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Sexualité des jeunes : se fier aux professionnels de santé, un pari réussi à Gihanga

C’est probablement la région aux mille maux en matière de sexualité. Concubinage et grossesses non désirées constituent certains des défis auxquels font face les jeunes de Gihanga. Heureusement, grâce aux Centres de Santé Amis des Jeunes (CSAJ), ils savent désormais comment contourner ces obstacles. Mais, un bémol ne manque pas.…

C’est un après-midi comme les autres. Je m’aventure vers Gihanga pour rencontrer la jeunesse. Je n’y connais personne. Du moins, toutes mes connaissances sont encore à Bujumbura, « gupagasa ». Normal, Gihanga, c’est à quelques minutes de la capitale économique. Malgré cela, je suis confiant en moi. Je sais où trouver les jeunes. On ne peut pas les manquer dans un centre de jeunes.

Bien évidemment, je me suis bien orienté. C’est un jeudi pas comme les autres. Ils passent une sorte de test pour être appuyé en matière d’entrepreneuriat. Il se trouve que mon sujet coïncide avec l’objectif du projet « Tube akarorero » qui appuie les jeunes en matière de santé sexuelle. Bingo. J’ai ma porte d’entrée. Ils sont contents de m’accueillir. Le courant passe vite.

Leur quotidien

Hermès Nemerimana est comme un guide. Il s’y connaît assez bien en matière de gestion de la sexualité responsable chez les jeunes. Normal. Le jeune trentenaire a piloté le réseau des jeunes de Gihanga durant l’ambitieux projet Menyumenyeshe, pendant plus de 5 ans. Tout le monde connaît le fameux Hermès. Il a beaucoup à dire. Je le questionne sur la relation entre la jeunesse de Gihanga et les CSAJ.

Selon Hermès, ces centres sont une bonne solution pour la jeunesse en matière de santé sexuelle. « C’est un lieu de guérison, tant moral que physique. La jeunesse souffre beaucoup. En concert avec ces centres, nous organisons des séances de sensibilisations, d’échanges et d’orientations en matière de santé sexuelle. De là, les jeunes y trouvent une bonne occasion pour se confier aux professionnels, et dans une grande intimité. Ceux qui souffrent d’infections ou maladies sexuellement transmissible ou qui sont dans le besoin de contraceptifs sont écoutés, soignés et bien traités. »

Cependant….

Hermès ne reste pas pour autant dans les éloges. Les lacunes ne manquent pas. Le jeune leader ne mâche pas les mots. Ces centres souffrent d’un manque criant de personnels et de ressources financières. « Des fois, on n’y trouve qu’un infirmier ou deux, face aux sollicitations multiples. Les jeunes, en matière de santé sexuelle, ont beaucoup plus besoin d’écoute que de médicaments. Cela implique du temps, beaucoup de temps, sans omettre les connaissances qu’ils acquièrent. »  Quant aux ressources financières, Hermès indique que leurs actions sont très limitées, car, normalement, ils devraient y avoir un programme de sensibilisation dans les communautés, mais les moyens manquent.

L’autre défi relevé par Adolphe Nduwimana, subalterne d’Hermès, est la cherté des médicaments. « Je ne vois pas pourquoi ces centres sont qualifiés « d’Amis des Jeunes », alors qu’ils sont incapables d’administrer gratuitement les médicaments. Les jeunes n’ont pas de moyens pour s’offrir un médicament qui coûte 18.000 Fbu. Or, ils ne sont pas à l’aise pour évoquer le sujet de maladies sexuellement transmissibles avec leurs parents. Ils sont alors confus. »

En somme, la jeunesse de Gihanga plaide pour la gratuité des médicaments traitant les infections sexuellement transmissibles, la disponibilité des médecins et des psychologues qui sont bien outillés en matière de santé sexuelle et reproductive, et les moyens requis pour la sensibilisation dans les communautés.


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