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Guerre commerciale Chine–USA : et le Burundi dans tout ça ?

Depuis plusieurs années, les États-Unis et la Chine se livrent une terrible guerre commerciale. Cette guerre ne se fait pas avec des armes, mais avec des droits de douane. En avril 2025, la tension est montée d’un cran, les deux puissances se rendant coup sur coup. Les économistes prédisent des dommages collatéraux inévitables si les deux géants ne temporisent pas. Les pays tiers risquent de faire les frais de cette bataille rangée. Le Burundi va-t-il devoir payer les pots cassés, lui aussi ? On vous explique tout. 

Ces sont les Yankees qui ont dégainé les premiers. Les USA ont imposé jusqu’à 145 % de taxes sur certains produits chinois. En réponse, la Chine applique 125 % de droits de douane sur les produits américains. Pour les autres pays du monde, les taxes américaines tournent autour de 10 %. Mais alors, qu’est-ce que cela implique pour un pays comme le Burundi ? 

D’abord, c’est quoi un droit de douane ?

Un droit de douane est une taxe qu’un pays ajoute aux produits étrangers qui entrent sur son territoire. Par exemple, si le Burundi achète des ordinateurs en Chine, il doit percevoir, en plus de leur prix, une taxe. Cette taxe sert à protéger les producteurs locaux et à récupérer de l’argent pour le gouvernement. Dans le cas des États-Unis et de la Chine, ces droits sont devenus une véritable arme de pression économique.

Les enjeux économiques sont gigantesques. En 2023, la Chine a exporté pour 436 milliards de dollars de produits vers les États-Unis, tandis que les exportations américaines vers la Chine s’élevaient à 154 milliards de dollars.

Et le Burundi dans tout ça ?

Le Burundi n’est pas un acteur direct dans cette guerre des géants, mais il n’est pas non plus à l’abri. Pourquoi ? Parce que nous dépendons fortement des importations, surtout de l’Asie. En 2024, plus de 54 % des produits importés au Burundi venaient d’Asie. La Chine, à elle seule, représente près de 20 % de toutes nos importations. On y achète des vêtements, des téléphones, des motos, du matériel de construction, etc.

Du côté des États-Unis, c’est plus modeste. L’Oncle Sam ne représente qu’environ 3 % de nos importations. Cela concerne surtout les équipements médicaux, certaines machines, et parfois des dons ou projets financés en dollars.

Même si le Burundi n’impose pas ces droits de douane aussi exorbitants comme les deux géants,   il peut subir les conséquences indirectes, notamment une hausse des prix à l’importation. Par ailleurs, si les produits chinois deviennent trop chers aux États-Unis, les producteurs chinois pourraient effectivement chercher d’autres marchés, comme l’Afrique, ce qui pourrait créer une concurrence déséquilibrée pour les entreprises locales burundaises.

Au Burundi, l’inflation est déjà préoccupante. Elle s’établit à 40,9 % au mois de mars 2025, selon les données de la Banque centrale. Cette inflation implique la hausse des prix des produits alimentaires et des services de transport, etc. En partie, cette hausse provient effectivement de l’augmentation du coût des produits importés tels que l’essence, les engrais et les véhicules.

En plus, avec un dollar américain qui devient plus fort à cause de cette guerre commerciale, le franc burundais se déprécie. Résultat : les importations nous coûtent de plus en plus cher.

Quels leviers le Burundi pourrait-il activer ?

Le Burundi doit effectivement jouer une carte intelligente face à cette situation. Renforcer ses partenariats avec la Chine tout en évitant une dépendance excessive représente un équilibre délicat. Parallèlement, protéger son économie locale contre un afflux de produits étrangers bradés nécessite des politiques douanières équilibrées et une vigilance diplomatique constante.

Le pays pourrait également tirer parti de son nouveau statut de pays producteur de terres rares pour négocier des accords commerciaux plus avantageux avec les États-Unis ou d’autres partenaires cherchant à diversifier leurs sources d’approvisionnement de minéraux stratégiques. Nous devons aussi saisir cette opportunité pour soutenir davantage la production locale : agriculture, artisanat, énergie, transformation, etc. Moins dépendre des autres, c’est aussi devenir plus fort dans un monde incertain.

 

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