Il n’y pas très longtemps, un fan de basketall burundais écrivait une lettre au président sortant de la Febabu (Fédération de basketball du Burundi) pour exprimer ses doutes sur ses choix stratégiques et ses priorités. Cette fédération vient de se doter de nouveaux organes dirigeants ce 31 mai. Cet autre inconditionnel du ballon orange prend sa plume pour rappeler au nouvel élu les attentes des fans.
Monsieur le Président,
À l’aube de votre mandat à la tête de la Fédération de basketball du Burundi (Febabu), les projecteurs sont tournés vers vous. Non pas pour des promesses creuses ou de simples changements de figures, mais pour un véritable espoir : celui de voir enfin le basketball burundais sortir du marasme cyclique dans lequel il s’enlise depuis plus d’une décennie. Votre élection, acquise à une majorité confortable, vous investit d’une mission capitale. Mais avant de parler de demain, permettez que l’on regarde en arrière, non par nostalgie, mais pour tirer les leçons du passé.
Une discipline en crise chronique
Chaque saison apporte son lot de tumultes : championnats mal organisés, conflits internes, reports récurrents, manque d’infrastructures et d’équipements, etc. En 2022 par exemple, plusieurs compétitions provinciales ont été suspendues ou annulées pour des raisons logistiques.
Loin de Bujumbura, dans les collines de Gitega, Ngozi, Mukike, Rugombo ou Makamba, des jeunes jouent avec passion mais sans encadrement, ni matériel, et rarement repérés par les structures officielles.
Depuis 2018, de nombreuses équipes engagées dans les championnats provinciaux peinent à accéder aux phases nationales, non pas par manque de compétence, mais par absence de moyens logistiques, de visibilité ou de soutien institutionnel. Le Magazine Jimbere en a aussi parlé.
Des exemples régionaux inspirants
Pendant ce temps, nos voisins avancent. Le Rwanda, avec sa BK Arena ultra-moderne, attire des clubs internationaux et organise des événements continentaux. L’Ouganda est désormais un acteur régulier dans la Basketball Africa League (BAL), notamment avec son équipe City Oilers. Même la Tanzanie, discrète médiatiquement, a relancé son championnat national avec le soutien de sponsors et des autorités locales.
Et pourtant, le Burundi a déjà écrit de belles pages : Urunani, Dynamo, New Star ou Kern ont brillé dans des compétitions régionales comme la Zone V de FIBA. Certains se rappellent encore l’époque où le Burundi participait à la FIBA Africa Champions Cup, affrontant des clubs égyptiens ou nigérians.
M. le président, nous attendons beaucoup de vous
Vos premiers mots ont été forts : rénover les infrastructures, construire un terrain couvert, investir personnellement, soutenir les provinces. Mais les mots doivent se transformer en actes, et les actes, en politique claire et réaliste.
Cela commence par :
– un audit du basketball national : équipes actives, terrains utilisables, structures de formation ;
– un plan national de détection des talents, en lien avec les écoles et internats, les centres d’encadrement sportif comme le CNS ;
– des championnats forts, fiables et équitables, avec des arbitres bien formés et un calendrier respecté ;
– une communication moderne et transparente, via un site web actif, réseaux sociaux, résultats accessibles en temps réel – à l’image de ce que fait la Rwanda Basketball League.
Toute une génération vous implore
Il ne s’agit plus seulement de marquer des paniers. Il s’agit de redonner à toute une jeunesse un rêve structurant, une opportunité. Car oui, le talent est là. Mais il doit être vu, cru, et organisé. Nous ne vous demandons pas de miracles. Nous vous demandons du courage, de la cohérence et de la continuité.
Recevez, M. le président, nos attentes non pas comme un fardeau, mais comme un flambeau. Le pays entier vous regarde. Et avec lui, des milliers de ballons qui n’attendent qu’un rebond favorable.
Avec espoir,
Un simple citoyen lambda, fan de ce sport que des milliers de jeunes et de moins jeunes adorent.
Très bonne lettre