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Prêt du FMI : à l’unisson dans le sacrifice et la douleur

Le récent prêt du Fonds Monétaire International a suscité des avis contraires. D’un côté, les pessimistes considèrent que rien ne va changer et que pire, ce prêt risque de rendre la situation plus complexe. D’un autre côté, les optimistes estiment que cet accord est le remède contre les maux qui hantent notre économie agonisante. Pour notre analyste, il faudrait plutôt débattre sur les voies de sortie de ce marasme. Analyse.

Nécessaire mais pas suffisant pour ceux qui ne voient jamais que le verre à moitié plein. Trop peu et trop tard, pour d’autres pointant du doigt la partie du verre désespérément vide. Nous l’aurons tous compris. Il s’agit du prêt du FMI qu’a reçu le Burundi. Cette enveloppe est estimée 261,7 millions USD dollars sur 40 mois. 

Bref, entre bouffée d’oxygène pour certains et petite goutte d’eau dans un océan de nos besoins des financements, les avis sont trop partagés. A mon sens, ce n’est pas le moment de débattre sur le prêt reçu. Plutôt, il faut débattre sur les voies et moyens sortie de ce marasme. 

Le prêt, un mal nécessaire

D’abord, il ne faut pas sous-estimer cet accord.  Les pessimistes omettent que dans cette situation très particulière dans l’histoire économique du Burundi, ce prêt du FMI est un mal nécessaire. 

Le  constat est affligeant. À chaque jour suffit sa peine. Les prix sur le marché s’envolent autant que nos espoirs. Ce rouleau compresseur de l’inflation emporte tout sur son passage. L’investissement n’est plus qu’un souvenir lointain, embarquant dans sa chute la production et les emplois. 

D’ailleurs, l’épargne est aussi du domaine du passé et le spectre de la faillite et du défaut de remboursement et de paiement hantent tous les esprits des commerçants. Quid de la production ? Celle-ci n’est pas suffisante pour nourrir les nombreuses bouches. 

Évidemment, cette panoplie de problèmes maléfiques érode le pouvoir d’achat et signe la chute définitive de l’espoir du citoyen lambda, aujourd’hui, déprimé, désemparé, qui renonce même à se battre pour un avenir meilleur. Résilience, avez-vous dit ? 

Chaque jour qui passe, riche en promesses et en projets, sape notre potentiel productif, notre capacité de rebondir, autant que nos réserves de changes. En septembre 2014, celles-ci couvraient, 4,4 mois d’importation pour tomber, en septembre 2022, à 1,8 mois. Rien ne laisse présager la moindre remontée. Bien au contraire : le pire semble pointer à l’horizon. Et c’est là que réside le danger imminent, si nous n’y prenons pas garde. Car, derrière cette hémorragie, pointe la menace bien réelle d’un décrochage massif et brutal du BIF, auquel cas, le pays connaîtrait ses heures les plus sombres. Voilà pourquoi ce prêt est un mal nécessaire pour notre pays.

Cependant, ce prêt ne résoudra pas tous nos problèmes…

Les optimistes se trompent. Il ne faut pas crier victoire très rapidement. Ce prêt n’est pas la solution magique. Il faut d’abord se convenir sur une chose importante. Tout pays bénéficiaire de ce prêt est malade. Le FMI ne choisit pas ses malades. Ce sont ces derniers qui viennent vers lui. Et très souvent, comme nous, ils viennent lorsqu’ils sont à un stade avancé de la maladie.

Dans cet état, bien que nous redoutons les exigences de notre médecin et son ordonnance médicale, nous nous y résolvons malgré nous, par peur du naufrage financier. Nous y consentons, contraints et forcés, sans autre bouée de sauvetage à l’horizon. Pour bénéficier de son traitement, le préteur exige des réformes. Sachons bien, elles sont douloureuses ! Ce sont des pilules amères pour les uns, une drogue douce pour d’autres moins récalcitrants. Attendons-nous, avec ces réformes, à des conséquences sur notre quotidien. Sans doute que les prix, les taxes, etc. prendront l’ascenseur d’ici peu.

Mettons notre économie sur les rails

Pour le moment, cet accord n’est pas suffisant pour mettre fin à notre calvaire. Les problèmes du Burundi sont beaucoup plus profonds que nous le pensons.  Pour s’en sortir, nous allons falloir travailler à bras-le-corps sur les réformes douloureuses, et non moins budgétivores. 

La question cruciale nécessitant une réponse est alors : « Comment redresser notre économie et construire un nouveau modèle de développement compatible avec notre vision démocratique autrement qu’en menant la guerre à tous les maux qui ont précipité notre dégringolade ? » C’est une guerre sans répit qui exige d’avoir au sommet un commandant sachant mener sa troupe au combat, en resserrant les lignes, dans un élan de reconquête, à l’unisson dans le sacrifice et la douleur. 

In fine, la balle est désormais dans le camp de l’Etat, principal architecte des politiques nationales. Nécessité fait loi : l’Etat ne doit d’aucune manière déroger à son devoir de modèle  ni s’exonérer de sa part de sacrifice en réduisant son train de vie, pour libérer l’investissement et la production. 

 

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