Depuis que le gouvernement a ciblé les filières stratégiques dans l’enseignement, certaines mesures ont été prises dont l’accès à l’internat aux seuls élèves inscrits dans ces filières. Pour ceux qui sont dans les sections snobées, les langues et sciences humaines, les internats privés sont l’alternative. Un luxe que seuls peuvent s’offrir ceux qui viennent des familles nanties prêtes à débourser des sommes conséquentes.
L’internat, Jésus l’aurait placé dans les béatitudes des enfants nés avec une cuillère d’argent dans la bouche. Ces dernières années ont été marquées par une kyrielle de réformes dans le secteur de l’enseignement. Une hiérarchisation des filières est passée par là, « pour que les enseignements dispensés répondent aux besoins du pays », explique un cadre à l’Education Nationale.
Cette hiérarchisation a naturellement redistribué les cartes des avantages. Longtemps réservé aux élèves ayant brillamment réussi au concours national et au test de 10ème, l’internat a été réservé aux élèves qui suivent les filières stratégiques. Ceux des autres filières ont été victimes de ce deux poids deux mesures. Cela a d’ailleurs révolté certains parents qui ont crié à « une catégorisation discriminatoire ».
La réforme a continué son bonhomme de chemin. Un professeur de Français dans un établissement de Bujumbura note que cette décision a négativement impacté la perception que les élèves des sections littéraires ont d’eux-mêmes. « Il y’en a qui me disent clairement qu’ils sont en train de perdre leur temps sur le banc de l’école car même l’Etat les relègue au second plan par rapport aux autres », rapporte cet enseignant.
Pas de Fbu, pas touche !
L’internat a ses mérites. Dans notre pays, les établissements à régime d’internat se démarquent dans les concours et tests nationaux. Certaines écoles ont alors proposé un plan B pour donner une seconde vie à ce régime qui est devenu plus sélectif qu’avant. C’est ainsi que sont nés les internats dits privés.
En réalité, ce n’est que la continuité de ce qui se faisait avant avec la seule différence du minerval car c’est l’école qui doit prendre en charge ceux qui ne figurent pas dans les plans des budgets de prise en charge assurée par le gouvernement.
Seul bémol : ce minerval n’est pas à la portée de tous. C’est un rêve qui a un coût. N.C, lauréate au Lycée Etoile des Montagnes d’IJenda a connu ce système d’internat privé. « Accumulés, les frais de scolarisation vont au delà de 500.000 BIF par année scolaire », révèle-t-elle. Une somme qui permet tout de même de jouir de meilleures conditions. « Nous avions plus de temps pour réviser et tout était bien encadré. Nous n’avions pas à parcourir de longues distances comme nos camarades externes », poursuit N.C.
Avec la démographie galopante que connait le pays, il est difficile de penser qu’il y aura de nouvelles infrastructures pour offrir l’internat à toutes les filières. Celles qui existent connaissent des problèmes alarmants. Les élèves des filières non stratégiques et leurs familles devront s’armer d’une résilience pragmatique. Il n’y a pas d’autre choix.