Le 14 février, la Saint-Valentin, est un jour de joie, d’amour, et de fleurs pour les amoureux. Pour les couples mariés « sans enfants », aux prises avec la stérilité ou l’infertilité, l’amour et la romance semblent avoir volé à travers la fenêtre, vue la pression et le stress auxquels elles sont confrontées. À quoi ressemble leur Saint-Valentin ?
Nous sommes le 12 février 2023, dans les urgences de l’hôpital Béthanie à Gitega, à deux jours de la Saint-Valentin, qui est une fête des « amoureux » pour les uns, et une fête des « amoureux mariés » pour les autres. À Chacun sa définition.
Il est 10 h. Une patiente y fait irruption. Elle est portée par les voisins. Avec sa respiration difficile, elle est dans un coma partiel mais convulsif, l’examen physique et les bilans de santé ne trouvent rien de défaillant. Tout est normal.
Le diagnostic est posé. C’est une hystérie. Pour les stagiaires à côté, sourire sur les visages, le diagnostic les met dans le bain du 14 février, fête des amoureux. « L’hystérie, n’est-elle pas une maladie d’amour non » ?
Mais pour le médecin, il y a une raison à ces signes. Il y en avait justement. La patiente venait de découvrir dans la poche du pantalon de son mari, le reçu de la commande d’un gâteau que son mari a fait faire pour sa maîtresse en l’honneur de la Saint-Valentin.
Mille raisons
A 31 ans, Joselyne*(la patiente), vient de passer 10 ans étant mariée, et dans ses dix ans, elle a tout eu, sauf un bébé. Après plusieurs années d’attentes, d’espoirs, puis de désillusions devant tant de test de grossesse négatifs, l’amour entre elle et son partenaire s’est envolé, petit à petit. « Au fil des jours, mon mari et moi sommes devenus comme des étrangers, nous nous sommes perdus l’un et l’autre. Le désespoir s‘est installé », confie la jeune dame, avant d‘ajouter que « si tout ce à quoi vous pouvez penser, c’est d’essayer de concevoir, alors la pression de faire de la Saint-Valentin une histoire d’amour et de romance peut sembler décourageante. A la Saint-Valentin, je manque quoi célébrer. Le fruit de l’amour dans un couple, c’est un enfant. Sans enfant, y a-t-il raison de fêter la saint-Valentin ? », demande-t-elle.
Le 14 février lui rappelle donc toujours le manque d’affection qu’elle vit au quotidien, et ne fait que renforcer son sentiment d’infériorité. « Ce n’est pas que l’amour soit amoindri ou déprécié par l’infertilité, c’est qu’il finit par disparaître dans ce désir d’enfant », explique-t-elle.
Toutefois, elle se remémore dans ses souvenirs lointains, les deux premières saint-Valentin qu’elle a célébrée après son mariage. « J’ai eu droit à des fleurs, une nouvelle robe et une sortie romantique dans un hôtel. Puis la nuit, j’ai eu une relation intime la plus douce après celle de la nuit des noces ». Or, aujourd’hui, les rapports intimes ne sont plus l’occasion de partager un moment de plaisir ou de complicité. « Le sexe est devenu un moyen d’obtenir une grossesse, et est dès lors une frustration, vue que nous ne parvenons pas à avoir d‘enfant ». Ainsi, cette perte d’intérêt pour la sexualité est à l’origine de sa perte d’intérêt pour la fête des amoureux.
Célébrons le « nous »
Des couples comme Joselyne*, ils sont légion. Quoi que ces couples stériles ou infertiles ressentent, ils devraient prendre cette journée comme un moment pour se célébrer « eux-mêmes ».
Au lieu de se concentrer sur leurs difficultés à concevoir, ils devraient prendre le temps de se rappeler ce qui les a fait tomber amoureux, ce qui les a fait rire quand ils se sont rencontrés. Cela peut renforcer le désir de rester connectés en tant que couple et d’être heureux, peu importe ce qui se passe dans leur vie.
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La Saint-Valentin rappelle que, malgré les défis qui reprennent chaque seconde de l’existence et qui diminuent la joie et les plaisirs simples de la vie quotidienne de ces couples infertiles ou stériles, il existe un « nous » qui doit être chéri et nourri.
* : Nom changé pour garder l’anonymat