Ce 8 mars, l’Abbé superviseur du bureau diocésain pour l’éducation dans l’Archidiocèse de Gitega a sorti une note interdisant aux établissements scolaires sous convention catholique de collaborer avec les organisations qui œuvrent pour l’enseignement en matière de santé sexuelle, arguant que cela viole la doctrine de l’Église et la culture burundaise. Une fausse bonne idée selon ce blogueur, qui a décidé d’écrire une petite missive pour éclairer la lanterne de Mr l’Abbé.
Mr l’Abbé,
Permettez-moi de vous saluer sans vous salir. Si je me permets de vous écrire, c’est en raison de vos plus profondes inquiétudes que vous venez d’exprimer dans votre note, en tant que superviseur diocésain pour l’éducation.
Dans votre note, le lecteur sent directement que parler de sexualité chez les jeunes est un sujet de honte ou d’ubushirasoni (manque de pudeur, Ndlr). Et d’ailleurs, je viens d’apprendre que la leçon n°12 du cours des sciences humaines en classe de 9ème année, intitulée « Les droits des jeunes et les services adaptés en matière de sexualité et santé de la reproduction » n’est pas enseigné. Motif, ce cours inciterait les jeunes à la débauche et aux vagabondages sexuels.
Or, avec mon humble expérience, en tant que médecin, je voulais vous informer sans violer le secret médical que si un adolescent ne reçoit pas une éducation adéquate dans le domaine sexuel, il va vivre la sexualité de façon désordonnée, et même fatale, sans aucun égard aux mœurs en vigueur telles que votre doctrine et la culture les transmettent de génération en génération.
Les chiffres me donnent raison
Tenez Mr L’Abbé, pour éclairer votre lanterne, au cours de l’année scolaire 2019-2020, sur les 1.233 cas qui ont été recensés comme « grossesse en milieu scolaire », Gitega occupait la première place avec 160 cas. Au cours de 2018-2019, Gitega occupait la deuxième place avec 107 grossesses en milieu scolaire sur les 1.323 cas au niveau national. Ces chiffres témoignent à suffisance que vos jeunes ont déjà pris des décisions mal éclairés et erronées en matière de leur sexualité.
C’est pourquoi ces organisations ne viennent pas pour opposer votre projet d’éducation qui a été reconnu par l’Etat pour servir de base dans l’éducation tant humaine, morale, sociale et intellectuelle. Ces organisations viennent appuyer ce projet d’éducation, via la politique du gouvernement du Burundi « zéro grossesse à l’école » jusqu’à l’horizon 2030. Et d’ailleurs, grâce à l’action de ces organisations, le nombre de cas des grossesses en milieu scolaire a légèrement diminué, passant de 2.424 cas pour l’année scolaire 2014-2015 à 1.195 pour 2020-2021. Ne trouvez-vous pas cela louable Mr l’Abbé ? Voilà ce que votre note va saper.
Rectifier le tir
Mr l’Abbé, que l’on se comprenne bien. L’éducation sexuelle en milieu scolaire n’a rien à voir avec le libertinage sexuel comme votre note le souligne. Elle permet plutôt de les armer contre les malfaiteurs qui voudraient abuser d’eux. C’est aussi leur éviter des grossesses non désirées qui menacent leur avenir. S’enfermer dans le tabou et jeter vos élèves dans la gueule du loup, ou briser le silence et leur assurer un avenir meilleur, l’Église ne devrait-elle faire un choix ?
Toutes les jeunes rencontrées dans mon expérience font écho d’une certaine soif d’en apprendre davantage sur leur propre corps, sur leur sexualité, et avoir un cadre où ils peuvent exprimer leurs questionnements, et acquérir des informations fiables sans honte ni jugement. Voilà ce que ces jeunes manqueront avec votre note.
Mr l’Abbé, laissez-moi vous rappeler de Galilée. Dans un temps de grande dévotion, il s’est levé pour défendre une théorie qui a provoqué l’ire de l’Église. Comme Galilée, avec cette motion d’éducation sexuelle, que votre bureau ne laisse pas les vagues de la passion déferler dangereusement sur les lumières et les questionnements de la raison, de la réalité et de la nuance. C’est ainsi que les conséquences de la désinformation en matière sexuelle pour une jeunesse responsable pourront être gérés.
Nanje ndashigikiye kizonyigisho zobandanya zitangwa kuku urwarukaduhura nimitego myinshi none namwe nimwibaze igihe tworwamwivyobibazo tutigezeturonka umuntu aduhanura nakare ngontawucumugani umwana asinziriye nukuri izonyigisho zirakenewe
Le fait d’être désinformé sur la santé,la sexualité et la reproduction,est une des cas majeur,poussant les générations et les jeunes mariés à la reproduction et grossesses non désirées, Il est belle et bien d’enseigner la sexualité et la santé reproductive en riguer comme dans l’enseignemet de l’ancien systeme de l’education!
Malheureusement la lettre ne colle en rien avec la note de monsieur l’Abbé superviseur. Ce dernier, dans sa note, ne s’est jamais prononcé contre l’éducation sexuelle qui d’ailleurs est dispensée dans toutes les écoles sous différents aspects. Il faudra relire sa note à tête reposée et avec moins de prétentions pour comprendre sa portée. Ce genre de survol frise une faible concentration et partant une légère plongée en profondeur.