Les prévisions du projet de loi de Finances pour l’exercice 2025-2026 sont désormais connues. Le budget général de l’État est arrêté à 5 227,06 milliards BIF. Le déficit budgétaire, entièrement couvert par des financements intérieurs, s’élève à 436,95 milliards BIF. La Cour des comptes met en garde contre le recours excessif à cette source de financement, qui pourrait fragiliser le secteur privé.
Vendredi 2 mai 2025, les députés ont adopté le projet de loi fixant le budget général de l’État pour l’exercice 2025-2026. Les dépenses s’élèvent à 5 227,06 milliards BIF, contre 4 732,39 milliards BIF pour le budget révisé de 2024-2025, soit une augmentation de 10,5 %. Les dépenses courantes dominent, atteignant 2 719,67 milliards BIF, contre 2 507,39 milliards pour les investissements.
Selon Nestor Ntahontuye, ministre des Finances, cette hausse s’explique par la mise en œuvre des projets prioritaires du gouvernement et par l’augmentation de la masse salariale, qui passe de 1 106,31 milliards à 1 192,21 milliards BIF.
Les ressources, constituées des recettes collectées par l’OBR et des dons, augmentent de 13,7 %, pour atteindre 4 790,11 milliards BIF, contre 4 211,22 milliards lors de l’exercice précédent. Dans le détail, les recettes fiscales représentent 2 207,99 milliards, les recettes non fiscales 904 milliards, tandis que les dons s’élèvent à 1 326,82 milliards BIF.
Face à ces chiffres, le déficit budgétaire se creuse à 436,95 milliards BIF, entièrement couvert par un financement intérieur. La Cour des comptes a toutefois exprimé ses inquiétudes devant les parlementaires : « Le recours excessif au financement intérieur pour combler le déficit risque de compromettre les efforts du secteur privé et la mobilisation des ressources nécessaires à son développement. »
De nouvelles dispositions introduites
Ce projet de loi de Finances introduit plusieurs nouvelles mesures, tandis que d’autres sont modifiées, avec pour objectif de renforcer le contrôle et la mobilisation des recettes, tout en maîtrisant et en améliorant l’efficacité des dépenses.
Ainsi, la redevance sur les exploitants artisanaux ou semi-mécanisés de minerais passe de 7 % à 16 %. Le ministère des Finances espère en tirer 130 milliards BIF. Une redevance informatique de 0,25 % sera désormais appliquée à chaque déclaration douanière, avec un impact attendu de 17 milliards.
Une surtaxe de 15 % sera imposée sur les importations de fer à béton, dans le double objectif de préserver les devises et de favoriser les entreprises locales productrices. Cette mesure devrait rapporter 652 millions BIF.
Un système de valorisation des boisements de l’État sera mis en place, avec une recette attendue de 150 milliards BIF. Une redevance administrative de 1 % est également instaurée, avec un impact budgétaire estimé à 36 milliards BIF.
Dans la lutte contre la fraude, une amende administrative de 50 millions BIF par conteneur sera infligée à tout importateur qui échapperait au contrôle douanier.
Quid des grandes allocations prévues ?
D’après le projet de loi, la majeure partie du budget est consacrée aux dépenses courantes. Ainsi, 1 131,2 milliards BIF (soit 21 % du budget) seront affectés au remboursement de la dette intérieure et extérieure. Les dépenses de défense nationale s’élèveront à 655,8 milliards, tandis que 284,1 milliards seront alloués au renforcement des capacités institutionnelles et opérationnelles de la police nationale.
Parmi les projets d’investissement majeurs figure la construction du tronçon ferroviaire Malagarazi–Musongati (30 km), pour un coût estimé à 250 milliards BIF. En parallèle, 308,7 milliards seront mobilisés pour rendre disponibles et distribuer les engrais et la dolomie auprès des agriculteurs durant toute la saison 2026.
La loi de Finances, une fois promulguée, entrera en vigueur le 1er juillet 2025. Cette année, une avancée notable est observée dans le calendrier de son adoption. Alors que l’analyse du projet débutait traditionnellement à peine deux semaines avant la promulgation, elle intervient cette fois dès les premiers jours de mai. Espérons que nos « chers représentants » prendront le temps nécessaire pour l’examiner en profondeur, dans l’intérêt du citoyen et du pays.