L’ethnie, cette notion complexe, toujours un peu ou très taboue, comporte des aspects qui méritent qu’on s’y penche. Le Burundi est traditionnellement une société patrilinéaire où l’appartenance ethnique des enfants est souvent associée au père. Mais dans ce cas précis, le père étant étranger, cela peut donner lieu à des confusions. Discutons-en.
Comme vous le savez, les Burundais appartiennent à trois groupes ethniques, à savoir les Hutu, les Tutsi et les Twa. On a vécu ainsi pendant longtemps, mais depuis un moment, il s’avère qu’il est temps de reconsidérer les choses. En effet, avec la mondialisation, l’immigration et d’autres phénomènes, les locaux ont rencontré les étrangers, et la nature aidant, se sont mariés. Il est donc courant d’entendre : « Mon père est Tanzanien et ma mère est Burundaise ! ». Au-delà de cela, il y a les mulâtres, qui sont à cheval entre les deux races blanche et noire. Pour ceux-ci, si leur père n’est pas Burundais, cela peut susciter une question : « De quelle ethnie sont-ils ? ».
En profane que je suis, je n’ai pas souhaité émettre ma propre analyse. J’ai laissé ce soin à quelqu’un de plus calé que moi en la matière. Et voici ce qu’il en dit.
« La société burundaise ne tolère pas la différence »
La question de l’ethnie est très complexe, me prévient d’entrée de jeu Éric Ndayisaba, Professeur associé en Histoire et enseignant à l’École normale supérieure, à qui je me suis adressé pour en apprendre un peu plus. « C’est davantage plus compliqué pour les métis. Si le père est étranger, il héritera de son ethnie, s’il en a. Sinon, il peut hériter de l’ethnie de sa mère comme on peut le voir pour Gaël Faye, qui se revendiquait comme Tutsi d’origine par le biais de sa mère rwandaise. »
L’équation est résolue, dirait-on. Mais ce n’est jamais si simple, car les métis sont toujours considérés comme des étrangers (abazungu). Et comme jusqu’à aujourd’hui notre société ne tolère pas la différence, ces métis rencontrent un problème de reconnaissance, explique le professeur Ndayisaba.
« En Ouganda, par exemple, on reconnaît l’ethnie des Bahindi comme étant des citoyens ougandais d’origine indienne. Mais au Burundi, selon l’accord d’Arusha, seules les trois ethnies sont reconnues : Hutu, Tutsi et Twa. Lacune : on ignore les Burundais qui ne se retrouvent pas parmi ces trois groupes. »
Être Burundais, au-delà de son ethnie
Fort de tous ces nouveaux éléments, j’en suis venu à me poser une question : n’est Burundais que le Hutu, le Tutsi, ou le Twa ? Puisque les temps ont changé, pourquoi ne pas revoir les standards sous un œil nouveau ? Et puis, si un des parents est Burundais, cela n’est-il pas suffisant que l’on appartienne à une ethnie ou pas ?
Pour moi, être Burundais est plus qu’une ethnie. Que nous soyons de père ou de mère étrangers, que nous soyons reconnus comme appartenant à une ethnie ou pas, nous sommes et resterons toujours Burundais pour toujours.

Ça nous aide à comprendre l’histoire.