La Regideso est actuellement régie par de nouveaux statuts. Des reformes innovantes ont été introduites dans un décret qui vient d’être signé par le chef de l’Etat. La production de l’eau basée sur des statistiques attend la nouvelle direction en charge de la planification.
Le 20 novembre 2023, le chef de l’Etat a signé un décret portant révision des statuts de la Régie de Production et de Distribution d’Eau et d’Electricité (Regideso). Les précédents statuts qui régissaient cette société de production et de distribution de l’eau dataient de 1989. Ces derniers « n’étaient plus en conformité avec d’autres textes intervenus après », ont estimé les membres du gouvernement, lors du Conseil des ministres le 6 novembre.
Parmi les reformes, deux nouvelles directions s’ajoutent, en l’occurrence la direction des études générales, statistiques et planifications ainsi que la direction du système d’information et archivage. Cela pour totaliser 7 directions.
L’innovation à saluer est que ces directeurs seront nommés après un processus de recrutement compétitif. Ils seront choisis parmi les trois meilleurs candidats sélectionnés par poste. Nommés par décret, le directeur général et ces directeurs auront un mandant de 4 ans, renouvelable sur base des résultats de performance.
Les nouveaux statuts évoquent également les causes de licenciement des directeurs. C’est en cas d’inéligibilité ou d’incompatibilité. Ils peuvent être révoqués sans indemnisation en cas de faute lourde, d’incompétence ou de négligence, pour corruption ou détournements de fonds.
L’autre innovation importante est la surveillance du ministère de tutelle. Le ministre en charge de l’énergie peut demander toute justification sur les activités et les comptes de la Regideso.
De la planification, la pierre angulaire
Ces derniers jours, les lamentations sur les coupures intempestives du courant électrique et de la pénurie d’eau fusent de partout. En mairie de Bujumbura, différents quartiers peuvent passer une semaine sans aucune goutte dans les robinets. Dans une synergie, différents médias ont, dans un long format, fait le tour de la question.
Le mieux serait que les nouveaux directeurs, et surtout celui en charge de la planification, s’atterrent à résoudre le problème de l’insuffisance d’eau, notamment en se basant sur des statistiques bien précises. En mai 2023, Ir Albert Manigomba, directeur général de la Regideso, a révélé que la production actuelle en mairie de Bujumbura était destinée à desservir les habitants de cette ville jusqu’en 2005, alors que la population n’a cessé d’augmenter exponentiellement. La production de l’eau n’a pas suivi la cadence de l’augmentation de la population.
Cela est ainsi au moment où cette ville est côtière du Lac Tanganyika, le réservoir d’eau douce. Plus de 85 % de l’eau utilisée à Bujumbura provient de l’unique station de pompage se trouvant dans le lac Tanganyika. Le mieux serait d’aménager une autre station de pompage pour doubler la production.
Eviter les intermédiaires à tout prix
La direction de la Regideso doit aussi se pencher sur le problème de la mauvaise gestion, notamment dans l’approvisionnement et la vente des matériaux. La décision du directeur général, de suspendre les sociétés privées sous-traitant dans la vente des matériaux de raccordement en eau et en électricité, doit être renforcée afin d’éviter les commissionnaires. Cette société doit avoir ses propres stocks et prendre en main la commercialisation du matériel. Les sociétés sous-traitantes sont accusées par les clients de vendre à des prix exorbitants. Les autorités de la Regideso doivent continuer la nouvelle politique de traiter directement avec les fabricants sans passer par les intermédiaires dans l’achat du matériel. A titre informatif, un transformateur qui coûtait 23 millions de Fbu avec les intermédiaires, coûte 9 millions de Fbu chez les fabricants. Avec cette politique, un compteur monophasé est passé de 242 000 Fbu à 125 080 Fbu. La Regideso doit faire face aux vols du matériel souvent évoqués.
Par ailleurs, les autorités de la Regideso doivent résoudre le problème de la vétusté du réseau électrique. La gestion de son personnel est également une priorité. En 2019, cette société comptait plus de 1200 agents. La masse salariale aurait des impacts dans la gestion financière de la boite. Le capital social de cette société fondée en 1962 était estimé à 55, 4 milliards de Fbu en 2019. Le nombre et la valeur des actions doivent être actualisés.