Le président français Emmanuel Macron vient de clôturer une tournée en Afrique centrale. La dernière étape de sa tournée l’a conduite à Kinshasa, la capitale congolaise. A la fin de sa visite, les deux chefs d’Etats ont tenu une conférence de presse. Les échanges n’ont pas été tendres, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais le Premier des Français aura été sincère, un peu trop au goût de certains observateurs.
Le président français Emmanuel Macron n’a que faire de l’adage qui dit que « toute vérité n’est pas à dire ». Selon certaines réactions des internautes et analystes, il a mis de côté la diplomatie, il a craché des vérités très dures qui devraient interpeller les chefs d’Etats africains. Parmi ces couleuvres dures à avaler, il paraît que les africains de devraient pas continuer à chercher des alibis pour justifier le sous-développement de l’Afrique, les conflits, etc.
« Depuis 1994, ce n’est pas la faute de la France, pardon de le dire dans des termes aussi crus, vous n’avez pas été capables de restaurer la souveraineté, ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative de votre pays. Ça c’est une réalité. Il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur », a déclaré le président français Emmanuel Macron, en s’adressant au président congolais Félix Antoine Tshisekedi.
Des vérités qui ne sont pas souvent dites face à face quand il s’agit de deux chefs d’Etats qui animent une conférence de presse. Souvent, on se perd dans des discours diplomatiques, des échappatoires, des langues de bois, etc.
D’après ses propos, le président français se dit d’ailleurs conscient de la gravité de la situation en RDC : « On en est à cette situation qui a conduit à des drames absolus à cette deuxième guerre avec des millions de morts qu’on ne doit pas oublier, à la nécessité aussi que c’est une responsabilité qui doit se faire ici et pas à la France de le faire. »
Autrement, le président français Emmanuel Macron a appelé les Congolais (les Africains) à gérer leurs problèmes, à résoudre leurs conflits, leurs guerres et à ne pas toujours chercher des bouc-émissaires.
Reconnaissant une certaine main des puissances extérieures dans les guerres qui se passent en RDC, le président Emmanuel Macron a indiqué néanmoins que des Congolais participent aussi à la destruction de leur propre pays : « Ce n’est pas une question de dénonciations, je l’ai fait, nous l’avons fait … Parler d’agressions, on l’a fait. Par des groupes. Des groupes qui sont d’ailleurs des groupes incluant aussi des Congolais. Vous le savez que moi. Ce n’est pas une agression d’une puissance extérieure. »
Et de réitérer le soutient de la France à la RDC contre à la fois ces pillages, la volonté de balkanisation.
« A nous d’en saisir l’opportunité »
« A mes yeux, comme peu de leaders étrangers, Macron s’est adressé à nous les Africains en toute sincérité, sans diplomatie classique peut-être, mais avec la véritable diplomatie moderne consistant à parler vrai pour ouvrir des opportunités nouvelles. Sans nostalgie ni sentimentalisme, mais plutôt avec respect », a réagi Jean-Marie Ngendahayo, sur son compte facebook. Pour cet ancien ministre des relations extérieures, le président Macron est remarquable. Des déclarations qui, selon M. Ngendahayo, devraient interpeler les Africains : « Que les chefs d’Etats progressistes – ou révolutionnaires, les mots importent peu, s’assemblent pour créer un noyau source de progrès, d’ouverture vigilante au reste du monde, de probité afin que cessent la corruption et les iniquités. »
Selon lui, ce foyer s’appuierait sur les cerveaux africains et étrangers mis à contribution, sur la jeunesse intrépide et sans complexe désireuse d’un africanisme qui repose sur la fraternité et le partage.
S’appuyant sur ces déclarations du président français qui expliquent que dans ce processus, « les rois fainéants, les corrompus et les tortionnaires seraient isolés puis maîtrisés par la force des choses. », M. Ngendahayo indique : « Le progrès, la paix et un développement harmonieux sont des réalités contagieuses si elles sont menées à l’échelle supranationalité ». Et de se résumer : « C’est en ce sens que j’interprète le discours du président Emmanuel Macron. Il peut ne pas satisfaire toutes nos attentes, mais il brille sans conteste de mille feux de générosité et de sincérité. A nous d’en saisir l’opportunité, la portée, la nouveauté et, je dis, l’amitié ».
« Voler l’Afrique pour enrichir l’Europe »
« En fait, le président Macron nous a fait un clin d’œil. Ses propos envers le président congolais sont à prendre au sérieux. Il nous a dit la vérité malgré qu’elle soit blessante », commente un autre analyste politique.
S’exprimant sous anonymat, pour des raisons personnelles, il déplore d’ailleurs le fait que les Africains continuent de justifier le sous-développement du continent par la colonisation : « Comment expliquer qu’un pays indépendant, il y a plus de 50 ans, dit que son sous-développement est lié à la colonisation ? C’est un alibi qui ne tient pas. »
D’après lui, cela démontre que le manque de leadership de la plupart des Chefs d’Etats africains. « La RDC est le pays le plus riche en sous-sol. Mais, regardez comment il est très pauvre, un pays qui connaît des guerres interminables, des conflits, où grouillent des groupes rebelles. Et dans les rangs de ces rebelles, il n’y a pas d’occidents. Ce sont des Congolais contre les Congolais, des Rwandais contre les Congolais, des Burundais, … », détaille-t-il.
Ce politologue se dit aussi très touché de voir que ce sont des chefs d’Etats africains, leurs proches, etc. qui sont souvent pointés du doigt dans les dossiers de blanchiment d’argent. « Et cet argent est souvent stocké dans les banques européennes. Ce qui signifie qu’ils volent l’Afrique pour enrichir l’Europe. Et vont-ils dire que c’est la faute aux Européens ? Il faut donc prendre au sérieux le message du président Macron », conseille-t-il aux leaders africains.