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Grève des internes à l’Université du Burundi : vers le dénouement de la crise ?

Plus d’une semaine vient de s’écouler depuis le début du mouvement de grève entamé par les stagiaires internes de l’année académique 2022-2023. S’achemine-t-on vers le dénouement de cette situation puisque les concernés ont regagné leurs postes après le paiement des arriérés du prêt bourse de six mois même si certaines de leurs doléances n’ont pas encore été satisfaites ? Récit.

 Les retards dans le versement du prêt-bourse aux étudiants de l’Université du Burundi sont récurrents. Cette fois-ci, la grève des futurs médecins ne prendra pas fin tant que leurs doléances ne seront pas complètement satisfaites. Notre blogueuse a rencontré l’un de ces étudiants de 6ème année de médecine à l’Université du Burundi. Nous allons l’appeler Christian (nom d’emprunt). Il nous raconte le début de leur combat.

Auparavant, les étudiants de l’Université du Burundi bénéficiaient de repas gratuits. Cette promotion de la faculté de médecine est la première qui ne peut pas profiter de l’ “Icuma”. Comme l’explique Christian, avant de commencer leurs stages d’internat, les étudiants étaient inquiets. Difficile de savoir comment ils allaient se nourrir pendant les heures de garde, puisqu’il est difficile de sortir des enceintes de l’hôpital.

Au mois d’août 2023, avant le début des stages d’internat, ces étudiants ont écrit une lettre adressée au Doyen de la faculté de médecine pour plaider l’accès à la restauration pour les internes de garde la journée et la nuit. C’est d’ailleurs déjà le cas pour le reste du personnel du CHUK. “Nous avons expliqué que pendant les gardes, nous sommes obligés de chercher à manger loin de l’hôpital, sans même être certains d’en trouver, alors que nous devons nous occuper des patients”, fait savoir Christian. Il ajoute que les restaurants situés aux alentours du Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge sont au-dessus des moyens d’un étudiant. La réponse à cette requête était d’attendre patiemment, afin que l’hôpital trouve une solution durable.

Ces étudiants ont commencé leur stage d’internat au mois d’octobre 2023. Ils sont alors revenus à la charge. Cette fois-ci, ils réclamaient également d’être vaccinnés contre l’hépatite B. Mais la réponse des autorités du CHUK n’a pas changé: il fallait encore attendre, pour que leurs doléances soient intégrées dans le budget de l’institution.

Retard du prêt-bourse

Ensuite, ils ont signé un contrat de prêt bourse. Habituellement, les versements arrivaient après un, deux voire trois mois. Cette fois-ci, les étudiants ont dû attendre six mois. Au mois de février 2024, ils ont commencé à douter et se sont adressés au Doyen de la faculté. ”Il nous a rassurés que dans une semaine, tout serait rentré dans l’ordre”, se rappelle Christian. Finalement, à bout de patience, ces internes ont alors émis un préavis de grève au mois d’avril. Parmi les doléances relevées figuraient le paiement des arriérés de prêt bourse de six mois, la gratuité des soins ainsi que le vaccin contre l’hépatite B.

Mardi, le 23 avril, les trois premiers mois sur six étaient disponibles sur nos comptes. Mais en ce qui concerne la gratuité des soins et le vaccin contre l’hépatite B, nous n’avons aucune réponse. Après sept jours, les trois autres mois restants nous ont été attribués. Bien évidemment, la mutuelle a déjà prélevé une contribution de 1000 BIF par mois pour les soins de santé ”, confie Christian. Toutefois, “nous avons demandé d’être vaccinés contre l’hépatite B depuis le mois de novembre 2023 et jusqu’à présent, aucun étudiant n’a été vacciné. Pourtant, cela est censé avoir lieu avant le début des “stages d’internat”.

De surcroît, la convention entre la faculté de médecine de l’université du Burundi et le CHUK stipule que les internes bénéficient de la gratuité des soins au CHUK, au même titre que le personnel hospitalier. Mais cela n’est pas encore en vigueur, ce qui n’empêche pas la Mutuelle de la Fonction Publique de prélever les contributions des étudiants pour leurs soins de santé.

Ils font  du travail au CHUK

Les stages d’internat permettent aux étudiants en faculté de médecine de 6ème année d’exercer pendant une année. Ils mettent en pratique ce qu’ils ont appris durant cinq ans et passent dans différents services tels que la médecine interne, la pédiatrie, la chirurgie et la gynécologie-obstétrique.

Une bonne partie de l’offre des soins est assurée par eux.  Ils accueillent les patients et sont en contact  permanent avec ces derniers. Sous la supervision des médecins résidents, ils s’occupent des dossiers, assurent le suivi des patients pour les examens et effectuent les tours pour suivre l’évolution de l’état de santé des patients.

Le 3 mai dernier, ces étudiants ont reçu une lettre du Recteur de l’université leur recommandant de reprendre les activités de “stage d’internat”. En ce qui concerne la gratuité des soins et le vaccin contre l’hépatite B, il leur  a été communiqué que cela n’est pas du ressort du Rectorat. Le Recteur a également souligné que la direction du CHUK a accepté de les inclure dans le programme de vaccination de son personnel, une fois que la commande de vaccins lui sera livrée. Pour la couverture de santé, le CHUK s’est engagé à plaider en faveur des internes auprès du ministère ayant  la santé dans ses attributions.

Ainsi, les internes ont repris leur stage d’internat ce mardi 7 mai et caressent l’espoir que les retards dans le versement de leur prêt-bourse ne seront plus observés et que les promesses qui leur ont été faites seront tenues dans un avenir proche.

 

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