Pour ceux qui sont intéressés par la filière médicale, cette étudiante nous partage ses premières impressions et défis. Sa première année fût riche en apprentissage et en découverte. À trop étudier, schématiser les différents organes, mémoriser les 206 os du squelette humain, ses rêves étaient peuplés des cours d’anatomie. Pire, c’étaient des cauchemars, puisqu’elle se réveillait le cœur en sursaut…Récit.
Janvier 2020. À vrai dire, fréquenter la faculté de médecine, cela me terrifiait. Tout simplement parce que je doutais de mes capacités intellectuelles. L’entourage idolâtrait cette faculté qui semble si noble, ce qui me mettait encore la pression. Aventureuse, je décidai malgré tout de me lancer sur ce chemin périlleux au centre hospitalo-universitaire de Kamenge.
Les premiers jours, je fus d’abord impressionnée par les têtes bien rasées de mes camarades qui défilaient sous mes yeux. Aussi, nous étions des victimes potentielles de ces anciens qui nous infligeaient des sévices en guise d’exemple kunoba (soulever le menton par un geste brutal en usant de leurs doigts). J’interprétais ce que nous endurions comme des sévices, une remise à notre place de puants (étudiants de première année à l’Université du Burundi)
Mes premières impressions
Qui eut crû qu’au sein de l’hôpital roi Khaled se trouvent des salles de cours et des pièces comprenant des matériels de laboratoire et des squelettes comme le très célèbre poillissime Oscar qui sert pendant les cours d’anatomie. Sans omettre la grande bibliothèque où sont entassés des livres de médecine qui datent probablement de l’antiquité.
D’emblée, j’étais impressionnée par les professeurs de la faculté de médecine. Ces grands professeurs nationalement, et même internationalement reconnus, dont le charme et l’intelligence traversent les époques. Certains se présentaient tandis que d’autres, ce n’était pas nécessaire tellement leur réputation les précédait. Nous avions la chair de poule quand ils nous listaient les universités prestigieuses de Paris et d’ailleurs où ils avaient poursuivi leurs études, les offres alléchantes qu’ils recevaient des autres universités ou hôpitaux de l’étranger. Il y a même ceux qui prenaient un malin plaisir à venter leurs mérites pour nous encourager, selon eux, à poursuivre nos ambitions, même nos rêves les plus fous.
J’étais parmi ces étudiants venus de tous les coins du pays afin d’acquérir le pouvoir de guérir. Mes camarades étaient tels de petits Einstein qui arboraient des faciès motivés et accaparés par les études.
Dès le premier jour, les professeurs nous accablaient de devoirs et d’exposés. Je n’étais pas étonnée, j’étais dans la faculté de médecine.
La médecine et moi
La première année, j’étais submergée par toutes les références où nous devions puiser nos connaissances. Nous entamions des cours d’anatomie et de physiologie avec différents professeurs, selon leurs spécialités. Ils exigeaient de nous encore plus, nous présentions nos recherches dans des tutorats et démontrions nos compétences dans des skillslab. Nous étions la première promotion à bénéficier du système PBL-COBES (Problem Based Learning-Community Based Education and Service). En gros, nos recherches et nos exposés se substituaient aux cours magistraux pour mieux apprendre de nous-mêmes.
Je me souviens combien j’y mettais toute mon âme pour réviser et surtout pour ne pas me taper la honte lors des exposés. À trop étudier, schématiser les différents organes, mémoriser les 206 os du squelette humain, mes rêves étaient peuplés des cours d’anatomie. Je dirais plutôt que c’était des cauchemars puisque je me réveillais le cœur en sursaut. Pire, je me rappelle comme si c’était hier, la fois où je mangeais dans une assiette et je distinguais le trajet des veines dans la viande ou j’apercevais des bananes cuites en forme de cœur humain avec ses 4 cavités.
En somme, ma première année de médecine fût une année impressionnante, mais surtout éprouvante. Je n’avais pas le temps de penser si je m’y plaisais ou pas, je n’avais simplement pas le temps. J’avais mis de côté la vie sociale, la médecine m’accaparait et m’obsédait, littéralement.