article comment count is: 1

Être l’enfant d’un enseignant, c’est dur… je vous jure !

C’est fini les grandes vacances pour les écoliers et élèves. Tous s’apprêtent à rejoindre le banc de l’école avec enthousiasme. Cas probable d’exception : les enfants dont les parents sont des enseignants. Tout est particulier chez eux. Découvrons-le à travers ce récit. 

Conseil gratuit ; commençons par ça : si, par chance, Dieu vous donne le choix de qui vous devez naître, ne choisissez pas un parent enseignant ! Surtout pas quand celui ou celle-ci enseigne à l’école où on sera inscrit, pire, dans votre classe. Au cas contraire, « Nta kundi ! » (Je ne peux plus rien pour vous. ndlr). Partageons la galère. 

Que les règles commencent ! Enfants d’enseignant ; non seulement, vous êtes obligé d’être irréprochable dans tout ce que vous faites en classe et dehors, mais aussi vous devez être l’exemple pour les autres élèves. Quand vous commettez une faute, c’est comme si le ciel vous tombait dessus. Un jour, j’ai eu à faire un mauvais numéro.  

J’étais en deuxième année primaire. Ma mère, c’était elle la maîtresse de notre classe. Elle m’a désignée en pleine pour lire ce qu’on appelle « imperekeranya » (deux consonnes qui se suivent). Le moment était déjà stressant, car, personne dans la classe ne maîtrisait vraiment ces trucs, tellement qu’ils étaient difficiles. Hélas ! Maman, plutôt madame la maîtresse, m’offre comme une libation. Malheureusement, au lieu de lire « mp », j’ai lu « m ». La fin du monde était proche (pour moi). 

Soudain, une crainte maladive de la punition s’est saisie de moi. A petits pas, madame s’est approchée de moi en me fixant d’un regard à percer un mur. Sa main s’est emparée de tout mon être. Un premier fouet impitoyable, un deuxième accompagné d’un « tu n’as pas droit à l’erreur ! » et un troisième comme si cela aussi devrait suivre le schéma de l’au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, le « bon » exemple était donné aux autres.

La meilleure note, à quel prix ?

Répétons-le, être l’enfant d’un enseignant, c’est contre-indiqué. Il y a une pression supplémentaire qui pèse sur vous. L’enfant de « Mwigisha » doit être performant plus que les autres en classe. Il doit être intelligent plus que tout le monde.  Et pour cause, je ne sais pas de qui nous devons cette croyance, mais bizarrement, tous les élèves voient en chaque enseignant le plus grand expert au monde dans sa matière. Cette croyance est une malédiction pour nous, enfants d’enseignants, je vous assure. 

Les autres pensent souvent que si un parent enseigne, l’imminente intelligence doit être transmis à ses enfants et qu’en plus, ses connaissances sont leur sont partagées en leur dispensant des cours à domicile. C’est pour cela qu’on s’attend à ce que l’enfant d’un enseignant doit idéalement être le premier de la classe, ou au minimum figurer parmi les cinq premiers. Et cela ne suffit pas. 

Il doit aussi, tenez bien, pouvoir expliquer les leçons à ses camarades après les cours. Le somum, c’est quand l’élève assis.e à côté de toi, en classe, s’attend à ce que tu comprennes plus et plus vite que lui.elle et lui réexpliquer des choses en plein cours. A ce sujet, je me rappelle qu’à l’époque, en 6ème année primaire, j’étudiais avec une amie, et c’était son père qui nous enseignait. Elle prenait le temps de nous expliquer les choses patiemment. C’est elle qui a appris à la majorité de la classe à résoudre les problèmes de QCM (questions à choix multiples). 

La bonne conduite, surtout ça

Réussir en classe seul ne suffit pas. Il faut être le plus ou maniéré de tout le monde. 

En classe, ces enfants doivent participer plus que les autres. S’ils osent donner une réponse incorrecte, après les réprimandes de maman/papa, c’est la honte devant les camarades de classe. Chez eux, la rapidité doit être une seconde nature, que ce soit pour effacer le tableau ou pour aider à la gestion de la classe (le délégué de classe). 

Paradoxalement à l’école, quoique les attentes soient aussi hautement pondérées, il n’y a pas de traitement de faveur adjuvent, « pas de sentiments », comme on dit. Ils sont traités comme tous les autres élèves, ce qui peut rendre leur expérience scolaire encore plus exigeante. Plutôt, le parent-enseignant est souvent très strict par rapport à son enfant que par rapport aux autres. 

Heureusement, le tableau n’est pas que noir

Il y a quand-même quelques avantages. Parfois, les élèves se chamaillent pendant la récréation et se battent. Quand vous êtes l’enfant d’un enseignant, il ne viendrait à l’idée d’aucun élève de taper sur vous. Tout le monde a peur d’« umwana wa mwigisha » (enfant d’enseignant). L’autre avantage, c’est quand maman/papa subit la même pression que vous et qu’en revanche, elle/il vous fait bénéficier des révisions assistées de vos matières. 

Je parlais d’enfants dont l’un ou les deux parents sont des enseignants ? Il existe plus haut comme niveau. Un cas de force majeur, ce que les chimistes appellent dans leurs termes « entropie » (niveau le plus élevé de désordre dans un système ; c’est quand maman est enseignante et papa est militaire. Comme c’est le cas de l’auteure de ces lignes. Je vous épargne des détails.

PS : restons focus, l’essentiel reste de toujours encourager chaque enfant à donner le meilleur de lui-même, indépendamment de la profession de ses parents. Pas de place aux esprits tarés !  

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (1)