Pour la première fois, annonce-t-il la Banque centrale a lancé un appel à la souscription aux Bons de la BRB elle-même pour 52 semaines à des taux compétitifs. Les participants non bancaires ont été invités à approcher leurs banques commerciales respectives pour que ces dernières puissent leur assister dans la création des comptes titres et dans la soumission de leurs offres. Mais qu’est que cela signifie pour le citoyen lambda ? Techniquement, comment cela va-il fonctionner ? Quelles motivations derrière cette politique monétaire et surtout ses implications sur le marché financier ?
En date du 22 janvier 2025, le régulateur du système financier a annoncé l’adoption de ses titres comme un nouvel instrument de politique monétaire. « Ce dernier constitue un outil alternatif d’intervention de la BRB dans la gestion de la liquidité et la promotion du développement du marché financier », informe Edouard Normand Bigendako, le Gouverneur de la Banque de la République du Burundi (BRB) à travers un communiqué.
Le régulateur du système financier vient de lancer un nouvel instrument de politique monétaire, en l’occurrence les titres de la Banque centrale. Contrairement aux titres du trésor qui permettent à l’Etat de lever des fonds, les titres de la BRB constituent un outil alternatif d’intervention de cette banque dans la gestion des liquidités et la promotion du marché financier. Eléments de décryptage pour saisir les rouages de ce système financier dont le fonctionnement échappe à plus d’un.
Techniquement, comment ça fonctionne ?
Pour mieux appréhender ces notions si complexes, il importe de considérer les titres comme des actions d’une entreprise donnée. À chaque action, correspond une valeur nominale. Ce qui permet aux acheteurs potentiels de proposer leurs offres pour intégrer l’actionnariat de ladite entreprise. En achetant un bon du Trésor, une personne prête de l’argent à l’État et devient, en quelque sorte, son créancier. L’achat d’un bon du Trésor se fait généralement à court terme, c’est-à-dire sur une période allant d’un mois à un an. Un bon du Trésor permet à un État d’obtenir des liquidités à court et à moyen terme.
Marché primaire Vs. marché secondaire
Le marché monétaire mobilise des centaines de milliards de BIF auprès des géants de la finance. Il s’agit d’un marché à la fois physique (bureau de la BRB) et virtuelle (Dépositaire central des titres) qui rassemble des investisseurs qui placent leurs capitaux, l’émetteur des titres à la recherche des capitaux, des intermédiaires (Spécialiste en valeur du trésor ou SVT) qui facilitent leur rencontre et un régulateur (BRB). Ce sont ceux-là qui animent un marché financier.
Depuis 2007, l’Etat via la BRB lance régulièrement des appels de souscription pour acheter les bons et les obligations du Trésor sur le marché primaire des titres du Trésor. Les banques commerciales, les institutions et les particuliers qui remplissent les conditions peuvent acheter ces titres.
Faute de liquidités, les investisseurs locaux se sont montrés réticents à participer au marché primaire, surtout pour le cas des obligations. C’est ainsi qu’en 2018 la BRB a créé un marché secondaire des titres du Trésor où on peut revendre les titres avec une marge de plus ou moins 10 % du pourcentage auquel on les a achetés sur le marché primaire.
Positionnement des banques commerciales
Pour le moment, une dizaine de banques participent au dudit marché en qualité de SVT. En principe, les SVT ne sont que des intermédiaires financiers. Au Burundi, seules les banques commerciales remplissent les trois conditions requises pour devenir un SVT : avoir un capital minimum de 3 milliards de BIF, disposer d’un système de conservation et de gestion des titres du Trésor et des facilités d’accès aux liquidités de la Banque centrale.
Les intermédiaires financiers accrédités ont la mission de participer régulièrement au marché des titres et d’animer le marché secondaire. Ils sont les seuls habilités à revendre les titres du trésor à d’autres particuliers ou institutions sur le marché secondaire. Les SVT doivent être prêts en permanence à acheter et à vendre ces titres à l’intérieur d’une fourchette de prix. Le plus souvent les obligations sont revendues à des compagnies d’assurance qui les intègrent dans des produits d’assurance-vie, mais elles peuvent aussi être achetées par d’autres types d’institutions financières (fonds de pension, Banque centrale…).
