Récemment, un blogueur de Yaga a évoqué les problèmes interethniques qu’ont connus les Burundais dans le passé où certains se veulent défenseurs de leur groupe d’appartenance en accusant l’autre de tous les maux. Mais en réalité, dans les crises sociopolitiques qui ont secoué le pays tout le monde a souffert. Bien que derrière les crimes il y ait forcément des auteurs (présumés ou pas), la globalisation ne porte pas ses fruits. Témoignage.
Je suis un jeune de la génération 90 né en province de Gitega dans une famille modeste hutu, vivant de l’agriculture comme tant d’autres familles rurales. À l’intérieur du pays, pas mal d’hommes quittent leurs familles pour aller en ville dans la perspective de trouver un emploi. Les femmes, quant à elles, restent à la maison afin de s’occuper des enfants et des travaux champêtres. En 1996 et quelques années avant, mon père travaillait dans la ville de Bujumbura. Notre vie reposait sur l’apport de son travail, et tout allait bon train. Puis d’un seul coup tout a basculé.
En pleine crise sociopolitique, l’été de la même année, il tentait de regagner la maison lorsque le véhicule dans lequel il était, est tombé dans les mains des hommes armés. On ne l’a plus jamais revu. Je me dis que si on savait au moins où il repose, ce serait réconfortant. Malheureusement, c’est n’est pas le cas.
Un choc
La disparition pareille d’un membre de sa famille est un coup dur. J’ai grandi dans une période où la haine interethnique (hutu/tutsi) était au sommet. La socialisation, dans un premier temps, commence en famille. Résultat, dès mon jeune âge, je voyais en tout Tutsi, l’origine de mon malheur. Ainsi, petit à petit, la haine germait dans mon esprit.
Qui plus est, je côtoyais tout le temps des langues de vipère, des parents pour la plupart, qui me susurraient par-ci par-là des « urabaca kure bakugize impfuvyi » (méfie-toi d’eux, ils t’ont rendu orphelin, ndlr). Les préjugés de ces « anciens » contribuaient à enfoncer le clou. Mais ça se comprend, ce sont eux qui ont vécu beaucoup plus d’expériences malheureuses et, en conséquence, ont des blessures profondes.
Comprendre l’Autre, un antidote
Suite aux événements malheureux qui ont secoué le Burundi, ma commune natale dispose d’un camp des déplacés, des Tutsi. Vers la fin de la décennie 1990, je vois régulièrement certains d’entre eux venir cultiver leurs lopins de terre sur leurs collines d’origine.
À l’école, nous étudions ensemble, les enfants des déplacés et ceux des personnes restées sur les collines, mais, des deux côtés, la méfiance est de rigueur. « Ni mwebwe mwatumye duhunga » (vous nous avez chassés, ndlr), me répète un camarade de classe en 3ème année primaire. Comment le pouvais-je à cet âge-là, à 10 ans ?
Au départ, ça ne me touche pas. Ce sont eux les méchants de l’histoire. Mais, au fil du temps, j’apprends que la quasi-totalité de leurs habitations avaient été détruites. Je commence à me remettre en question pour savoir les raisons derrière tout ça. Et j’apprends que ce sont des personnes de mon ethnie qui les ont chassés.
Après cette prise de conscience, je comprends finalement que les autres ont souffert comme moi malgré que les circonstances soient un peu différentes. Je comprends aussi que derrière les crimes, il doit y avoir des auteurs (présumés ou pas), des victimes mais aussi des innocents. Pourquoi ai-je nourri une haine aussi aveugle ? Pourquoi mettre tout le monde dans le même panier sans tenir compte des innocents ?… Je dirais que j’ai été esclave de l’histoire tragique de mon pays, mais heureusement, pendant un court moment de ma vie. Qu’en est-il des autres ?
La haine ne devrait pas avoir de place dans nos coeurs! Que ce soit tutsi ou hutu, ils ont tous pérdu un être cher; nous devrions plutôt nous consacrer au développement de notre BURUNDI et ensemble nous pouvons y arriver! Merçi pour l’article!
Merci de votre temoignage,mais continuer à faire de recheches à propos de l’origine d’ethnisme au burundi et les politiciens qui en ont profité pour règner
Je ndībaza ko umūntu wese yokora inabi! Ariko kuvyo kumenya akahise kababaje reka turindire CVR icegeranyo izogira kandi nipfuza ko yokinyarutsa ba Buyoya barashaje! Imanza bagasamara, abagirizwa bariko barasaza, bicwa n’ubusaza, batumvirijwe…