Après révocation de la société BMM dans l’exploitation du nickel de Musongati, le nouveau venu à savoir l’East African Region Project Group, promet de payer une redevance annuelle de 500 millions de dollars américains pendant dix ans. Caution ou « Umurwazo » ? C’est là toute la question.
C’est un pognon de 1,5 milliard de dollars américains par an pendant 10 ans qui a été mise sur la table par le nouveau exploitant des mines de Nickel de Musongati. Soit 15 milliards de dollars en tout. Ce n’est pas tout, 500 millions de dollars redevance seront versés par l’East African Region Project Group. Interrogé lors de la récente émission publique des porte-paroles de différentes institutions, le porte-parole du gouvernement a indiqué que cette redevance annuelle va servir de caution de garantie. Et pour que ce mémorandum ne devienne pas caduc, une durée de deux mois a été fixée pour le transfert des fonds de la première tranche en espèces, auprès de la banque centrale. 33,3 % de cette somme iront directement au trésor de l’Etat du Burundi pour être comptabilisé en recettes budgétaires, 15 % seront utilisés pour des projets d’intérêt public initiés par les parties, et 51,7 % serviront à l’exploitation du nickel.
Plus qu’une caution
Plusieurs questions subsistent. Comment une compagnie minière va jusqu’à verser des millions de dollars dans les caisses de l’Etat avant même de sortir une seule tonne de minerai du sous-sol au moment où l’électricité nécessaire ou encore le chemin de fer pour le transport du nickel ne sont encore là.
Au vu de ces questions, cette redevance n’est-elle pas comparable à l’umurwazo ? Ce dernier est une pratique punissable par l’article 299 du code pénal, qui consiste à vendre sur pied la récolte avant la moisson parce qu’on est pauvre pour attendre la moisson. Et finalement, c’est le commerçant qui profite de la récolte à la place du cultivateur.
Vigilance
Quand le gouvernement parle de caution, nous savons que cette dernière est un genre de dépôt de garantie. C’est une somme d’argent versée par le locataire à l’entrée des lieux, pour garantir les éventuelles créances du bailleur. Souvent, cette somme est conservée par le bailleur pendant toute la durée de la location, puis en principe, restituée pour tout ou en partie au locataire après son départ. Avec ce mémorandum, comment alors une caution change et devient recette budgétaire ? En plus, cette redevance a été calculée en fonction de quoi ?
En intégrant cette somme dans le budget national, le Burundi ne prend-il pas le risque de tomber dans les mêmes erreurs que nos agriculteurs ? Encore plus dangereux, le prix du nickel ne cesse d’aller crescendo (ayant passé au début de l’année de 20.000 à 100.000 de dollars américains la tonne au marché londonien des métaux suite à la guerre Russie-Ukraine), et le Burundi n’est pas membre de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE).
Une vigilance s’impose donc dans l’exploitation de ce patrimoine (6 % des réserves mondiales de nickel) sur qui le Burundi compte pour son émergence économique.