En mairie de Bujumbura, le secteur de la gestion des déchets est encore en attente de réorganisation. Et ce, après la récente décision de suspendre des sociétés de collectes des ordures. En attendant, ce sont les ménages, les rivières et le lac Tanganyika qui continuent de souffrir de ce dysfonctionnement. Analyse.
Ce n’est pas une première réorganisation. En 2016, la mairie de Bujumbura avait autorisé 18 coopératives et associations à épauler les Services Techniques Municipaux (SETEMU) dans la collecte des déchets ménagers. Une somme de 10 mille BIF devait être payée par mois et par chaque ménage pour bénéficier de leurs services.
Cela n’a pourtant pas résolu le problème. Certains citadins n’y ont pas adhéré. Et pour cause : des irrégularités dans la collecte, des associations sans personnel ni équipement adapté pour ce travail, etc.
De réorganisation en réorganisation
En juin 2017, la mairie les a suspendues, accordant le monopole à Bujumbura Cleaning Company (BCCO). Cette fois-ci, chaque ménage payait 7000 BIF par mois. La part qui revient à la mairie a été fixée à 30% des revenus.
Entre autres missions de la BCCO, figurait le nettoyage des avenues et des rues. Un travail qui était exécuté avant par des balayeuses payées par la mairie.
Avec ce monopole, la mairie croyait avoir trouvé la solution durable. Elle s’en était d’ailleurs félicitée : « 400 millions BIF qui étaient réservés à ce travail chaque année vont être affectés ailleurs. », avait déclaré Freddy Mbonimpa, le maire de la ville de l’époque.
Par après, BCCO se retrouvera elle aussi coincée. Jugée incapable de s’acquitter de ses tâches, son monopole prendra fin. La mairie sera obligée encore une fois de recruter d’autres sociétés : en tout 13 nouvelles coopératives vont prendre la relève.
Même pas de décharge publique
Runa Business Company, Isuku Iwacu, Kamenge Usafi Kwetu, etc., faisaient parti des heureux élus. Mais leur champ d’action a été limité aux communes de Ntahangwa et Muha, tandis que BCCO a continué à s’occuper de Mukaza seulement. Cette fois-ci, un contrat liant le chef de ménage et la société devait préciser le montant à payer et le nombre de tours pour enlever les déchets.
Les SETEMU étant mis hors-jeu, le maire de la ville d’alors indiquera qu’ils vont s’occuper du curage et des infrastructures routières. Idem pour la gestion de la décharge publique de Mubone, à Buterere. Mais le ministre d’alors Célestin Ndayizeye avait souligné que chaque société doit avoir sa propre décharge. Pour utiliser celle de Mubone, on devait avoir un contrat avec les SETEMU et payer 1500 BIF par m3 des déchets déversés.
Avec la nouvelle administration municipale, la question de la gestion des déchets ménagers ressurgit. Avant la suspension de ces sociétés, les gens se lamentaient constamment.
Redynamiser les SETEMU ?
S’exprimant sous anonymat, un expert en la matière dit ne pas comprendre pourquoi cette question est devenue si compliquée. Pour lui, il suffit de redynamiser les SETEMU. « C’est le seul moyen de mettre fin aux spéculations et à l’anarchie pour gérer convenablement les déchets ménagers. »
Cet expert pense que certaines personnalités municipales profitent de cette anarchie. « Elles ou leurs proches sont propriétaires de ces sociétés. Sinon, comment expliquer qu’à chaque nouveau maire, ce secteur doit être réorganisé ? »
Il propose aussi qu’il y ait différentes décharges publiques. « Mubone est déjà débordé et le site n’est pas approprié. » Selon lui, les entrepreneurs devraient investir dans le recyclage des déchets. Quant à la mairie, elle devrait enseigner aux citadins comment faire le tri des déchets. « Et s’il faut libéraliser le secteur, il faut le faire totalement et pas à moitié », suggère-t-il.
A noter que le projet d’aménagement d’un dépotoir moderne à Rugazi annoncé en 2013 n’a toujours pas abouti.