la famille et des voisins comme quoi « je suis possédée par les esprits de ma grand-mère », mes parents m’ont emmenée chez un neurologue. 

Grandir différemment 

Dès le diagnostic, tout a changé. Alors qu’avant j’étais un enfant autonome et rêveur, ma famille a commencé à me traiter comme une incapable, ce fût un abattement et une trahison de leur part. Je ne pouvais plus aller jouer avec les autres. Dans les cérémonies rassemblant plusieurs personnes, hors de question de leur faire honte. A l’école, les enseignants m’appelaient juste pour avoir un sujet de papotage. Mes camarades avaient tellement peur de moi, que moi-même j’avais fini par croire que j’étais démoniaque. Mes grande-sœurs étaient mes seules amies et tout ce que je savais, je le tenais d’elles vue que même ma propre mère ne me considérait pas comme elles. Évidemment qu’avant, leurs amis étaient réticents pourtant elles m’ont fait une place dans leurs cercles d’amis. 

Puis un jour, sans m’y attendre, le jeune André, l’ami de mon frère, entre dans ma vie. Nous avons discuté et pour la première fois, je me suis sentie moi-même parce qu’il me regardait sans cet air de pitié que je voyais chez les autres. C’est peut-être dû au fait qu’il ignorait l’existence de ma maladie mais j’ai bien aimé la sensation. À chaque fois que je discutais avec lui, j’avais l’impression d’être comprise et surtout que j’étais incrédule face à son intérêt pour moi. 

Du bonheur aux larmes

Un certain dimanche, après la messe, il m’a invité chez lui et nous y sommes allés. Là, nous avons commencé à discuter et il m’a demandé si j’avais déjà eu des relations sexuelles. Je lui ai dit que non et il m’a demandé si je voulais le faire. J’en avais déjà entendu parler mais je ne connaissais absolument rien de concret à ce sujet. Par peur de l’inconnu j’ai dit non et il l’a respecté. Les jours qui ont suivi il n’a pas arrêté de me reposer la question et j’ai fini par céder. Il avait été le seul à m’accepter comme je suis et j’ai voulu lui faire plaisir parce que je l’aimais. Au bout de trois mois J’ai commencé à me sentir épuisée à longueur de journée, j’avais sommeil presque tout le temps et étonnamment je n’avais plus mes règles. Ma mère a remarqué mon manque d’énergie constant et mes vomissements et a dû m’emmener à l’hôpital croyant que ma maladie s’aggravait. 

A l’annonce de ma grossesse ma mère était stupéfaite. J’ignore si c’est le fait que j’étais enceinte ou si c’est parce qu’elle n’aurait jamais pu imaginer que je puisse faire ça avec quelqu’un. Elle m’a demandé qui était le père, quand ça s’est fait et surtout comment. Je lui ai tout expliqué et elle s’est rendu compte qu’elle ne m’avait absolument rien dit concernant ce sujet. A son regard on pouvait deviner le regret qu’elle avait de ne pas m’avoir informée sur la sexualité ainsi que tout ce qu’elle aurait pu me dire en tant que mère. Maintenant, j’ai une grossesse des plus risquées et je me demande si André saura tout encaisser surtout ma maladie.

 

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