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Face aux violences basées sur le genre, le honteux silence des femmes

Notre combat s’arrête-t-il sur les réseaux sociaux et dans les salles de réunion ? Les postes que nous réclamons tant et fermement, nous servent-ils à quelque chose finalement ? Cela fait quelques jours que plusieurs questions me taraudent l’esprit… 

Il y a deux semaines, un scandale judiciaire, éclate au Burundi. C’est du jamais vu, du jamais entendu, en tout cas nulle part ailleurs qu’au Burundi. Une élève du secondaire est emprisonnée pour « divulgation du secret professionnel », après avoir été abusée par son directeur d’école. C’est ce que nous apprenons sur les réseaux sociaux, mais l’affaire semble avoir duré plusieurs mois. Des mois de persécution, durant lesquels, la jeune fille a été malmenée à plusieurs reprises, jusqu’à la suppression de son année scolaire, au vu et au su de toutes les autorités de la province, de l’éducation en particulier et surtout de la justice.

Qui blâmer ?

Le prédateur, son directeur d’école ? Non ! Pourquoi ? Parce que ça ne servirait à rien. Il est déjà prédateur, plusieurs témoignages disent que ce n’était même pas la première fois qu’il le faisait. Devrions-nous blâmer les responsables de l’éducation dans la localité ? Sans aucun doute. Ils étaient au courant de ce qui se passait, ils ont été témoins de la violence qu’a subie la jeune Christella, et ils n’ont pas levé le petit doigt. Certains ont même participé d’une manière ou d’une autre dans cette affaire. 

Mais qui sait jusqu’où peut aller la force des gens dans ce pays ? Le directeur d’un lycée communal lambda, serait-il plus fort que toutes les autorités en charge de l’éducation dans la province ? A vous de me le dire…

Dans toute cette affaire, moi, j’ai décidé de blâmer les femmes. Quand j’ai entendu parler de cette affaire, ce qui m’a premièrement choqué, c’est que le directeur provincial de l’éducation soit une femme. LA HONTE !  Je me disais, naïvement, qu’une femme qui est arrivée à un tel niveau, est consciente du combat que mènent les femmes au quotidien contre les violences sexuelles. Comment peut-elle oser se taire face à une telle injustice ? Je ne comprendrais jamais. 

Ensuite, quand est venue la déclaration du ministre de la Justice, aussi une femme, je n’ai trouvé aucun mot pour qualifier le dégoût que je ressentais. Je comprends qu’en tant que ministre, elle devait dire quelque chose, mais à défaut de jouer son rôle, comme il se doit, elle aurait pu au moins avoir la décence de ne rien faire du tout.

Les associations féministes brillent par leur silence

La jeune Christella a été relâchée, après toute une campagne sur les réseaux sociaux, campagne durant laquelle les voix des femmes n’ont pas été nombreuses. Quand je compte toutes ces associations qui se disent « de la défense des droits de la femme, de la promotion des droits de la femme… », qui se réunissent toujours dans des ateliers dans les beaux hôtels de Bujumbura…je ne sais quoi penser.

Peut-être ont-elles fait quelque chose en secret que je n’ai pas su, qui sait ? Ou peut-être encore, ce n’est pas dans leur cahier de charge, elles ont leurs propres objectifs… Association des femmes juristes, association des femmes journalistes, association pour la promotion de la jeune fille burundaise, pour ne citer que cela, où êtes-vous quand il faut passer à l’action ? Votre combat se termine-t-il dans les rapports de plaidoyer ? Imaginez-vous seulement, si toutes ces associations s’étaient mises ensemble pour réclamer justice pour cette jeune fille.

Finalement, à quoi nous servent toutes ces femmes dans les postes de prise de décisions, si elles ne participent pas dans des affaires telles que celle de Christella ? A quoi nous servent ces rapports chaque année, quand nous ne pouvons pas passer à l’action en cas de nécessité ? A quoi servent nos messages sur le féminisme sur les réseaux sociaux, si nous nous taisons face aux violences sexuelles basées sur le genre ?

Saluons, en passant, la bravoure de la jeune Christella qui a su se défendre, seule contre le monde. Elle aura permis de briser une chaîne de violences dont auraient été victimes de nombreuses autres jeunes filles.

 

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