Parmi les conséquences négatives d’une grossesse non désirée, il y a soit l’avortement, soit les unions forcées, soit l’abandon de l’enfant. Tombée enceinte durant sa scolarité, Lorie (pseudo), s’est résolue à cette dernière « solution ». Une décision qui lui a laissé des traces indélébiles.
« Qu’y a-t-il de plus beau ? Est-ce l’amour perdu ou l’amour trouvé ?
Je suis étrange et naïve quand il s’agit d’amour.
Ce doute me submerge et me ronge : trouver, perdre…
Autour de moi les gens ne cessent de désirer, ont-ils perdu ou trouvé ? Je ne saurais le dire
Une orpheline n’a aucun moyen de le savoir
C’est là l’origine de son étrangeté, de sa naïveté
C’est pourquoi depuis ce jour je n’ai cessé de me demander ce que tu étais devenue et où tu vis à présent
Et toi, brillante lueur de ma folle jeunesse, as-tu perdu ou as-tu trouvé ? Je ne le sais pas et je ne le saurai jamais
Je ne me souviens même plus de tes yeux ma fille et je n’ai aucune idée du nom que tu portes maintenant
Au bout du compte, nous n’avons pas le choix, nous devons toujours trouver
Et un jour, je remonterai la pente et retrouverai peut-être la joie d’aimer.»
Voici la dernière lettre que Lorie a rédigée dans la matinée pluvieuse de ce 8 janvier. Depuis huit ans, c’est le même rituel. Tandis que les autres se réveillent et commencent leur journée par une prière, Lorie écrit une missive destinée à la petite fille qu’elle a mise au monde mais qu’elle n’a pas voulu garder.
Une triste histoire
Aujourd’hui, la jeune femme a 35 ans. Il y a 10 ans, elle avait connu un garçon, un Camerounais, à l’école. Pour elle, c’était le prince charmant. « Nous étions heureux jusqu’à ce que je tombe enceinte et depuis ce temps-là, les points de vue ont divergé et rien n’était comme avant. Lui, il voulait qu’on garde l’enfant et moi je n’étais pas encore prête à assumer cette lourde responsabilité», confie la jeune femme.
Et pour quelles raisons ? « De un, je devais terminer mes études en bonne et due forme puisque j’étais étudiante-boursière. De deux, nous étions encore tous des étudiants dans un pays étranger(en Occident pour être plus précis). Et de trois, je ne savais pas ce que j’allais expliquer à mes parents une fois que je rentrais au Burundi avec un bébé dans mes bras au lieu d’un diplôme », se justifie-t-elle.
Lorsqu’elle a accouché, c’était la période des vacances et elle a dû laisser sa petite fille dans les bras de son père qui allait rentrer au Cameroun. « C’était la décision la plus difficile que j’ai prise de toute ma vie. Aujourd’hui ça va faire 8 ans que je n’ai pas de nouvelles du Cameroun et je me résigne à rédiger des lettres que je n’aurai même pas le courage d’envoyer», confesse-t-elle.
Un témoignage poignant. Grâce auquel j’ai pu comprendre par quelles affres passent les jeunes filles qui décident de se défaire de leur progéniture. Il faut beaucoup de sang froid pour une mère qui vient d’accoucher de laisser le bébé dans les mains de son père(ou sur le pas d’une porte) et prendre le large. Ce qui relance le sempiternel débat : faut-il dépénaliser l’avortement ?
Sinon, la société burundaise ne devrait-elle pas être plus encline à accepter ces erreurs de jeunesse, si les reprouver revient à condamner à l’enfer la jeune femme ?
A relire:
- À quand la dépénalisation de l’avortement ?
- Pénalisation de l’avortement en RDC : la vie des femmes mise en danger
- De l’importance de parler de la sexualité avec ses enfants
j’étais obligée suite à un divorce de laisser ma fille à ma mère, une catastrophe, je ne m’en remettrai jamais… car elle nous a quitté…