Des modalités de participation au marché
L’accès au marché des titres de la BRB est libre et ouvert à toute personne physique ou morale résidente ou non résidente, remplissant les conditions techniques et financières nécessaires pour faire les transactions sur ce marché. Toutefois, si elle le juge nécessaire, la BRB peut réserver l’accès au marché primaire aux seules banques commerciales ou aux seuls participants non-bancaires.
Toute personne physique ou morale peut investir dans l’achat des titres de la BRB. Il suffit d’avoir un compte ou sous compte-titres dans le Dépositaire Central des Titres (CSD) et un compte courant dans le système de paiement et règlement RTGS (Real Time Gross Settlement). L’investisseur qui n’a pas de compte dans le RTGS doit passer par son intermédiaire banque/agent de règlement pour le paiement de la partie espèce. De même, tout intermédiaire doit avoir un compte titres dans le CSD et ouvrir un sous-comptes titres pour chacun de ses clients.
Des titres pour quelle finalité ?
Les bons de la Banque centrale constituent un investissement sûr, attractif et sécurisé, à court terme. Ils constituent également une excellente opportunité d’investissement, facilement accessible et les intérêts sur lesdits Bons sont précomptés, apprend-on du communiqué. Pour en savoir plus, nous avons approché un habitué du système financier qui livre son analyse sur l’impact économique de ce nouvel instrument de politique monétaire. Ainsi, quand ce genre d’instrument est émis cela correspond à une stratégie de collecte les liquidités. À son échéance, le processus de remboursement des titres aux souscripteurs fait augmenter le volume des liquidités.
Sur le plan économique, cette politique monétaire a une implémentation directe sur l’économie d’autant plus qu’elle touche sur le volume des liquidités bancaires. Cependant, ses effets peuvent aller bien au-delà de cet aspect pour améliorer la stabilité financière, le niveau d’activité économique et endiguer l’inflation. Bref, pour la BRB, l’instrument lui permet de gérer la monnaie en circulation pour éviter l’inflation d’origine monétaire surtout quand la liquidité bancaire dépasse la quantité de monnaie nécessaire dans une économie.
Quid des modalités de soumission
Pour chaque annonce, la BRB lance un appel d’offres pour la vente des titres au moins deux jours calendrier avant la date d’adjudication. Cet appel d’offre passe par le CSD et/ou sur son site web ainsi que tout autre moyen de communication de diffusion a grande échelle.
Les enchères y relatives sont créées et ouvertes dans le CSD à travers lequel les participants envoient leurs offres depuis leurs interfaces web ou toute autre application. Les offres sont soumises via le CSD et, en cas d’indisponibilité du CSD, les acteurs du marché peuvent utiliser le courrier électronique, le téléphone ou tout autre canal approprié. Toutes les offres doivent être soumises électroniquement via le CSD ou autre plate-forme dédiée à cet effet, et à l’heure indiquée. Les participants n’ayant pas l’accès direct au CSD ou à la plateforme présentent leurs offres par l’intermédiaire de leur banque.
De nombreux investisseurs considèrent l’achat de titres du Trésor comme l’un des investissements les plus sûrs. La raison en est qu’ils bénéficient du soutien total du gouvernement. Cela signifie que leur placement de capitaux est protégé tant qu’il y a un gouvernement. Peu importe qu’il s’agisse d’inflation, de récession ou même de pandémie.
- Les bons sont des titres d’emprunt émis par la BRB avec une maturité (échéance) inférieure ou égale à un an. Les intérêts sont calculés à l’avance et payés à l’émission alors que le capital est remboursé à l’échéance.
- Le Dépositaire Central des Titres ou Central Securities Depository (CSD) est une plateforme, un système automatisé qui assure la garde, la conservation et la gestion du processus d’achat-vente des opérations sur les titres.
- Les Obligations de la BRB sont des titres d’emprunt émis par la BRB qui ont une maturité (échéance) supérieure ou égale à deux ans.
- Les Titres de la BRB sont des instruments financiers émis par la BRB pour gérer la liquidité dans le cadre de la conduite de la politique monétaire et de change. Les titres de la BRB sont composés par des Bons et Obligations.
– Les titres de la BRB sont constitués des bons et obligations. Ils peuvent être émis en monnaie locale ou en monnaie étrangère et sont négociables sur le marché secondaire.
– Les bons de la BRB sont des titres à court terme ayant une maturité de 7,14,28,91, 182,271 et 364 jours. Les obligations de la BRB sont des titres a moyen et long termes émis en monnaie étrangère pour une durée supérieure ou égale à deux ans.