Par les temps qui courent, sauf quelques cas d’exceptions, les professionnels des médias ont du mal à décrocher des informations auprès des détenteurs de celles-ci. Ces derniers peuvent être bien des administratifs, universitaires ou même des responsables de la société civile. Où est-ce que ça coince ?
Pour ceux qui ne se retrouvent pas, nous parlons de ces autorités, de ces détenteurs de l’autorité publique qui ne répondent pas aux sollicitations des journalistes et des autres demandeurs/ chercheurs d’informations ou de services.
Mais ce serait incomplet si l’on se limite aux seuls officiels ou pouvoirs publics. La rétention de l’information, c’est aussi le cas des intellectuels (enseignants d’universités par exemple). Parmi les journalistes ou autres créateurs de contenus, qui n’a pas déjà récolté une fin de non-recevoir de la part de nos professeurs d’université, spécialistes de l’une ou l’autre question ? On peut peut-être les comprendre au regard de l’environnement politique. Mais on ne doit pas ignorer qu’il y en a qui choisissent le silence même pour de sujets loin d’être délicats. Ceci alors que l’on sait qu’un des rôles de cette intelligentsia consiste à « servir la communauté ».
La rétention de l’information concerne aussi les responsables des organisations de la société civile présents au Burundi qui ne sont pas toujours disposés à répondre chaque fois qu’ils sont sollicités, même sur des sujets moins sensibles.
L’absence de redevabilité, c’est aussi quand des citoyens demandeurs des services ne sont pas bien accueillis, bien traités par les responsables de l’administration publique. Qui n’a pas déjà passé plus d’une fois dans les bureaux d’un service public pour, infine, rentrer bredouille ? On rentre sans avoir été servi alors que les bureaux grouillent d’agents dont le principal devoir est de servir la population. Qui n’a pas constaté un certain clientélisme ou un deux poids, deux mesures dans l’administration ? Un deux poids, deux mesures basé sur des considérations politiques, entre autres.
Et la redevabilité/transparence dans tout ça ?
Vous l’aurez donc compris. Dans ces conditions, difficile de parler de redevabilité de la part des agents de l’administration envers les administrés. « C’est quoi ces terminologies compliquées que vous nous sortez là ? », pourriez-vous vous demander. Pas de souci. Une petite leçon de science politique pour tout comprendre. La redevabilité ou accountability comme disent les anglo-saxons exige que les dirigeants à tous les niveaux rendent compte de leurs actions et leur gestion devant la population ou ses représentants.
Quant à la transparence, ce corollaire indispensable de la redevabilité, elle se veut être « un flux accru d’informations de nature économique, sociale et politique idoine, etc., qui soit fiable, accessible à tous les acteurs concernés ». Elle suppose non seulement la disponibilité de l’information, mais aussi sa fiabilité et son accessibilité à une gamme de parties prenantes réelles et/ou potentielles.
Maintenant que nous venons débroussailler le terrain, ne pensez-vous pas que chaque fois qu’une autorité ne répond pas aux doléances des administrés, chaque fois que cette autorité ne communique pas aux citoyens, chaque fois qu’elle ne se montre pas coopérative, eh bien, cette autorité fait obstructions à ces principes élémentaires de gouvernance que sont la redevabilité et la transparence. Et qu’à ce titre, les citoyens sommes en droit de lui demander des comptes ?