Comment faire de Bujumbura une ville attractive où les touristes se bousculeraient au portillon pour profiter d’un cadre de vie sain ? Comment donner une identité ancrée dans la culture burundaise, à l’instar de New York et sa Statue de la Liberté ou de Dubaï avec son gratte-ciel Burj Khalifa ? Cela est d’autant plus important quand on sait qu’au siècle présent, la ville devient de plus en plus exigeante en matière de marketing de l’urbain. Plus important encore, une ville qui remplit certains critères se passe de sa vocation classique d’être marchande pour devenir elle-même une marchandise. Et sur ce point, Bujumbura ne manque pas d’atouts, d’après ce chercheur.
Au Burundi, Bujumbura, la capitale économique, s’impose comme la plus grande ville du pays. Elle s’agrandit et se métamorphose à vue d’œil, dans un contexte assez précaire quant à l’aménagement de son territoire. Sa position géographique lui offre plusieurs opportunités en termes de tourisme et d’écologie. Cependant, le tourisme urbain (tout tourisme d’ailleurs) exige de grands chantiers en matière d’organisation de l’espace. En effet, toutes les villes célèbres dans le monde le sont devenues grâce à des projets innovants qui ont changé leur image. D’une manière générale, ces initiatives peuvent toucher toute la ville ou bien quelques aspects qui mettent en valeur son identité. Par exemple, l’élément emblématique de Paris, son image même, c’est la Tour Eiffel. Quand on parle de Londres, on a immédiatement à l’esprit le Tower Bridge. Depuis 2008, l’image qui vient à l’esprit quand on parle de Dubaï, c’est celle du gratte-ciel Burj Khalifa. Au sud-est de l’Asie, l’image d’attractivité de la ville de Kuala Lumpur en Malaisie est celle des tours jumelles Petronas. Tout près en Afrique de l’Est, la ville d’Addis Abeba est aujourd’hui célèbre grâce à ses fameux lampadaires uniques sur ses autoroutes. Ce ne sont que des exemples parmi de nombreux cas. En bref, toute grande ville est associée à une œuvre qui lui donne son attractivité.
Pour une ville écologique
Au siècle présent, la ville devient de plus en plus exigeante en matière de marketing de l’urbain. D’autres éléments s’ajoutent pour renforcer son potentiel touristique, notamment sa contribution à juguler les problèmes liés au changement climatique. Si la ville est au centre de l’activité humaine, elle est de ce fait un acteur important pour aggraver ou remédier aux problèmes environnementaux contemporains.
Ainsi, elle doit mettre en œuvre des projets dont le but est de promouvoir un environnement sain et, ainsi, contribuer à réduire l’impact négatif de l’homme sur la planète. Cela appelle l’enjeu actuel de la « ville verte ». La ville verte renverse les anciennes conceptions de la ville faite d’un continuum bâti, des blocs de béton infinis, pour donner la place aux arbres, aux jardins et aux parcs urbains. La beauté de la ville aujourd’hui ne réside plus principalement dans la porcelaine et le verre, mais dans la verdure.
Une ville qui remplit ces critères se passe de sa vocation classique d’être marchande pour devenir elle-même une marchandise. « De la ville marchande à la ville marchandise », la ville cherche à avoir une vocation et une ambition touristique. Le marketing de l’urbain de ce XXIe siècle repose principalement sur trois éléments. D’abord, la propreté, c’est-à-dire la capacité de la ville à gérer efficacement ses déchets, sans nuire à l’environnement. Cet aspect est très important parce qu’il est aussi bénéfique pour la santé des êtres vivants terrestres et aquatiques, y compris l’homme. Ensuite, la verdure ou l’état de la ville qui accorde plus de place aux éléments qui améliorent la qualité de l’air, les plantes ; qui peuvent être des jardins ou, dans certaines conditions, promouvoir l’agriculture urbaine. Enfin, l’aménagement. Les deux points précédents doivent tenir compte d’une politique d’aménagement du territoire qui offre la possibilité de répondre à ces besoins. En plus, chaque ville est appelée à promouvoir des infrastructures uniques, symboliques des traits spécifiques du pays. Ces dernières peuvent s’inspirer des éléments de la culture en général ou des valeurs de la société (exemple de la Statue de la Liberté aux États-Unis).
Une fois ces aménagements réussis, ils inspireront par la suite des initiatives de marketing pour promouvoir un tourisme florissant, dans un environnement sain et bien aménagé. C’est dans ces points ci-haut que se retrouvent même les enjeux d’une urbanisation durable.
Bujumbura, une ville aux mille et une opportunités
La situation géographique de la ville de Bujumbura, au bord du superbe lac Tanganyika, offre plusieurs opportunités pour prétendre à l’image d’une ville touristique qui répond aux enjeux écologiques. L’aménagement ou le réaménagement de la ville est aussi une nécessité pour l’aligner sur les traits généraux en matière d’écologie et de lutte contre le réchauffement climatique.
Cependant, pour notre ville, le site présente certains désavantages géomorphologiques. Située dans la plaine alluvionnaire surplombée par des bassins versants, Bujumbura est vulnérable aux inondations en cas de fortes pluies. Le manque d’un aménagement adéquat provoque aussi des conséquences au niveau des écosystèmes du lac et de l’eau utilisée dans les ménages. Néanmoins, la ville a plusieurs chances de devenir propre et verte. En effet, pendant toutes les saisons, la ville ne se salit que sous l’action de l’homme. Sa pluviométrie permettrait de mettre en place facilement des espaces verts partout en ville. Aujourd’hui, ces niches de vie manquent cruellement, et particulièrement dans les nouvelles aires spontanées qui n’ont connu aucune planification de l’installation humaine.
La gestion des ordures reste une question épineuse dont les solutions efficaces sont toujours attendues. Qu’il s’agisse de dépotoirs installés en plein centre-ville ou de déchets éparpillés même dans les espaces publics, il est donc urgent de mettre en place une politique claire, axée sur le sens de la redevabilité, pour donner à la ville l’image que sa situation géographique mérite.
Pour une ville de Bujumbura « marchandise », il faut aussi envisager la réhabilitation des lieux publics dont les parkings et la voirie. Ce sont ces espaces qui accueillent en premier les visiteurs. Ainsi, ils donnent assez vite l’image de la ville et du pays. Leur état actuel est donc contraire à toute initiative de marketing, ce qui veut dire que des actions urgentes sont nécessaires.
Le lac Tanganyika, au bord duquel la ville est installée, dispose d’une superbe description qui peut être exploitée pour le marketing de Bujumbura. Plus long lac d’Afrique, deuxième lac d’eau douce le plus profond au monde et deuxième plus grand lac en volume d’eau douce en Afrique, sont des atouts intéressants pour stimuler l’attractivité de la ville. Tous ces éléments doivent être condensés dans une vision du court au long terme, pour transformer Bujumbura en une véritable ville « marchandise » qui contribue à l’équilibre des écosystèmes environnementaux.
Très pertinent. Cela devrait inspirer la planification urbaine à long terme, pas seulement à Bujumbura, mais aussi dans toutes les villes du pays.