C’est la nouvelle sur toutes les lèvres des communicants de Gitega. Un forum des investisseurs compte rassembler plus de mille hommes ou femmes d’affaires en provenance du monde entier. Opportun pour un Burundi qui veut à tout prix concrétiser sa vision vers l’émergence. Qu’en est-il du climat d’affaires censé attirer les investissements étrangers ?
Du 5 au 6 décembre 2024, au moins mille entrepreneurs sont attendus à Bujumbura pour la table ronde des partenaires au développement et des investisseurs privés. Avec la vision 2040-2060 en toile de fond, quoi de mieux qu’une armée d’entrepreneurs prêts à mettre la main à la poche pour investir au Burundi. Les préparatifs du forum occupent une place de choix dans les canaux officiels, tant les attentes sont grandes.
Malgré son ampleur, un tel événement n’est pas une première. Deux forums similaires ont déjà eu lieu. Le premier au mois de novembre 2021 suivi d’un autre au mois d’avril 2023. Les deux rencontres, qui avaient réuni l’essentiel de l’intelligentsia burundaise, ont le mérite d’avoir diagnostiqué le mal burundais et d’avoir proposé des recommandations saluées par plus d’un. Hélas, le quotidien du citoyen lambda est loin de s’être amélioré, tant le coût de la vie n’a cessé d’aller crescendo dans un contexte d’inflation et de pénuries sans précédent. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? La question mérite d’être posée.
Des forums oui, mais…
On le voit donc, depuis 2020, le Burundi, isolé de l’extérieur des suites de la crise de 2015, essaie de se rouvrir à l’international et de retrouver les partenariats perdus. Mais les résultats restent mitigés. En dépit des efforts consentis par le régime de Gitega, le fait est que la mayonnaise a du mal à prendre. Les investissements tant attendus arrivent au compte goutte. Et de l’avis de différents observateurs, ce n’est pas sans raison.
Gitega n’est pas encore réconcilié avec son passé, notamment le plus récent. A titre illustratif, si neuf ans nous séparent de 2015, la crise qu’il a vu naître n’est pas encore derrière nous. Ses effets restent suspendus comme une épée de Damoclès. Réagissant à l’incapacité de satisfaire certaines demandes de la part de l’exécutif, le Premier ministre l’a même reconnu dernièrement. C’est la crise de 2015 qui a fait fuir certains partenaires du Burundi. Ces derniers restent méfiants malgré l’élan de dialogue adopté par le locataire de Ntare House depuis les élections de 2020.
De surcroît, dans un contexte électoral qui est loin de faire l’unanimité, le climat politique n’est pas des plus apaisant. L’espace politique reste rétréci et les voix dissidentes sont à peine audibles dans un contexte d’intolérance politique. Sur le plan de la gouvernance, le pays est mal côté. Le dernier classement de l’indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique, qui place le Burundi à la 43è place sur 54, en est la preuve.
A l’issue de la première édition du Forum National de Développement, l’auteur de ces lignes regrettait l’absence du thème de la gouvernance politique dans les différents exposés. Après tout, l’économie est la fille de la politique. La suite lui a donné raison. Le pays est toujours enlisé dans une gouvernance politique et économique encore problématique.
Gitega a cruellement besoin d’investissements pour concrétiser sa vision. A la veille de la table ronde des partenaires au développement et des investisseurs privés, a-t-on appris des deux précédents forums sur le développement ? De la réponse à cette question dépendra le succès de l’événement.