Pour protéger les secteurs fragilisés par la crise du coronavirus et favoriser la reprise des activités économiques, il faut penser au plan de relance post Covid-19. Ce dernier s’attacherait à soutenir les entreprises, les commerçants, les artisans, les indépendants…
À l’instar des autres pays du monde, le Burundi est touché par la crise sanitaire de la Covid-19. Bien avant l’augmentation du nombre de contaminés, le Burundi, craignant un désastre sanitaire, a mis en place un ensemble de mesures de protection dont la fermeture des frontières.
Cette décision n’a pas été sans conséquences. Généralement, ce sont les petites et moyennes entreprises, les petits commerçants et les artisans qui sont les plus frappés par la crise, voire même menacés de fermer les portes si aucune mesure d’urgence n’est envisagée et mise en œuvre. Le principal problème serait relatif à leur incapacité à disposer d’une trésorerie suffisante leur permettant de continuer à tourner.
Une étude d’impact de la Covid-19 est une priorité
Il est urgent de penser au redémarrage de la machine économique. Pour y arriver, il nous faut une étude d’impact de la pandémie sur notre économie. Je me dis que le Parlement doit saisir le Conseil économique et social pour effectuer une étude d’impact et évaluer les conséquences de la crise sanitaire sur les plans économiques et sociaux.
Ensuite, à son tour, l’Exécutif doit procéder à l’élaboration d’une loi des Finances rectificative. Ceci sera un exploit courageux, alors que nous sommes sur un terrain inconnu où seule l’incertitude est la certitude.
À travers ce nouveau budget, l’État devrait jouer son principal rôle en évitant une éventuelle dégradation du tissu économique. Il devrait y avoir une réémergence de l’État-providence. Le Burundi ne fera pas l’exception : il doit donner une bouffée d’oxygène à l’économie par la voie des dépenses budgétaires et par l’injection des liquidités dans l’économie.
Pour ce faire, le gouvernement devrait abandonner la politique budgétaire d’austérité et laisser filer l’endettement pour soutenir la demande dans un premier temps, puis l’offre.
Financer la reprise : une équation difficile
Cette voie pose la question des ressources. En économie, il n’y a pas d’argent magique. Les fonds de l’État proviennent ou des recettes fiscales ou de la dette. Et cette dette est appelée elle-même à être remboursée avec les intérêts par des recettes fiscales. Qui financera donc cet effort demandé à l’État ?
Cette question est d’autant plus difficile à répondre que les recettes de l’État s’amenuiseraient : la crise aura probablement un grand impact sur les recettes de l’Impôt professionnel sur les rémunérations, de l’Impôt sur les sociétés, de la TVA…
Comment donc décaisser plus dans ce contexte ? À mon avis, il faut penser à d’autres ressources disponibles : exploiter des activités non encore taxées, élargir l’assiette fiscale, réaménager les barèmes de certains impôts. Encore une équation difficile. Car, comment pouvons-nous, en temps de crise, enclencher une réforme fiscale sans effets pervers sur l’économie ?
Il faut associer les acteurs concernés….
Sur ce point, il faut du discernement et amorcer le dialogue avec les acteurs économiques. La consultation des partis politiques, des syndicats et des acteurs économiques est incontournable.
En cette période, le souci de l’équité fiscale doit primer. C’est-à-dire qu’une juste répartition des contributions fiscales entre les contribuables est une condition sine qua none. Cela passe par un élargissement de l’assiette fiscale, en intégrant tous les acteurs travaillant dans l’informel, en limitant l’évasion et la fraude.
Une autre voie à explorer : améliorer le potentiel fiscal passe également par une discipline de la gestion rationnelle des dépenses fiscales. Par exemple, il faut étudier l’impact des exonérations actuelles dépassant largement le plafond prévu par la loi des Finances publiques, en éliminer certaines et en garder d’autres.
Pour la période post Covid-19, je plaide pour la solidarité de la population. Cela pourrait prendre la forme d’un impôt de solidarité transitoire, lié à cette conjoncture et qui sera levé à la sortie de la crise. Cet impôt aura une fonction de solidarité limitée dans le temps et pourra toucher aussi bien les entreprises que les hauts revenus. Mais au-delà de cette mesure transitoire, il serait aussi important d’instaurer l’impôt sur la fortune. C’est le seul moyen de faire participer les gens aisés au financement des services publics et de l’effort de relance.
En effet, le rôle de la BRB dans ce plan de relance reste primordial. La mise en œuvre des politiques de relance pourrait permettre aux banques d’accéder de façon facile et moins onéreuse aux liquidités.
Ainsi, ces banques seront à mesure de financer la sauvegarde des entreprises, ensuite d’assurer leur soutien et accompagnement et enfin permettre la relance de l’économie après la crise.
Mumez nez mwes ab muri buj