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Ruziba et la cohabitation des jeunes : après la tempête, la vie continue

Considérée souvent comme une « force active » ou parfois comme un  « groupe facilement manipulable », la jeunesse est souvent sollicitée par les politiques pour arriver à leurs fins. Les jeunes de la commune Muha n’ont pas échappé à cette règle. Mais avec les récents incidents pré- et post-électoraux, ils semblent avoir tiré des leçons et luttent maintenant ensemble pour consolider la paix.

«Les jeunes constituent l’avenir ».Un leitmotiv devenu comme un refrain dans la bouche des hommes politiques. Certes, la jeunesse a une  force numérique qu’elle est à mesure de déployer pour influencer le changement tant rêvé. Mais, c’est dans les moments de crise que cette même jeunesse devient une proie facile qui se transforme en élément dangereux. 

A Ruziba de la commune Muha, les jeunes parlent. Ils sont certes militants des différents partis politiques, mais leur appartenance politique ne les empêche pas de travailler ensemble pour le développement.

Quelques sources de conflits subsistent

Comme le souligne Christine Nzitonda, jeune dame de 30 ans, en matière de paix, Ruziba n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Des éléments perturbateurs ont été une source de conflits créant une certaine méfiance. « Durant la période électorale, on ne vivait pas toujours en parfaite harmonie avec nos voisins à cause d’appartenances politiques », témoigne-t-elle. Elvis Mfura, un jeune de la même localité confirme ses propos : « Les propagandes suffisaient pour que l’on se regarde en chien de faïence. Parfois des bagarres éclataient. On s’était divisé en territoires : la 3ème avenue pour jeunes du CNDD-FDD et la 5ème avenue pour les CNL ». 

Longtemps après, les sources de perturbations de la paix subsistent. Entre autres causes, Elias Nkurunziza, jeune motard de 28 ans évoque  les policiers en tenue civile qui sèment parfois la pagaille. «  On se voit souvent confisqué nos motos par des agents soi-disant de sécurité. Ils n’ont pas de tenue de service. Et quand ils prennent une moto, on ne sait même pas où aller la chercher. C’est comme du vol pur et simple »

Divine Munezero,elle, habitante du quartier Wingare préfère parler du concubinage qui sèment la zizanie à Ruziba. «  Nous vivons des querelles au quotidien à cause des hommes qui vivent illégalement avec d’autres femmes. Les filles venant de la campagne se sont transformées en voleuses de maris ».

Quant à Elliot Mugisha, jeune chômeur de 24 ans, il trouve que la vente des boissons prohibées sème la pagaille dans la localité. « Les gens prennent des boissons moins chères comme Karibu et Kanyanga. Ils passent des journées à boire et la nuit tombée, ce sont les bagarres interminables ».

A chaque problème, une solution

Au-delà des courants politiques, les jeunes de Ruziba ont compris que l’avenir leur appartient. Ils se sont mis en associations pour parler développement. « Nous sommes regroupés  en coopératives sans distinctions de partis politiques. Quand on est là, on ne parle que du business. »,indique Elvis. Une affirmation partagée par Christian Ndayisaba, 25 ans habitant Nyabugete I : «  Il arrive qu’on se taquine sur nos turpitudes pendant les campagnes électorales, mais c’est pour s’en moquer car cela ne nous divise plus. On a appris de nos anciennes erreurs ».

Quant au rôle de l’administration, Jean Ntahomvukiye, Conseiller de l’administrateur Muha ayant les affaires politiques dans ses attributions tranquillise et fait savoir qu’« à chaque fois qu’il y a un incident perturbateur, il faut informer les autorités pour trouver une solution rapide ». Cet administratif invite la population à renforcer les comités mixtes de sécurité pour une bonne consolidation de la paix. 

Cetas conseille  aux  jeunes de rester vigilants et de renforcer le dialogue entre eux. Et de conclure : « Il faut comprendre qu’avoir des idées différentes ne veut pas nécessairement dire qu’on est ennemis. Après les élections, la vie continue ».

Cet article s’inscrit dans le cadre du projet EEYP – Economic Empowerment of Youth towards Peacebuilding and Crisis  Prevention in Burundi  soutenu  par  IFA  & GFFO et exécuté par WAR CHILD  et  AJEBUDI-YAGA

 

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