À l’initiative de la France, la Résolution 2303 a été adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 29 juillet 2016. Depuis, une campagne contre le français semble avoir été orchestrée par certains membres du pouvoir. Le blogueur Jean-Marie Ntahimpera trouve que cette stratégie n’a aucun fondement, et que nous avons plus à y perdre qu’à y gagner.
Lors d’une manifestation organisée par les partisans du pouvoir le lendemain de l’adoption de ladite résolution, les manifestants ont fait savoir que si la France continue les provocations, les Burundais vont abandonner le français. Ils vont parler toutes les autres langues, l’anglais, le swahili, le russe ou le chinois, et mettre le français à la poubelle.
Dans un clip audio qui circule sur les réseaux sociaux, un certain Hamza Venant Burikukiye, représentant légal du collectif des associations des personnes vivant avec le VIH/Sida (Capes+) a appelé tous les services publics et privés, les radios, les journaux et les internautes à ne pas parler français le 29 de chaque mois (la résolution 2303 ayant été adoptée le 29 juillet 2016). « Celui qui passera outre aura montré qu’il est avec ceux qui sont en train de détruire le Burundi, menace Ramza Venant Burikukiye. Si la France ne nous soutient plus (…), rien n’empêche que nous abandonnions sa langue. »
A écouter ceux qui font campagne contre le français, on dirait que les Burundais parlent cette langue pour faire plaisir à la France. Ce n’est pas du tout le cas. Oui, nous parlons français parce que nous avons été colonisés par un pays francophone. Mais nous le parlons aussi et surtout parce que c’est une langue internationale, qui nous permet de communiquer avec les autres peuples de la grande famille francophone. Nous le parlons pour notre bien, et non pas pour le bien de la France ou de la Belgique. Comme le souligne l’historien Achille Mbembe, « le français est devenu une langue africaine à part entière ». C’est une langue burundaise. C’est notre langue.
L’avantage d’être polyglotte
Je lance un appel à tous ceux qui participent à cette campagne absurde: arrêtez de diaboliser notre langue. Si vous avez des problèmes avec la France, attaquez la France, mais pas le français. La langue de Molière ne vous a rien fait.
Je suis favorable à l’ouverture du Burundi à d’autres langues, surtout à l’anglais. L’anglais est une langue universelle, plus internationale que le Français. J’invite tous mes compatriotes à apprendre l’anglais et à en faire notre autre langue. Je suis même favorable à ce que dans l’avenir, on fasse de l’anglais une autre langue officielle du Burundi. Pas à cause de la haine que j’ai pour le français, mais bien pour profiter des opportunités qui peuvent s’offrir à ceux qui parlent la langue de Shakespeare. Et même si le Burundi devenait un pays anglophone demain comme notre voisin le Rwanda, je soutiendrais que nous continuions à parler le français. Parler deux langues internationales serait un atout immense.