L’or noir n’a jamais aussi bien porté son nom. Il est devenu introuvable, sauf pour les chanceux et les nantis. Entre les déclarations sans effet des officiels et le silence des pétroliers, le blogueur Apollinaire Nkurunziza s’interroge sur les tenants et les aboutissants de cette situation, qui en sont les responsables, et ce qu’il faudrait faire.
Depuis le début de la crise socio-politique que traverse notre pays, l’approvisionnement en carburant a suivi le rythme de la dégradation de la situation sécuritaire. Les manifestations, qui ont paralysé la plupart des activités dans la capitale Bujumbura, ont également impacté les commerçants qui ne pouvaient plus faire leurs transactions librement.
Mais, petit à petit, le pays est entré dans une période d’accalmie où la circulation des personnes et des biens est revenue presque à la normale. Cependant, l’accès au carburant n’a pas suivi la tendance. Depuis bientôt plus d’une année, les consommateurs patientent de longues heures aux stations-services à la recherche de l’or noir, qui visiblement reste encore quasi introuvable.
La part du gouvernement
« Le carburant n’est pas comme le haricot, la banane, bref un produit à commercialiser dans les boutiques. C’est un produit sensible qui nécessite un traitement spécifique. Lorsqu’il y a une mauvaise gestion de ce produit, les activités dans le pays sont paralysées », avait déclaré Come Manirakiza, le ministre le ministre de l’énergie et des mines . On est tous d’accord avec lui. Le prix de ce produit devrait être minutieusement encadré car il affecte celui des denrées alimentaires et impacte les autres activités économiques des Burundais.
Depuis le mois de mai 2016, son ministère dit plancher sur la question, mais les résultats ne se matérialisent pas. Les déclarations télévisées et/ ou radiodiffusées se sont succédées pour annoncer que les stocks de carburant étaient suffisants. Alors ou est-il ce carburant ? D’après certains, il y aurait des gestionnaires de stations-services qui cachent le carburant pour attendre la hausse du prix au litre pour l’écouler.
Que faire ?
Des mesures pour juguler ce manque de carburant semblaient avoir été prises telle que l’annulation des agréments de certaines sociétés importatrices de carburant accusées de « spéculation et de sabotage économique ». Mais les résultats attendus n’ont duré que le temps de la rosée.
À titre d’exemple, dans la province de Ngozi, il y a six stations-services dites opérationnelles. Cependant, chaque jour, des chaines interminables de véhicules à l’arrêt attendent pour faire le plein. Conséquence de cette carence, les fraudeurs de carburant sortent bidons à la main, à la rencontre des clients. Ces derniers n’ont d’autres choix que d’accepter ces prix exorbitants, afin de mettre leurs engins en marche.
Cette pénurie entraînant une flambée des prix, plusieurs questions se posent. Comment les fraudeurs trouvent-ils le carburant alors que les stations-services sont vides ? Y aurait-il complicité entre les propriétaires des stations et les fraudeurs ? Le gouvernement devrait-il adopter des mesures beaucoup plus restrictives pour éradiquer cette fraude, dont les conséquences retombent sur le petit peuple ?