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Jeune demoiselle recherche l’âme-sœur

Partie à la rencontre d’une femme sourde et muette, notre blogueuse a su tant bien que mal communiquer avec elle. Leur conversation n’avait qu’un seul but : connaître sa vie et surtout la vie amoureuse lorsque l’on est en situation d’handicap. 

11h tapante. Je me tiens déjà à l’endroit convenu, scrutant à gauche à droite pour essayer de la retrouver parmi la foule, quand soudainement je vois quelqu’un qui me fait un signe de la main. Après les salutations et les présentations, nous sommes toutes deux prêtes à entamer la discussion. Ne connaissant pas la langue des signes, on communique par message. Pour chacune des questions que je lui pose, elle ne manque pas de montrer sa réaction, tantôt un sourire qui laisse découvrir son diastème, tantôt un signe pour accepter, refuser ou même pour montrer son incompréhension face à une question.

A la recherche d’un autre semblable

Elle, c’est Marie. Elle n’entend et ne parle pas. Par quelques « wapi » qu’elle envoie volontairement, je parviens à comprendre qu’elle n’a jamais eu de petit ami. « Ni d’un petit ami sourd-muet, ni d’un entendant », précise-t-elle. Elle finit par m’avouer « Nshaka umuhungu wumuragi. Un homme qui entend pourrait me mentir ». 

Et d’expliquer pourquoi : « Une fois, j’ai été proche d’un homme entendant et il ne cessait de me mentir. Par après, j’ai appris qu’il ne voulait que me soutirer de l’argent. » D’un coup un sentiment de pitié s’empare de moi et je sens qu’elle l’a remarqué, ce qui crée un silence gênant qui semble s’éterniser. Je fouille dans ma tête à la quête d’une question ou d’un commentaire qui pourrait détendre l’atmosphère. Je m’aperçois d’un chapelet autour de son cou ce qui me pousse à demander s’il y aurait-il des hommes sourds-muets avec qui elle prie. D’un signe de la tête, elle répond que oui, mais précise bien qu’ils sont seulement amis.

L’être complémentaire

Sur mon chemin de retour à la maison, je ne cesse de repenser à mon entretien avec Marie. Elle s’est construit une sorte de protection par peur d’être blessée. C’est comme si elle était partagée entre la raison et l’amour. Elle ne s’autorise pas à baisser la garde de peur que quelqu’un de malveillant ne puisse voler ne fusse qu’une fraction de son cœur. 

Très rapidement le cours de mes pensées s’interrompt quand je vois un vieil homme aveugle qui tient un bâton à la main, avec un jeune garçon qui le tient par le bras. Une envie soudaine de m’approcher et de discuter avec lui m’envahi. Je veux un autre avis. Contrairement à Marie, Pedro (c’est son prénom) voit les choses différemment. Il a perdu la vue au début de la cinquantaine et aujourd’hui il a 71 ans. « Lorsque ma femme veut me donner à manger, elle met à table, et j’utilise mes mains pour toucher et savoir de quel côté se trouve ma nourriture ; et lorsque nous sommes au lit c’est pareil. » Dns un rire, il ajoute : « Ma fille, ce n’est que la vue qui ne fonctionne plus. L’intelligence, l’envie et le toucher sont toujours là ».

 

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