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Démolitions des constructions illégales : les locataires en font les frais

Le 1er septembre 2021 est la date limite pour les propriétaires de toutes les maisons et kiosques érigés anarchiquement en mairie de Bujumbura. La plupart était des annexes en kiosques ou des petites boutiques qu’on louait.  Les propriétaires cherchent par tous les moyens à compenser les pertes liées à leur destruction. Et ce sont les locataires qui portent le fardeau.

 « Il (propriétaire de la parcelle) vient de porter le loyer à 250mille BIF alors qu’on payait 200 mille BIF. Soit une augmentation de 50 mille BIF d’un coup. Et ce, sans aucun consensus, sans aucun travail de rénovation fait sur la maison. C’est vraiment injuste », se lamente Edouard, un locataire de Nyakabiga, en commune Mukaza. Il ajoute que cela vient s’ajouter à la facture de l’eau et de l’électricité.  « Il ne nous a donné aucune explication, aucune justification. Nous avons vu seulement des lettres tomber », déplore-t-il. 

Ce que raconte Edouard n’est pas un cas isolé. La situation semble se généraliser. Augmentation arbitraire du loyer, fin de contrat de location, dans certains quartiers de Bujumbura, les propriétaires, touchés par la mesure de démolition, cherchent par tous les moyens à compenser les frais. Alphonse est un autre locataire, de la zone Bwiza, dans la même commune de Mukaza. « C’est vraiment très difficile. Ça fait la troisième fois qu’il fait monter le prix du loyer en moins de trois ans. C’était juste hier que j’ai reçu le message me signifiant qu’il vient de majorer de 100 mille BIF mon loyer. Il n’a donné aucun détail, aucun motif », s’insurge Alphonse. Il ajoute que cela concerne tous les locataires de la parcelle.

Pour lui, la seule justification est du fait qu’on vient de démolir deux kiosques érigés sur un caniveau. « Et voilà, c’est nous qui sommes en train de faire les frais de cette mesure du gouvernement de démolir toutes les constructions anarchiques », commente-t-il.

Protéger les locataires

Très remontés, les deux messieurs demandent l’intervention du gouvernement pour protéger leurs droits. Un message adressé spécialement au ministre de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique : « De grâce, il faut penser à protéger les locataires. La colère des propriétaires est en train de se rabattre sur nous. Il faut qu’on suive de près cette situation. Car, les propriétaires des maisons détruites sont en train de bafouer les droits des locataires », supplient-ils. 

Une idée que soutient un juriste qui estime qu’il devrait y avoir une loi qui régit les loyers. S’exprimant sous anonymat, il propose une catégorisation des quartiers selon les types de maison. « Il reviendrait à l’Etat de fixer les prix. Ce qui faciliterait même la tâche à ceux qui sont chargés de recouvrement des impôts fonciers ou d’autres taxes », analyse-t-il. Sinon, il craint qu’avec la démolition des constructions illégales, les propriétaires des parcelles peuvent chercher à se « venger ».

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