article comment count is: 3

[Opinion] Une lettre au Pr Léonce Ndikumana : « Vous criez dans le désert ! »

Ce n’est pas la première fois que Pr Léonce Ndikumana met le paquet pour exposer des éléments très pertinents qui devraient tirer le Burundi de la pauvreté. Comment juger la récente conférence-débat qu’il vient d’animer ce 20 août ? La conférence de trop ?, s’interroge ce blogueur. Une raison suffisante pour rédiger et envoyer une missive à l’éminent professeur. 

Cher Professeur,

Vous ne ménagez aucun effort pour expliquer à nos dirigeants, chiffres à l’appui, pourquoi  nous sommes parmi les pays les plus pauvres du monde. Votre mission est noble.

Mais, ce qui me pousse à vous écrire, c’est parce que votre présence devant les autorités n’est pas nouvelle, votre thème de fuite des capitaux aussi. Il est revenu dans d’autres conférences comme les deux éditions du forum national de développement où vous étiez d’ailleurs l’orateur, dans les deux éditions du forum national du secteur privé et dans les cinq éditions du Burundi Economic Summit.

Le hic, cher Professeur, est que l’éveil des consciences concernant les fuites des capitaux que vous avez suscité et que vous continuez à susciter ne semble pas produire des fruits. Pourquoi ? Parce que ce sont les mêmes invités, les mêmes que le président de la République ne cesse de dire qu’ils mettent les bâtons dans les roues de l’économie burundaise. Ce sont eux vos auditeurs. C’est la raison pour laquelle nous les voyons remplir de leurs carnets vos recommandations, sans que les choses changent.

À voir les questions qui ont été posées par nos dirigeants lors de la conférence du 20 août, il est paradoxal de constater que les ateliers censés être des occasions d’échange et de réflexion, se transforment souvent en véritable gouffre qui avale le temps. En visionnant la vidéo de votre récente conférence et l’ancienne vidéo de la deuxième édition du Forum national sur le développement, nos dirigeants ont les mêmes questions. L’étonnement qu’ils affichent après vos exposés, comme si c’est la première fois qu’ils assistent à vos conférences, me frustre. C’est comme si les réponses que vous donnez passé par-delà  leurs oreilles.

Cher Professeur,

Il semble que nous soyons enfermés dans un cycle infernal de réunions interminables, où chaque conférence est une réplique de la précédente. Ce cycle mérite d’être cassé. Il ne faut pas que les mêmes sujets continuent à être abordés, les mêmes discussions à être répétées, et les mêmes conclusions à être tirées, mais sans qu’aucune décision concrète ne soit jamais prise à la fin. Cette situation génère une frustration croissante qui m’a poussée à vous écrire. Il faut arrêter d’être le dindon de la farce de ces conférences qui n’apportent aucun résultat tangible. Il est temps de se demander si ces réunions sont réellement nécessaires ou si elles ne servent que de diversion par rapport aux problèmes plus profonds auxquels le pays fait face.

La leçon ? Elle est simple : sans un changement de mentalité, il y a peu de chances que les choses changent via ces débats et conférences. Pour clore, et pardonne-moi pour ma frustration, il est essentiel de débattre, de discuter de la macro-économie. Mais il est tout aussi crucial que ces conférences apportent une valeur ajoutée. La multiplication de tels événements sans un impact réel peut contribuer, à la longue, à décrédibiliser le leadership  et à saper le moral des citoyens qui attendent  impatiemment l’amélioration de la situation socio-économique du pays.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (3)

  1. Il faut que le gouvernement décide, le parlement légifère, la justice soit rendue. Si non, on continuera à rêver l’état de droit!

  2. Les dirigeants burundais devraient changer de mentalité,les pilleurs devraient être punis sans complaisance sinon le pays n’a pas de meilleur lendemain…mon pays va mal à cause des dirigeants qui veulent remplir leurs poches …. Dommage

  3. Oui, il fau un changement de mentalité des auditeurs sinon le professeur va continuer à crier dans le désert, et j’ai peur qu’un jour il se lassera et retournera dans l’ombre comme avant. Mais, merci au Prof Leonce pour ces idées. moi je le ferai volontiers ministre des finances ou premier ministre si seulement j’étais président de la République