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Alice au pays des malheurs

Vers la fin du parcours académique on a qu’un souhait, une virée dans le monde du travail. Alice (pseudonyme) a tenté sa chance, mais hélas, elle n’y a pas rencontré que l’expérience professionnelle. Récit

À 8 heures du matin, je suis fraîchement prête à déposer ma lettre de demande de stage professionnel dans une entreprise de vente de produits en ligne implantée en plein centre-ville. Confiante, je me suis bien apprêtée pour l’occasion. Je pénètre dans le petit bureau de la secrétaire où sont disposés des piles de dossiers. La secrétaire me regarde indifférente et me demande la raison de ma venue. Je lui réponds, intimidée, que je viens déposer ma lettre de demande de stage professionnel. Elle me dit que l’entreprise a eu le nombre requis de stagiaires. Déception.

Chance ou malchance ?

La peine dans l’âme, je la remercie et rebrousse chemin quand je tombe nez à nez avec celui qui semble être le directeur vu les vives salutations de sa secrétaire. Je suis surprise de le voir aussi jeune. Il m’examine comme s’il avait un produit devant lui et me demande gentiment, à son tour, la raison de ma venue. Je me répète, mais cette fois-ci avec un brin d’espoir dans la voix. À ma grande joie, le directeur m’invite à le suivre dans son bureau avec la lettre. La secrétaire ne semble pas choquée de sa décision et s’applique à sa besogne. L’intérieur est déjà éclairé par les rayons de soleil qui s’y faufilent à travers les vitres. Le directeur m’invite à m’installer et à me présenter. J’avais préparé cet entretien depuis des jours (merci internet).

« Je m’appelle Alice, je viens de terminer mes études académiques à l’université lumière de Kinindo en Gestion et Administration dans la filière de Marketing. Je suis une personne active et ouverte à l’esprit d’équipe, je m’intègre facilement et c’est pourquoi j’aimerais faire mon stage ici, afin de gagner plus d’expérience et d’user de mes compétences pour le bon fonctionnement de l’entreprise. »

Le directeur me sourit puis se lève. Il effectue quelques pas derrière moi quand je sens sa main effleurée mon épaule.

– Tu pourras commencer demain matin. Finit-il par dire avec un regard qui en dit long.
Je quitte son bureau, ravie, mais craintive, soulagée, mais prudente. Et si le directeur avait d’autres projets pas très satisfaisants pour moi ? Malheureusement, ça fait une année que je suis assise à la maison, qu’ai-je à perdre ?

Pauvre Alice !

Hélas, le soir, un texto provenant d’un numéro inconnu ne semble guère me faciliter la tâche.
– Bonsoir, que fais-tu ce soir ?
Je suis surprise de voir le directeur sur la photo de profil. La première question que je me pose : « Comment a-t-il eu mon numéro ? ». Peut-être sur la lettre de demande de stage professionnel.
– Bonsoir. Rien de spécial.
– Puis-je passer te prendre ce soir pour sortir ?
Oui, c’est bel et bien le directeur, mais je ne peux que décliner cette invitation.

En guise de sa déception, il me répond « OK. »

Le lendemain, je fais mes débuts de stages tout en espérant ne plus être importunée par le directeur. Les employés ont l’air d’être sympathiques avec moi malgré ma venue tardive par rapport aux autres stagiaires. Mais le répit n’aura pas trop duré. Je vois le directeur s’avancer dans ma direction et il me fait un signe de la main pour le rejoindre. Je marche timidement vers lui sentant les yeux de mes collègues sur moi. Le directeur me taquine sur mon refus d’hier soir et murmure : « Parfois, obéir à ses supérieurs, c’est gratifiant. » Il sourit tout en me tapotant l’épaule.

Avec un profond malaise, je retourne travailler en me demandant si je vais supporter cette situation encore plus longtemps. J’essaie d’oublier tout ça en m’appliquant corps et âme dans mon travail. Je sens mes collègues me dévisager. Ce qui venait de se passer s’avéra malheureusement être ma prochaine routine parce que le directeur m’appelait chaque matin, des texto les soirs et des attouchements à longueur de journée. À la fin de la première semaine, j’étais épuisée mentalement, en discutant avec un de mes collègues, il me dit : « toi, tu n’as pas à t’inquiéter puisque tu passes ton temps à écarter tes jambes. T’es la  »chouchou » du boss. »

Je sens une boule fulminante de colère montée en moi qu’aucun mot ne sort de ma bouche. Silence total. Bien que j’avais pas à dire, je savais en revanche que je ne remettrais plus les pieds dans cet endroit, autant rien plutôt que mourir à petit feu.

 

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