La lutte contre la fraude reste une problématique au Burundi. Ces derniers temps, les cas de fraude font florès. Le ministère des Finances insiste sur l’implication des agents de l’OBR dans les fraudes. Le président de la République affirme désormais faire de la lutte contre la corruption, une de ses priorités. Pour les observateurs, cela ne suffit pas.
La fraude persiste malgré les efforts de l’OBR et du gouvernement pour l’éradiquer. Parfois, cette pratique se fait à grande échelle et implique parfois les hauts fonctionnaires de l’Etat qui jouent la carte de la complicité ou trempent délibérément dans ce commerce au noir. Le président de la République dénonce un réseau qu’il qualifie de mafieux : « Nous devons réussir le démantèlement des réseaux mafieux qui sabotent l’économie du pays en vue de redresser l’économie du pays », cite le site de la présidence qui reprend les propos du chef de l’Etat, lors de la réunion d’évaluation de la sécurité, tenue à Bugarama de la province Muramvya, mercredi le 25 octobre.
Pour ce faire, le numéro Un burundais compte sur l’implication de toute la population dans la lutte contre la fraude. « Nous devons mener en synergie la campagne de lutte contre la fraude pour faire rentrer des devises dans le trésor public », a-t-il insisté.
Les agents de l’OBR pointés du doigt
Dans son mot de circonstance lors des cérémonies de l’investiture du nouveau gouverneur de Muramya, le président de la République a saisi l’opportunité pour parler encore de la fraude. Ndayishimiye affirme être au courant de la collaboration de certains agents de l’OBR avec les fraudeurs. Selon le chef de l’Etat, les commerçants parviennent à s’entendre avec ces employés qui leur promettent une aide en cas de saisie.
Dans une réunion de sensibilisation avec les employés de l’OBR du mardi 31 octobre 2023, le ministre des Finances est revenu sur la méconduite de certains employés de cette office, dont la mission et de collecter les recettes de l’Etat et lutter contre la fraude et la contrebande. Pour ce ministre qui fut le Commissaire général de l’OBR, certains agents trempent dans la fraude. Parmi les forfaits commis, il a cité la falsification des informations sur la quantité des marchandises importées au niveau des frontières pour faciliter le détournement d’une partie des impôts et des taxes. Il indique que ce type de fraude est également parrainé sur le plan de l’intérieur.
L’OBR et le gouvernement ensemble contre la corruption
Au niveau de l’OBR, les stratégies de lutte contre la fraude s’élargissent. Cette institution utilise différents moyens pour accomplir sa mission. Parmi ses armes, l’OBR s’appuie sur la campagne de sensibilisation de la population pour consolider l’éducation fiscale. Pour mener à bien son combat, elle s’appuie également sur la police et les forces de défense. En 2021, une unité mobile de surveillance, destinée à lutter contre la fraude, a été mise en place pour le ratissage sur le lac Tanganyika.
Récemment, la digitalisation des services fiscaux a été introduite afin de faciliter le contrôle des activités commerciales des entreprises. Cependant, cette nouvelle politique n’a pas encore réussi. Beaucoup d’entreprises n’utilisent pas la machine de facturation électronique. « Nous ne l’utilisons pas encore, mais nous songeons à le faire pour éviter les sanctions », répond en souriant un comptable d’une petite entreprise. Toutefois, certaines entreprises ont déjà intégré la digitalisation pour faciliter les opérations avec l’OBR. C’est le cas de l’entreprise Burundi Backbone System-BBS. « Nous utilisons depuis longtemps un logiciel en interconnexion avec les services de l’OBR », affirme un employé.
Plusieurs commerçants du marché communément appelé « Kwa Sion », affirment que cet outil est plutôt cher. D’autres disent ne pas être au courant.
« Il faut commencer par les gros poissons »
Pour Gabriel Rufyiri, le président de l’OLUCOME, une ONG locale qui milite pour l’éradication de la corruption, la digitalisation et les sanctions infligées aux petits commerçants ne suffisent pas. Lors de son intervention sur la Radio Isanganiro, Rufyiri a affirmé que la digitalisation constitue un des moyens de renflouer les caisses de l’Etat et contribue dans la lutte contre la fraude.
Cependant, il déplore le manque de ce qu’il appelle « le système national de l’intégrité consolidé », qui consiste à mobiliser toutes les forces vives de la nation, dont l’exécutif, le judiciaire, le législatif, les partis politiques de l’opposition. « Il y a une faiblesse notoire », observe-t-il, insistant sur le fait que les fraudes saisies sont plutôt dérisoires, alors qu’on laisse faire les gros fraudeurs. « On nous montre toujours des pagnes, des haricots…mais il y a des fraudes de camions remplis de sucre SOSUMO. Il y a des gens qui font la fraude des minerais ! », souligne-t-il. Pour Rufyiri, il faut d’abord frapper les gros poissons, si l’on veut obtenir un résultat significatif.
la fraude est l,un des cause de la pauvrete