A moins d’une année des élections législatives, pourquoi s’observe-t-il une absence de débat contradictoire sur les questions d’intérêt national ? Quid de la responsabilité des partis de l’opposition dont les chefs de file brillent par un silence assourdissant ?
Mai 2021. Presqu’une année après les élections générales qui ont propulsé Evariste Ndayishimiye à la tête du pays, j’étais intrigué par le silence assourdissant de l’opposition sur les enjeux du moment. J’ai fait part de mes interrogations ici. Quatre ans après, j’ai la triste impression que rien n’a changé depuis. Face aux moult défis qui minent le pays, il est rare, très rare, d’entendre les voix de l’opposition à l’intérieur du pays. Et pourtant, ce n’est pas un manque de matière à débattre. Au contraire.
La dernière pénurie du carburant par exemple (j’ai dit dernière ? elle menace pourtant de frapper encore). Si le sujet a tenu le public en haleine, il n’a pas été suffisamment récupéré par les politiques burundais. Seuls les réseaux sociaux se sont fait l’écho de la question. Une ratée pour les critiques de Gitega qui auraient pu profiter du moment pour proposer des solutions et se poser par là en alternatives fiables lors des rendez-vous électoraux qui arrivent à grand pas.
Des sujets de préoccupation à foison
Que dire de cette flambée incessante des prix ? C’est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Même les statistiques confirment l’inquiétude des Burundais. Mais là aussi, l’opposition est aux abonnés absents. Là aussi la voix des concurrents potentiels au parti de l’aigle est inaudible. Exception faite des quelques interventions ponctuelles dans les rares médias qui osent encore prêter le micro à un autre son de cloche, rares sont les initiatives structurées pour mobiliser l’opinion autour de ces questions qui préoccupent le burundais lambda.
Quid du redécoupage territorial qui, à la veille des législatives de 2025, risque de rabattre les cartes sur le plan électoral et devrait avoir des implications sur le contenu même de la constitution ? Et le code électoral, on en (re)parle ? La ceni et la problématique de l’inclusivité (ou pas) de ses démembrements ? Autant de questions qui, dans des conditions optimales, auraient fait objet de débats acharnés au sein de la classe politique et de la société civile.
Les conditions sont-elles réunies pour un débat contradictoire ?
Je vous vois déjà me retourner la question. Et croyez-moi je n’ai pas envie de vous contredire si vous pensez qu’elles ne sont pas réunies. Entre le climat malsain dans lequel évoluent les partis politiques de l’opposition et leur faiblesse structurelle, un observateur avisé de la politique au Burundi est conscient que la crise de 2015 a redistribué les cartes et reconfiguré les paysages politique et médiatique. Rien n’est plus comme avant. Trop facile alors de les accuser de rester silencieux face aux défis du pays alors qu’ils évoluent dans un contexte qui tolère mal la critique.
Et pourtant, l’absence du débat contradictoire ne profite pas non plus au pouvoir. Les bénéfices d’un climat propice au débat contradictoire, à la critique et à l’expression libre des idées sont supérieurs aux risques plus que l’on a tendance à l’admettre au sein du parti de l’aigle.
La crise politico-mediatique de 2015 a poussé les partis politiques de l’opposition manifestant exclusivement au décision des politique de l’intérêt. Et les médias sont dans le silence pour les questions politiques à cause des suspensions des entreprises de presses des années passées qui avaient dans leurs lignes éditoriales le traitement des sujets politiques. Je me demande si les journalistes burundais sont encore des watchdogs de la démocratie ?