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Mariages interethniques : quid des enfants issus de ces unions ?

Les mariages interethniques sont devenus fréquents ces dernières années au Burundi, grâce aux efforts du gouvernement et de ses partenaires pour promouvoir l’unité nationale. Toutefois, ils restent encore mal perçus dans certains cercles. Pendant les crises cycliques que le pays a traversées, les enfants issus de ces unions faisaient parfois face à des pressions, voire à un rejet de la communauté, injustement. Voici ce que j’en pense.

Il n’est plus un secret pour personne que le mariage entre personnes de différentes ethnies est souvent vu d’un mauvais œil. Il y a quelques années, ces unions étaient carrément inadmissibles, pour ne pas dire un sacrilège. Et pour cause : les Hutus et les Tutsis se sont entretués. Tomber amoureux de l’« ennemi » était inimaginable. Heureusement, les choses ont changé.

Aujourd’hui, les esprits se sont calmés, grâce aux sensibilisations menées par un gouvernement désireux de dissiper les tensions. Pourtant, ces unions soulèvent encore parfois des protestations, et la pression qui en découle peut peser lourdement sur le couple, ainsi que sur leurs enfants.

Hutu, Tutsi… qui suis-je ?

Issu d’un père hutu et d’une mère tutsi, ou vice-versa, l’enfant est censé hériter de l’ethnie de son père, puisque la société burundaise est patrilinéaire. Mais la réalité est rarement aussi simple. Un ami m’a raconté qu’au cours de la guerre, un enfant issu d’un mariage mixte pouvait être rejeté par les deux groupes ethniques (hutu et tutsi), car chacun se méfiait de lui, le considérant comme appartenant à l’autre camp. Cela créait un réel problème d’appartenance chez l’enfant. Imaginez : des grands-parents qui ne veulent pas de lui, des oncles qui ne l’acceptent pas, des cousins qui le stigmatisent, des camarades de classe qui lui rappellent sans cesse sa condition d’« hybride ». Il devait se sentir comme le vilain petit canard.

Aujourd’hui, les choses ont évolué, mais comme on dit en kirundi, « karacarimwo ». Avec la nouvelle génération – qui n’a pas vécu les affres de la guerre civile – la question ne pose plus autant de problèmes ni de rancœurs qu’auparavant. En y réfléchissant bien, on constate que les conflits entre ethnies perdurent souvent à cause de nos aînés. Ils racontent des faits d’une manière qui ne fait que nous ramener en arrière…

Raconter l’histoire, mais pas la travestir

Oui, il y a eu des conflits, oui, il y a eu des morts, et tout cela fait partie de l’histoire que chaque enfant doit connaître. Mais il existe une manière d’en parler, une façon de l’aborder qui permettrait de normaliser, entre autres, les unions interethniques.

Les enfants ont besoin de connaître leur histoire, mais il ne faut pas les imbiber d’idées haineuses qui ne feront que perpétuer cet interdit flottant autour du mariage mixte, et qui se répercute aussi sur les enfants issus de ces unions.

Je ne dis pas qu’il faut déformer l’Histoire, mais plutôt la transmettre de manière à favoriser l’entente et l’acceptation de l’autre. Les enfants ne doivent pas répéter les erreurs commises par leurs parents. Et c’est aux parents de faire en sorte que cela ne se produise pas.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Selon moi je pense que le gouvernement devrait promouvoir ce genre d’union quitte à donner des primes à la nouvelle famille cela pourrait dissipée complètement ce genre de conflit de se reproduire à l’avenir et aussi les partis politiques devraient savoir comment sensibiliser leurs électeurs au lieu d’utiliser le passé comme une forme d’arme pour gagner les élections