Terminer ses études et décrocher un boulot deviendrait de plus en plus une affaire des « Qui t’as envoyé ?». Quand le chômage bat son plein dans le pays, certains jeunes prennent le chemin des partis politiques dans l’espoir de trouver un travail, aussi petit soit-il.
Richard* est un jeune qui habite à Carama, un quartier périphérique de Bujumbura, licencié en Sciences politiques depuis bientôt 4 ans. Du haut de ses 32 ans, il affirme avoir déposé plus d’une quinzaine de candidatures d’embauche sans succès. Ses amis du quartier, il les a vus trouver des postes juteux ici et là alors que lui, se trimbale toujours en ville avec son dossier complet dans l’attente de tomber sur un appel d’offre qui lui soit compatible.
Chaque fois qu’il demande à ses amis (les uns ayant même fait moins d’études que lui) comment ils se sont arrangés pour y arriver, une seule réponse revient souvent : « Uraraba nawe uc’ubwenge muhu !» (Vois comment user de ton intelligence mec). Un message qu’il comprendra un peu plus tard quand Bill*, un de ses amis fraîchement recruté à l’Office Burundais des Recettes (OBR), le trouve en plein centre-ville sous un soleil de plomb et lui révèle son petit secret : « L’emploi au Burundi est une affaire de connaisseurs mon ami. Tu as beau avoir ton diplôme en poche mais ton poste pourrait certainement se trouver dans les mains d’une poignée de gens. T’as intérêt à oublier un peu tes paperasses et être actif comme les autres…». Et de lui expliquer que « être partisan est la voie la plus sûre et la plus rapide, bien sûr si on choisit le vrai parti ».
Loin d’être un cas isolé
Que ce soit dans le secteur public ou dans le privé, trouver un emploi demeure un casse-tête pour les nouveaux arrivants au marché du travail. Même si bon nombre de jeunes s’arrangent pour en créer, 43,1% des jeunes envisagent de devenir des salariés de l’État . De quoi inciter plus d’un à se rapprocher des partis politiques pour viser la fonction publique. Mechack*, un enseignant à l’une des écoles publiques de Bujumbura, affirme avoir attendu plus de six ans pour enfin être recruté car les critères d’embauche sont difficiles à décortiquer. «N’eut été un clin d’œil d’un ami qui a compris le vrai sens du système, je serais toujours chez moi sous une pluie printanière de Ruhinga», confie-t-il.
L’emploi, une médaille que Jacques* (comme d’autres jeunes de son entourage à Mutakura) n’a vu que le revers. Lui qui a tout fait pour «entrer dans la cour des grands» comme il l’appelle, mais qui, suite à son quartier et son histoire de 2015, a fini par jeter l’éponge.
Entre-temps, une armada de jeunes diplômés restent dans l’attente d’un emploi quand d’autres tentent tant bien que mal de trouver un raccourci par le militantisme, avec tous les risques d’instrumentalisation. Une situation préoccupante à la veille des élections de 2020.
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Cet article ne cadre pas avec son titre : la démission